À Nyons (26), la réut’ est repoussée mais ouvre d’autres pistes
Régulièrement soumise en été à des arrêtés sécheresse qui interdisent certains usages pour l’eau, la commune de Nyons multiplie les pistes pour limiter les prélèvements dans le milieu naturel et trouver des alternatives.
Elle a ainsi lancé une étude pour juger de l’opportunité de réutiliser les eaux usées traitées en sortie de station d’épuration. Séduisante, la solution n’est toutefois pas pertinente pour la commune, qui a donc abandonné cette piste.
L’étude a toutefois permis de lister les usages et les besoins et d’envisager de nouveaux moyens d’y répondre.




Entretien avec Olivier Morin, chargé de mission au sein du bureau d’études de la ville de Nyons

Ce projet est présenté par :
- Olivier Morin, chargé de mission au sein du bureau d’études de la ville de Nyons
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le projet s’est‐il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
L’idée est née en début de mandat 2020.
La ressource disponible nous suffit de manière générale, mais en période de sécheresse, il nous est arrivé d’être sous le coup d’arrêtés de sécheresse assez stricts. Nous sommes alors restreints pour certains usages. Par ailleurs, pour certains usages comme l’arrosage du stade, des espaces verts, le nettoyage de la voirie, le recours à de l’eau potable n’est pas nécessaire. L’eau issue de la REUT pourrait également convenir pour arroser de jeunes arbres. Nous venons d’ailleurs d’en planter un certain nombre sur la commune : que ce soit pour apporter davantage d’ombre, ou bien dans le cadre du nouveau jardin public que nous avons aménagé en centre-ville. Nous devons aussi renouveler des arbres vieillissants.
Enfin, nous voulons anticiper l’avenir, et limiter les prélèvements dans le milieu. En regard de ces besoins, nous avons une station d’épuration, réalisée il y a une dizaine d’années. Bien dimensionnée, elle affiche de bonnes performances : la qualité de l’eau en sortie est bonne, selon les analyses. L’idée de réutiliser l’eau en sortie de station d’épuration est donc venue de la combinaison de tous ces éléments.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
C’est notre délégataire pour l’eau potable, Véolia, qui nous a indiqué que cette solution pouvait être intéressante. Nous avons alors fait appel à un bureau d’études spécialisé sur cette question. Il existe peut-être davantage de cas pratiques aujourd’hui, mais à l’époque il était difficile de trouver des exemples de ce type de réalisation par des collectivités territoriales.
Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous n’avons pas commandé d’étude de faisabilité, mais le bureau d’études nous a soumis 4 scénarios de réutilisation. Les deux premiers proposaient des usages d’irrigation, ce qui est particulièrement adapté pour de la REUT, car l’eau, même en sortie de station, est encore un peu riche. C’est intéressant pour les cultures, car cela agit comme un amendement naturel. Mais les parcelles qui auraient été irrigables par ce système ne sont pas sur la commune, cela sort donc de notre périmètre d’action. Les deux autres solutions présentaient un rapport investissement / performances d’économies d’eau peu intéressant. Le quatrième scénario correspondait mieux à nos besoins, c’est-à-dire pour les usages pour lesquels il n’est pas justifié d’avoir recours à de l’eau potable. Mais il n’offrait une perspective d’économie d’eau que de 250 m3 par an. Tout en requérant davantage d’études et d’investissements pour confirmer la faisabilité. Les investissements et la lourdeur des travaux ne sont pas justifiés en regard de l’économie espérée. La commune va mettre en place d’autres solutions.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
Nous avons externalisé la réponse à ces besoins, en faisant appel à un bureau d’études. J’ai moi-même suivi une formation, mais la réglementation a beaucoup changé dernièrement et les formations n’ont pas toujours eu le temps de s’adapter. Enfin, même si l’étude est externalisée, le suivi de ce type de dossier demande de dégager du temps. Comme nous ne sommes pas allés plus loin que l’étude d’opportunité, nous n’avons pas abordé la question du suivi et de l’entretien des infrastructures développées pour la réutilisation des eaux en sortie de station. Mais c’est un point à prendre en compte.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
C’est un projet auquel tous les élus ont adhéré sans hésiter. C’est un peu le sens des choses, nous sommes tous conscients de la raréfaction de la ressource. Nous n’avons pas communiqué auprès des citoyens, mais il y aurait eu de fortes chances que ce projet soit bien accepté.
Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
L’étude a coûté un peu moins de 40 000 euros. L’agence de l’eau a pris en charge la moitié du coût de l’étude, la ville de Nyons en a assumé l’autre moitié.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Véolia nous a beaucoup encouragés, cette option qui est encore peu développée l’intéresse, tout comme l’agence de l’eau. La Direction départementale des territoires et l’Agence régionale de santé (ARS) ont été associées dès le début à toutes nos démarches réglementaires.
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Le projet en détails
Dates clés
2021
2022
Chiffres clés
4
1 400
40 000
À retenir
La réutilisation des eaux en sortie de traitement est bien adaptée pour les gros volumes.
C’est un usage intéressant pour l’irrigation, car l’eau est adaptée à cet usage, comme elle est déjà chargée, elle vient nourrir les cultures.
La réglementation est très compliquée. C’est certainement justifié, mais cela rend les projets quasiment impossibles pour les petites communes.
Ressources
Des projets pour réutiliser les eaux usées traitées dans les stations d’épuration de Valence, Allex et Nyons
Des projets sont en cours pour réutiliser les eaux usées traitées dans les stations d'épuration de Valence, Allex et Nyons, afin de préserver les ressources en eau face aux sécheresses fréquentes. Ces initiatives visent à utiliser ces eaux pour des usages non potables, tels que l'irrigation agricole ou l'arrosage d'espaces verts, tout en garantissant la sécurité sanitaire et l'acceptabilité publique.
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes

La Direction départementale des territoires

VEOLIA
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