Construction d’une station d’épuration à Pont-Audemer Val de Risle (27)
Fusion de plusieurs collectivités, la Communauté de communes de Pont-Audemer Val de Risle a entrepris la construction d’une nouvelle station d’épuration afin de mettre à jour son système d’assainissement.
Un site unique a été choisi à partir de l’emplacement d’une ancienne station devenue obsolète. Pour ce projet unique, la Communauté de communes a choisi de valoriser le site situé sur un îlot de la vallée de la Risle, en y annexant un parcours pédagogique.
Le chantier évalué à 12 M d’euros a été financé par l’Agence de l’eau à 60%.




Entretien avec Philippe Marie et Maxime Tavernier

Ce projet est présenté par :
- Philippe Marie, vice-président chargé du cycle de l’eau, du développement durable et de la mobilité sur la Communauté de commune de Pont Audemer Val de Risle ( développement durable mobilité)
- Maxime Tavernier, technicien assainissement
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda de la Communauté de communes de Pont-Audemer Val de Risle ?
Philippe Marie : Suite à la fusion de Pont-Audemer et Val de Risle en une Communauté de communes en 2017, nous avons constaté un mauvais état de l’assainissement. Les communes de la CC Val de Risle qui avaient gardé la compétence assainissement étaient mise en demeure depuis plusieurs années au sujet de l’assainissement, cette mise en demeure a donc été transférée à la CC. Sur le secteur Val de Risle, nous avions donc une multiplicité de systèmes d’assainissement vétuste ou incomplets, voire inexistants, c’était un point noir du département. Avec une assiette de redevance plutôt faible, faire porter de si gros travaux était impossible aux communes, mais la fusion a rebattu les cartes.
Maxime Tavernier : Les études ont commencé en 2018-2019 avec un schéma directeur complet, intégrant un état des lieux, et l’ensemble des études faites par le passé. Ce document dessinait ainsi plusieurs scénarios qui ont été proposés aux élus. Un site unique a été choisi, sur le modèle de ce qui existait déjà du côté de Pont-Audemer. D’abord, pour des raisons foncières : il n’est pas évident de trouver des terrains adaptés à la construction de sites de traitement. De plus, cela permet de mutualiser les infrastructures et d’avoir une station plus conséquente. Les transferts d’effluents relativement longs ont été une contrainte technique à appréhender
Est venu ensuite s’ajouter le contexte Covid, et un plan de relance de l’Agence de l’eau qui nous a mis à marche forcée en termes de maîtrise d’œuvre. Il fallait qu’on notifie les marchés travaux avant le 31 décembre 2022.
La remise à niveau de l’assainissement impliquait aussi d’effectuer des travaux sur le réseau d’eaux usées, travaux en grande partie terminés en cette fin 2024, et le seront au premier trimestre 2025. Pour la station, le basculement est prévu pour le 20 janvier 2025. Nous démolirons ensuite l’ancienne, puis les eaux usées des communes qui n’avaient pas de sites vont pouvoir être transférées.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour mener cette étude de ce projet ?
Maxime Tavernier : Nous nous sommes inspirés des travaux qui avaient été faits sur Pont-Audemer 10 ans auparavant. Avant 2006, il y avait sur Pont-Audemer plusieurs petits sites d’assainissement, devenus vétustes et que les élus avaient choisi à l’époque de centraliser sur un site unique. Nous avons fait quelque chose de similaire, mais avec un rapport différent en terme de taille. Avec Val de Risle, nous étions sur un territoire moins dense mais plus étendu que sur Pont-Audemer. Cela a soulevé de nombreuses interrogations, notamment pour une commune située un peu à l’écart géographiquement, avec un transfert par refoulement sur 5 km. Cela a généré des contraintes techniques pour lesquelles nous sommes allés voir du côté de Rouen ce qui se faisait. Nous nous sommes aussi beaucoup appuyé sur notre maître d’œuvre qui a su proposer des solutions.
Philippe Marie : Côté études, nous nous sommes surtout appuyés sur notre service et sur l’avis de nos techniciens pour choisir le modèle. Nous avons été très pragmatiques. Plutôt qu’innover et aller vers un modèle de station sur lequel nous n’aurions pas eu prise, nous avons choisi un modèle sur lequel nous avons les compétences pour intervenir nous-même en cas de besoin en urgence.
Notre service est en régie totale sur la compétence d’assainissement. Les stations ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ans, cela nécessite de changer la constitution de nos équipes et les compétences, nous sommes plutôt autonomes sur ce type de sujets.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée ?
Maxime Tavernier : Ces travaux sont la résultante d’un schéma directeur qui s’est déroulé en 4 phases en 2019 et 2020. D’abord, un état des lieux intégrant les anciennes études, ensuite l’enquête terrain avec beaucoup de contact avec la population. Puis l’identification des anomalies pour localiser les infiltrations, les contraintes d’entretien et enfin l’élaboration d’un PPTAC. Le lancement du schéma directeur est intervenu rapidement après la fusion qui nous a permis d’avoir un programme de travaux financé.
Philippe Marie : Nous avons une grosse contrainte sur ce site, où il y avait déjà une station en fonctionnement et qui devait le rester pendant les travaux, mais aussi car le site est un îlot, donc entouré d’eau. Cela apporte beaucoup de grosses contraintes techniques, avec un périmètre d’inconstructibilité, et une prise en compte du niveau d’eau, sur un très beau site en terme de paysage que nous avions à cœur de ne pas abîmer et de valoriser. Nous avons opté pour un compromis entre une station très enterrée, mais soumise à d’importantes contraintes techniques liées au niveau de la nappe phréatique, et une station surélevée, plus visible mais moins harmonieuse dans le paysage. Auparavant, cette « île » était bloquée pour l’ancienne station dans son intégralité, le choix a été fait de l’ouvrir avec un parcours pédagogique qui termine sur un grand promontoire avec une vue sur la vallée de la Risle. Par deux reprises, toutes les classes 5ème du collège voisin ont pu faire des visites de la station.
Maxime Tavernier : La station a l’avantage d’être bien située en termes de topographie pour aller chercher les effluents des communes alentours. Il y a le collège voisin avec lequel nous avons choisi de travailler et nous avons pour projet de créer un sentier pédagogique pour faire de cette île un support pédagogique pour les habitants et d’expliquer, entre autres, le fonctionnement de la station. Nous voulons continuer à réaliser des visites de la station, pour transmettre à la jeune génération l’importance de la préservation de notre environnement.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
Philippe Marie : Il faut bien s’organiser pour ne pas se retrouver devant un mur de financement qui ne serait pas possible d’assumer. De notre côté les hausses sont bien passées, car la trajectoire a été annoncée à l’avance. Nous avons lissé sur 5 ans le prix de l’eau. Le but était d’avoir la fin des travaux qui coïncide avec le taux cible. En 2025, nous serons à 3 euros du m3 l’eau assainie pour tout le territoire de la CCPAVR, nous allons commencer le remboursement de notre prêt, mais cela étant anticipé il n’y a eu aucun surcoût non prévu. En deux ans, nous arrivons à une réalisation de travaux importante avec un calendrier bien tenu tout en ayant des exigences de qualité sur les matériaux avec par exemple des réseaux en grès. Pour les entreprises, cela était aussi une aubaine car c’était une période creuse pour eux, et cela a permis aussi à ces grosses entreprises d’avoir du travail a ce moment-là.
Maxime Tavernier : Beaucoup de choses avaient été anticipées sur la partie réseau comme sur la station en phase études.
Pour la partie concertation avec les commerçants, sur des travaux de canalisation, nous avons adapté notre planning à leur volonté. A l’origine nous avions imaginé faire cela en août, car cela aurait été moins impactant pour le transport scolaire; mais les commerçants nous ont demandé de décaler en octobre pour pouvoir continuer à exercer leur activité pendant ce pic touristique. Nous nous sommes adaptés en lien avec les services du Département et de la Région pour la question du transport scolaire.
Sur l’aspect technique, comme nous étions déjà en régie sur le secteur de Pont-Audemer, nous avions nos habitudes et nos connaissances qui nous ont permis de faire des choix, avec l’appui de notre MOe.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Maxime Tavernier : Une partie du territoire allait bénéficier d’installations neuves et avait pourtant le prix le plus bas. Il fallait une acceptation globale, sachant que nous sommes un des meilleurs tarifs du département au m3 d’eau assaini. La communication est beaucoup passée par les élus locaux au travers notamment des commissions et des réunions préparatoires. Sur la partie travaux nous avons eu peu de retour négatifs. Les habitants savaient depuis longtemps la nécessité des travaux et l’impact de ceux-ci.
Philippe Marie : C’est un changement de mentalité qui s’est opéré au cours des années, les personnes sont contentes de ne plus rejeter directement dans une zone naturelle.
Sur la communication, au stade des études, les usagers ont été très sollicités, avec des visites domiciliaires avec de l’explication sur notre démarche et sa finalité. Nous avons fait une réunion publique sur un secteur, pour évoquer les travaux sur les réseaux et notamment l’aspect pratique avec le déroulement des travaux. Nous avons pu expliquer également aux commerçants comme aux propriétaires la valeur ajoutée à leur bien grâce à ces travaux : une partie de notre territoire était inconstructible à cause des problèmes d’assainissement. Grâce à ces travaux qui handicapent les ventes, nous leur rendons leur bien valorisé.
Comment le syndicat a-t-il financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
C’est un chantier à 12 M € financé principalement par l’Agence de l’eau à peu près 60% (8,1 M €), la Communauté de communes via un Aqua Prêt de 2,1M € souscrit auprès de la Banque des Territoires, et le Département de l’Eure (1,5 M€).
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous avons été accompagnés par l’AMO Cad’En ; la maîtrise d’œuvre a été assurée par Verdi pour la station et Verdi et viamap pour les réseaux. Le tout suivi et soutenu pendant tout ce temps par la DDTM, l’agence de l’Eau et le département.
Ce projet est arrivé à la fin du programme du département, c’est aussi pourquoi nous avions un timing à respecter. Il s’agissait du dernier programme d’accompagnement financier du département, qui accompagne maintenant les collectivités d’un point de vue technique. C’est une chance pour nos habitants d’en avoir bénéficié. Notre défi pour l’avenir est maintenant de maintenir en bon état ces installations.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
01/01/2017
2019
21/12/2020
2023
Chiffres clés
3 350
2 320
1 768
Résultats
Sur les différents endroits où nous avons fait des travaux de réseau, il y a eu beaucoup de discussions avec les services du Département et les différents concessionnaires. Dans la mesure de ce qui était possible, nous avons tenté d'adapter (anticiper, ajuster ou retarder) pour s’articuler avec d’autres projets tels que le remplacement de tronçons de canalisations d’eau potable, des aménagements de sécurité l’aménagement d’une voie douce : nous avons adapté certains tracés pour que nous ne soyons pas gênés d’une part et d’autres.
À retenir
Le premier point c’est l’amélioration nette de nos systèmes d’assainissement et la suppression de nombreux problèmes, avec un vrai système performant
L’aspect invasif des travaux sur le domaine public, avec la reprise de nombreux réseaux EU dans des secteurs parfois denses avec peu de possibilité de déviation, ce qui a nécessité beaucoup de dialogue avec les acteurs locaux
Ressources
Département de l'Eure - En 2024, la station d’épuration de Montfort ne polluera plus la Risle
D’ici quelques semaines, les travaux pour reconstruire la station d’épuration de Montfort-sur-Risle commenceront. Ce chantier de grande envergure, en partie financé par le Département, vise à protéger la ressource en eau.
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Seine Normandie

Banque des Territoires

Département de l'Eure

DDTM
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur la Communauté de communes Pont-Audemer Val de Risle
communes regroupées
habitants
Données de contact
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