Dans les Hautes Alpes (05), de multiples défis face aux dégâts des intempéries accentuées par le changement climatique
Les 17 communes de la Communauté de Communes Serre-Ponçon (05) ont été, en décembre 2023, très impactées par un phénomène météorologique soudain entrainant des dommages très divers sur le territoire, comme des glissements de terrain, des inondations, des éboulements et des torrents devenus incontrôlables, charriant des quantités de matériaux inhabituels, endommageant les digues et les voies de communication.
Cette crise met en lumière la vulnérabilité accrue et multiple des territoires de montagne face à des cumuls de précipitations exponentiels, aggravés par le changement climatique. Une problématique alourdie par le fait que les moyens sont plus limités dans une région où la densité de population est moindre.
Pour y faire face, l’intercommunalité mène une réflexion différente quant à son développement en intégrant dans son schéma de cohérence territorial (SCOT) la prise en compte de ce risque, avec notamment le choix de la densification urbaine dans des zones à faibles aléas. Sur le volet de la prévention, la formation des agents et des élus avec des exercices de gestion de crise a également été initiée, tout comme le recueil et la formalisation d’un savoir ancestral avec le recensement des canaux historiques irriguant les zones agricoles.





Entretien avec Sylviane Grimaldi Piroux, membre de la commission GEMAPI à la Communauté de communes Serre-Ponçon

Ce projet est présenté par :
- Sylviane Grimaldi Piroux, conseillère municipale et membre de la commission GEMAPI à la Communauté de communes Serre-Ponçon
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment cette urgence d’intempérie s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?
Nous avons rencontré à l’automne 2023 la conjonction de trois phénomènes particuliers à l’échelle de notre micro-région. À l’issue d’un automne particulièrement pluvieux, avec des précipitations tombées en continu plusieurs semaines d’affilée, nous avons connu un redoux qui a contribué à faire fondre les premières neiges tombées sur les sommets. Aux alentours du 2/3 décembre, MétéoFrance a émis un bulletin d’alerte orange pour notre territoire avec l’arrivée d’une dépression, synonyme à nouveau de cumuls de précipitations importants sur un temps très court. La conjonction de tous ces phénomènes a provoqué de multiples conséquences en cascade : grossissement soudain des cours d’eau et affouillement de certaines berges, instabilité totale du sol à plusieurs endroits du territoire, glissements de terrain… Les dégâts qui ont été constatés étaient multiples et surtout très diversifiés sur l’ensemble de nos 17 communes. A titre d’exemple, le torrent de Boscodon charrie en moyenne 25 000 m3 de matériaux par an. Lors des crues, le volume transporté par les laves torrentielles a pu atteindre plus de 100 000 m3.
Quelles sont les premières et les principales décisions que vous avez prises pour faire face à cette urgence ?
Nous avons dès le départ de cette crise travaillé en concertation avec l’organisme en charge de la restauration des terrains de montagne (RTM), dépendant de l’ONF et créé au milieu du XIXe siècle en France pour reboiser les flancs de montagne victimes de l’érosion. Étant très présents sur le terrain, ils ont rapidement disposé de données précises de la situation. Des érosions sur les berges de certains cours d’eau ont été constatés donc certaines menaçaient directement la stabilité des habitations et de certaines entreprises, des éboulements ont coupé certains villages d’altitude comme le hameau des Gourniers à Réallon coupé du monde pendant 10 jours. Dans certains hameaux, et notamment à Baratier, des cours d’eau intempestifs ont été déviés dans l’urgence pour éviter que des flots d’eau ne traversent et inondent le village et ne ferment l’accès unique à la station des Orres qui démarrait juste la saison… À la suite de l’épisode, les nombreux dommages constatés nécessitaient des travaux très divers avec des compétences spécifiques. La présidente de l’intercommunalité et maire d’Embrun Chantal Eymoud aidée des services de l’État (Préfecture, Office Français de la Biodiversité et la police de l’eau..) a donc décidé de concentrer dans un premier temps les moyens sur les dommages qui représentaient un risque important. Cela a notamment été le cas avec le torrent de Bramafan qui a connu sa plus forte crue depuis 1856. La crue a elle-même longé les bassins de la Régie SMICTOM (pour Service Mutualisé Intercommunal de Collecte et Traitement des Ordures Ménagères). Ce service de l’intercommunalité stocke sur ce site du lixiviat (eau polluée issue de l’enfouissement des déchets). Pour éviter une pollution grave nous avons du conforter en urgence le talus de ce torrent et ainsi éviter un glissement de terrain sous les bassins.
Comment la collectivité a-t-elle communiqué auprès de ses administrés ?
Dans l’urgence, nous avons communiqué directement sur place, avec les populations concernées via en particulier les maires et élus des communes concernées, mais aussi par l’intermédiaire de notre page Facebook, puis dans un second temps via notre journal intercommunal. A distance de l’événement, nous réalisons que c’est peut être un point à améliorer à l’avenir.
La collectivité a-t-elle sollicité des aides pour faire face à cette urgence ? Et si oui, quelles sont celles obtenues et auprès de qui ?
Les services de l’État nous ont aidés immédiatement dans une démarche de solidarité, puis nous avons été soutenus également par le Département et la Région pour les ouvrages qui dépendaient d’eux. Dans un second temps, pour pouvoir mettre en œuvre les travaux définitifs sur certains ouvrages, nous avons patiemment sollicité près de 25 financements, dont le Fonds vert. Certains financements ont été obtenus très récemment, en décembre 2024, soit un an après l’épisode, d’autres sont encore en instruction et pour faire face, nous avons contracté des prêts relais. L’enveloppe globale pour les travaux définitifs liés à cet épisode s’élève à 5,2 millions d’euros et ce, à la fois pour les ouvrages dépendant de l’intercommunalité, comme ceux dépendant des communes impactées. Avec un budget annuel de fonctionnement de l’intercommunalité qui s’élève à 12 millions d’euros, autant vous dire que cela pèse lourd. Heureusement, au final, près de 80% des travaux seront financés. Mais cette expérience nous a également montré que nous aurions énormément à gagner d’un guichet unique afin de nous accompagner sur les phases d’ingénierie financière et technique, et ainsi, probablement gagner un temps précieux pour instruire toutes ces demandes d’aides.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la collectivité dans l’urgence ?
Majoritairement l’organisme en charge de la Restauration des Terrains de Montagne (RTM), accompagné de la police de l’eau, la Direction Départementale des Territoires (DDT) et l’Office Français de la Biodiversité. Au moment de cette crise, nous avons d’ailleurs mis en place très simplement plusieurs groupes d’échanges Whatsapp avec tous les représentants de ces organismes. Cela s’est avéré très fructueux et a notoirement fluidifié les échanges et les prises de décisions. Certains de ces groupes sont d’ailleurs encore actifs lorsque c’est nécessaire.
Quels conseils donneriez vous à un élu qui serait confronté à la même problématique ?
Tout d’abord je pense qu’il est très important de disposer d’un annuaire à jour de tous les contacts au sein des organismes cités plus haut. En plein milieu d’une crise, cela est très aidant. Ensuite, je pense que le fait que notre intercommunalité ait contractualisé ces dernières années avec l’État une Stratégie territoriale pour la Prévention des Risques en montagne (StePRiM) a contribué à bien sensibiliser les agents et élus de l’intercommunalité sur les risques auxquels nous sommes exposés vis à vis du changement climatique, entre autres. Dans ce cadre, les exercices de gestion de crise sont à multiplier car cela reste le meilleur moyen de s’entrainer. Enfin, la création d’un Plan Communal et Intercommunal de Sauvegarde (PCS et PICS) permet de définir les contours de la compétence des territoires et des organismes face à une crise et ainsi de définir les responsabilités et rôles de chacun. Autrement dit, c’est une répartition de la solidarité.
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Le projet en détails
Dates clés
Décembre 2023
Décembre 2024
Chiffres clés
40
60 000
12,5 à 500
À retenir
Près de 80% des travaux seront financés
La sollicitation de financements extérieurs parfois complexes et longs à obtenir
Ressources
Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT)
Dès janvier 2022, les élus de la communauté de communes de Serre-Ponçon ont souhaité s’engager dans l’élaboration de leur Schéma de Cohérence Territoriale. Ce document de planification portera la stratégie d’aménagement et de développement du territoire à 20 ans.
Les partenaires de ce projet

ONF

Fonds vert

Restauration des Terrains de Montagne

Direction Départementale des Territoires

Office Français de la Biodiversité
En savoir plus sur la Communauté de Communes Serre-Ponçon
habitants
communes membres
Données de contact
- Communauté de communes Serre-Ponçon, 6 Impasse de l'Observatoire, 05200 Embrun
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