Diviser par dix le chlorure de vinyle en accélérant le débit de l’eau (18)
En raison d’un taux élevé de chlorure de vinyle monomère (CVM) dans les canalisations, une trentaine d’habitations autour de Graçay et Saint-Outrille, au nord-ouest de Bourges, devaient s’approvisionner en eau minérale. Le syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable et d’assainissement (SIAEPA) a mis au point une solution originale en reliant entre elles les extrémités de réseaux pour accélérer la circulation de l’eau et réduire la teneur en CVM dessous de la limite de consommation humaine de 0,5 microgramme/ litre. L’eau est redevenue potable, ne nécessitant plus la livraison de bouteilles à certains habitants.
Entretien avec Adrien Baert, conseiller municipal de la commune de Graçay
Le projet est présenté par :
- Adrien Baert, conseiller municipal de la commune de Gracay, a pris en 2020 la présidence Syndicat Intercommunal d’Adduction d’Eau Potable et d’Assainissement (SIAEPA) de Graçay, Saint-Outrille, Nohant-en-Graçay et Genouilly.
Adrien Baert
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la qualité de l’eau s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
En prenant la présidence du SIAEPA en 2020, j’ai constaté une situation qui n’était pas tenable dans la durée. En raison d’un taux de 3,5 microgrammes par litre de CVM relevé dans les canalisations, pour une norme à 0,50 mgr/l, 32 habitations desservies par le syndicat devaient utiliser de l’eau en bouteille pour la consommation, depuis 2014. Le coût était pris en charge par le syndicat et représentait une dépense supplémentaire de 5 000 euros par an.
Qui plus est, afin d’éviter que l’eau stagne dans les canalisations, des purges automatiques avaient été placées en bout de ligne, entrainant des pertes de 21 000 mètres cubes par an, sans pour autant améliorer la qualité de l’eau. Nous avons donc décidé d’engager une étude afin de trouver des solutions pour remédier à cet état de fait. La solution, qui constitue une première en France, a consisté à raccorder entre eux trois réseaux desservant des extrémités de ligne de façon à accélérer la circulation de l’eau avec un débit plus important.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Ce qui inspire la raison d’être de notre syndicat réside dans un principe simple : fournir à chaque habitant, quelque soit l’endroit où il habite, une eau potable de qualité.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous avons travaillé avec la SAUR, notre délégataire de service public pour la livraison de l’eau potable dont le contrat a été renouvelé en 2021. Une étude patrimoniale de notre réseau a été réalisée par le cabinet Merlin, d’Orléans. Des prélèvements ont été effectués au départ par l’Agence Régionale de Santé puis par le délégataire.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Le sujet de la production des CVM nécessite d’acquérir des connaissances approfondies pour bien maîtriser les échanges avec les cabinets spécialisés et les prestataires techniques.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
C’est le besoin pour une eau de meilleure qualité qui a engendré le positionnement de notre projet. Après avoir localisé les zones d’intervention, des réunions publiques ont été organisées pour exposer le problème et les travaux prévus. Nous tenons au moins une réunion d’information par an. L’incidence du coût des travaux sur la tarification, avec une augmentation de 5 centimes du mètre cube, a été expliquée et acceptée.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le budget total de réduction des CVM a représenté une somme de 350 000 € :
- 50% par la Dotation d’Equipement des Territoires Ruraux
- 20% par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne
- 20% par la Banque des Territoires
- 10% en autofinancement.
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Le projet en détails
Dates clés
Décembre 2020
Août 2020
Février 2021
Octobre 2021
Chiffres clés
-90%
1,2
0,05
Résultats
- Arrêt de la distribution d’eau en bouteille pour 70% des hameaux, 30% ne pouvant bénéficier de l’aménagement pour des raisons de coûts
- Réduction très forte des polluants : passage de à 3,5 mgr/l à 0,35 mgr/l
À retenir
Mise en place d’une solution innovante et efficace
Acceptation de l'augmentation de la tarification de l'eau par la population
L’augmentation du coût des matériaux et la révision des tarifs qui ne peut pas être subventionnée