Dans l’estuaire de la Vie (85), la nouvelle STEP maîtrise ses impacts environnementaux
Depuis 2023, 4 communes des 14 communes du Pays de Saint Gilles Croix de Vie (Vendée) sont équipées d’une station d’épuration de nouvelle génération pour leur assainissement. Sur ce territoire littoral, les enjeux de préservation du milieu naturel et des usages humains liés à la mer, ainsi que les variations saisonnières de population, ont poussé les élus à rechercher une solution performante techniquement et exemplaire sur le plan environnemental. Le choix du procédé par boues biologiques granulaires et la capacité de 102 000 équivalents habitants répondent à ces enjeux, tout en ouvrant la voie à la réutilisation des eaux usées.
Entretien avec François Blanchet et Aurélie Taverne
Ce projet est présenté par :
- François Blanchet, maire de Saint Gilles Croix de Vie et président du Pays de Saint Gilles Croix de Vie Agglomération
- Aurélie Taverne, responsable du service maîtrise d’ouvrage assainissement au Pays de Saint Gilles Croix de Vie Agglomération
François Blanchet
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la création d’une nouvelle station d’épuration s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?
François Blanchet : Il y a eu deux périodes. Avant 2018, le sujet était déjà à l’agenda du SIVOS du Havre de Vie, le syndical d’assainissement des communes de Saint Gilles Croix de Vie, Saint Hilaire de Riez et Le Fenouiller. L’ancienne STEP de Saint Gilles Croix de Vie, dont les plus vieux ouvrages en service dataient de 1978, n’était plus en conformité pour le traitement de l’azote et du phosphore depuis 2015. Avec une capacité de seulement 80 000 équivalents habitants, elle était régulièrement en surcharge hydraulique lors des pics saisonniers. Enfin, nous avions des problèmes d’odeurs importants qui généraient beaucoup de plaintes. Nous cherchions des solutions, mais il n’est pas facile de trouver un terrain adéquat pour une nouvelle STEP sur 3 communes littorales. En 2018, lorsque le Pays de Saint Gilles Croix de Vie a pris la compétence assainissement, la recherche de terrain s’est élargie aux autres communes. Notre Dame de Riez, dont la station n’était pas conforme non plus, a rejoint le projet.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
François Blanchet : Nous visions une réalisation vertueuse et exemplaire pour le respect de l’environnement. Nous avions visité des stations d’épuration en Bretagne et Périgord, avec des systèmes à boues activées classiques. Nous avons finalement choisi un procédé innovant, le traitement par boues biologiques granulaires (procédé Nereda®), qui nous a été proposé par le prestataire.
Aurélie Taverne : L’impact environnemental de la solution retenue est en effet grandement réduit par rapport à une station classique : le traitement par boues biologiques granulaires permet une déphosphatation biologique très poussée (90-95 % d’abattement biologique), des consommations en énergie et en réactifs moindres que pour un process à boue activée classique, dans un ensemble industriel compact et ergonomique. 3 stations françaises utilisent déjà ce procédé, mais à une échelle moindre. Notre STEP est la première en France de plus de 100 000 équivalents habitants. À l’étranger, cette technologie est éprouvée depuis près de 15 ans et traite les effluents plus de 6 millions d’équivalents habitants (la STEP de Dublin traite les effluents de 2 millions d’équivalents habitants par exemple).
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Aurélie Taverne : L’idée initiale était d’implanter la nouvelle station à proximité du site existant. Or, le transfert de la compétence assainissement à l’agglomération a modifié le périmètre géographique de la maîtrise d’ouvrage qui intègre des communes non littorales. Une dérogation à la loi littorale semblait difficile à obtenir auprès du Ministère. L’implantation s’est donc faite dans la zone d’activité économique (ZAE) de Givrand, commune siège de Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, à proximité des bâtiments administratifs et du centre technique intercommunal. Un projet de cette nature nécessite de nombreuses études réglementaires et d’impacts : dimensionnement, impact écologique, acoustique, capacité de dispersion des odeurs, dispersion des rejets en mer et impact sur les profils de pêche et de baignade, faisabilité de la valorisation des boues, etc.
François Blanchet : L’implantation à Givrand éloigne la STEP de l’exutoire dans l’estuaire de la Vie, à 4,5 km, et nécessitait la pose de 10 km de canalisations pour raccorder la 4e commune, Notre Dame de Riez. Mais nous avons préféré utiliser un terrain déjà propriété de l’intercommunalité et sans habitations à proximité, ce qui résolvait à la fois le problème du foncier et l’impact sur les riverains.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Toute la maîtrise d’ouvrage du projet a été portée par le service assainissement du Pays de Saint Gilles Croix de Vie.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
François Blanchet : Concernant l’acceptabilité, c’est celle de l’ancienne station qui était compliquée ! Des associations de protection de l’environnement ont été associées lors de la phase de diagnostic. Globalement, l’ensemble des acteurs était satisfait du projet de nouvelle station. Sur le dimensionnement, notre contrainte forte est la saisonnalité. En été, la population est multipliée par 10 à certains endroits. La capacité a donc été calculée pour la plus forte période d’utilisation, avec une prospective à 20 ans sur la démographie du territoire et le développement d’activité de la ZAE. En effet, la STEP est aussi en capacité de traiter des effluents industriels.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût final de l’opération de construction de la station d’épuration s’élève à 16 662 000€ HT dont 40 % (6,7 millions d’euros) subventionnés par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne. Pour la partie restant à sa charge, l’intercommunalité a sollicité un Aqua Prêt de la Banque des Territoires d’une valeur de 10 millions d’euros.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le Pays de Saint Gilles Croix de Vie dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Aurélie Taverne : Nous avons de nombreux partenaires sur ce projet. Ce sont d’abord l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, les services de l’État (préfecture, DDTM, DREAL), le conseil départemental mais également les entreprises en charge de la maîtrise d’œuvre du chantier, de sa construction ainsi que l’exploitant.
Groupement de maîtrise d’œuvre :
- Cabinet Bourgois groupe Merlin (responsable du projet)
- Cabinet Tiberghien Langlais (architecte)
- Cabinet Côté Paysage (paysagiste)
Constructeurs :
- Sources (process)
- CNR (génie civil, bâtiments VRD)
- Charpentier TP (terrassement VRD)
- SOCOVATP (canalisations)
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.
Avis d'experts
Des experts de la thématique reviennent sur la réalisation
Frédéric Vollé, Directeur territorial Vendée, Banque des Territoires
Un projet au bénéfice de la transition écologique des territoires
Le projet en détails
Dates clés
2015-2018
2018
2019-2021
2021-2023
Chiffres clés
102 000
15 000
20
À retenir
C’est un investissement important qui a été bien pensé
C’est toujours stressant de se lancer dans un tel projet. Le jour de la mise en service, il faut que ça fonctionne, car on n’a pas de plan B ! Il fallait aussi que l’ancienne STEP tienne jusque-là.
Ressources
Pays de St Gilles - Inauguration de la nouvelle station d'épuration à Givrand
Dans le cadre du programme d'actions visant à améliorer la qualité de l’assainissement et à préserver l'environnement, le Pays de Saint Gilles Croix de Vie Agglomération a mis en service sa nouvelle Station d'épuration (STEP),
Ouest-France - Une station d’épuration innovante pour le Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie
Depuis le 9 mai 2023, une nouvelle station d’épuration traite les eaux usées de plusieurs communes du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Située à Givrand, elle se veut plus écologique
Les partenaires de ce projet
Banque des Territoires
Agence de l'eau Loire Bretagne
Conseil départemental de Vendée
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
Données de contact
- Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie Agglomération, ZA le Soleil Levant, 85800 Givrand