Traitement de l’eau et méthanisation à la station d’épuration de Laon (02)
Le projet de rénovation de la station d’épuration de la ville de Laon a débuté en 2007 avec une première étude de faisabilité. Elle abordait la question centrale de l’augmentation, ou non, de la capacité de traitement de la station.
La conclusion positive de cette première étude fut complétée en 2015 par une seconde étude qui visait à adapter au plus juste, le dimensionnement du projet pour répondre aux besoins réels du territoire. Le projet a véritablement été lancé en 2016 avec la mise en place d’une assistance à maîtrise d’ouvrage.
Approches démographiques, mais aussi économiques, évolutions des réglementations et des technologies, cette entrée concrète dans l’opérationnalité du projet a permis de faire évoluer les réflexions pour aboutir au développement d’une unité de méthanisation au cœur de la station.





Entretien avec Benoît Buvry et Émilie Boquet

Ce projet est présenté par :
- Benoît BUVRY, Vice-Président chargé de l’environnement, de la gestion des déchets, de l’eau et de l’assainissement de la Communauté d’Agglomération du Pays de Laon
- Émilie BOQUET, Responsable du service Eau et Assainissement de la Communauté d’Agglomération du Pays de Laon
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Pour quelles raisons ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
L’Ardon est un petit cours d’eau, au débit assez faible, avec des normes de rejet très strictes. L’idée première était de travailler à l’optimisation de la qualité de l’eau en sortie de station, avant son rejet dans le milieu naturel. L’extension de la station a très vite été actée, et rapidement le projet nous a amené vers de nouvelles réflexions.
Quelle capacité de traitement en fonction de l’évolution de la démographie de la population ? Comment adapter cet équipement aux besoins des entreprises de la zone d’activités de 70 ha, voisine de la station ?
La capacité de traitement des eaux usées est devenue un sujet central et complémentaire au développement de cette zone d’activités. Pour accueillir de nouvelles industries, il faut pouvoir créer les conditions de cet accueil. Les rejets augmentant, il faut pouvoir augmenter les capacités de traitement et pourquoi pas en faire une opportunité économique ?
Nous avons compris que ce projet était une réelle opportunité pour redynamiser le territoire. Oui, il fallait augmenter les capacités de traitement de l’eau, mais en saisissant toutes les options qui se présentaient à nous pour donner toute sa dimension au projet. Mais attention, il fallait aussi éviter son surdimensionnement.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
C’est le premier adjoint au Maire de Laon, Éric Delhaye, chargé de l’Environnement et du développement durable de 2008 à 2017, qui a eu cette vision pour la station. Il est aujourd’hui maire de Laon et vice-président de l’Agglomération, ce qui a assuré la continuité de cette vision suite au transfert de compétence vers l’agglomération opéré en 2020.
Il fallait rester dans l’idée initiale, à savoir de dépasser la simple fonction du traitement de l’eau pour saisir toutes les opportunités utiles au territoire. Lors de la seconde étude de faisabilité en 2015, l’option de la méthanisation a émergé et marqué les esprits. Des visites ont été faites pour comprendre le fonctionnement des unités de méthanisation des stations de Strasbourg et Morillon. Elles ont permis de saisir les enjeux liés à la valorisation des biodéchets, qui pouvaient être intégrés comme co-intrants à la méthanisation. Nous avons compris tout l’enjeu économique qui se présentait derrière l’option de la valorisation. Ça n’était plus simplement une approche écologique pour le territoire. Il fallait envisager ce projet sous un angle d’utilité économique et sur sa capacité à générer des recettes pour améliorer son amortissement.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Une étude d’impact au niveau de l’autorisation environnementale a été menée par la ville de Laon. Deux études de faisabilité ont été réalisées en 2007 et 2015. La seconde, menée par le cabinet Merlin, a permis d’envisager les différentes options, notamment pour envisager le bon dimensionnement de l’extension et le choix de la méthanisation. C’est un vrai projet technologique, pionnier, qui nécessite beaucoup de prises de hauteur. Il fallait s’adapter en temps réel. Ce qui est juste la veille, ne l’est plus forcément le lendemain. C’est aussi un vrai engagement d’avenir pour les générations futures et une nouvelle compétence qu’intègre l’agglomération avec cette capacité à distribuer du biogaz.
Quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
Il a fallu intégrer des connaissances techniques pour aborder le sujet du traitement des boues et des biodéchets liées à la création de l’unité de méthanisation au sein de la station d’épuration. Nous nous sommes adaptés aux évolutions du cadre réglementaire, nous le faisons toujours. Nous avons aussi exercé une compétence d’emprise foncière pour permettre l’extension de la station sur une ancienne zone de jardins ouvriers. Avec la présence de plusieurs méthaniseurs sur le territoire, une marque « territoire positif » a aussi été développée. C’est un vrai pôle d’excellence, une nouvelle compétence qui permet au territoire d’être pratiquement autonome en ressource et d’injecter directement du biométhane dans le réseau GRDF.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement et l’adhésion des citoyens ?
Pour le dimensionnement, nous nous sommes appuyés sur des scénarios de développement de la démographie locale. Nous nous sommes aussi basés sur des prospectives envisageant le développement ou l’arrêt de certaines activités économiques. Pour l’adhésion des citoyens, nous avons travaillé avec une agence de communication pour donner un nom au projet, développer des supports, un site internet et organiser des réunions publiques pour expliquer la démarche aux citoyens. Pendant les travaux, des visites du chantier ont été proposées aux riverains. Nous avons répondu aux questions, autour du bruit, des odeurs, du fonctionnement. Ils ont aussi pu découvrir la zone de rejet et la création du méandre pour comprendre tous les enjeux autour du traitement de l’eau. Il n’y a pas eu de points bloquants car le projet a très vite été perçu comme une opportunité pour améliorer le cadre de vie (notamment pour la réduction des odeurs existantes). Une plaquette a été distribuée pour expliquer le fonctionnement du traitement de l’eau. Elle continue de faire son travail pédagogique avec les habitants.
Comment le projet a-t-il été financé ?
En tant qu’élus, nous sommes là pour appliquer et décliner nos projets en fonction des orientations nationales et européennes. Ce projet a été possible car l’accompagnement financier lié à l’évolution de la politique générale a été efficace. Les hypothèses évoluent, les réglementations aussi, il faut s’adapter régulièrement pour rentrer dans les bonnes cases et rendre le financement du projet possible. L’enveloppe pour les travaux avoisine les 15 millions d’euros et le budget global (avec les études et prestations annexes) est de 16 millions d’euros. La contribution de l’Agence de l’Eau Seine Normandie a été de plus de 3 millions d’euros, le département de l’Aisne a financé 2,3 millions, l’État avec les contrats de redynamisation des territoires a contribué pour 2,5 millions. La création de la zone d’activités a permis d’engager 1,5 million, pour le compte des différentes communes participantes au financement de la zone. Enfin, l’agglomération et la ville de Laon ont supporté un peu plus de 5 millions d’euros.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Les différents cabinets pour les études de faisabilité, l’assistance à maîtrise d’ouvrage, le maître d’œuvre, l’Agence de l’Eau Seine Normandie. Le délégataire SUEZ, car c’est une exploitation en régie, via la délégation de service public.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2018
2019
2021-2022
2023
Chiffres clés
15
2
45 000
À retenir
La zone végétalisée de rejet et la création du méandre. Ça peut paraître annexe mais tout le monde s’arrête sur ça. C’est le bout de la chaîne, ça se voit, c’est concret.
Le sens donné au projet grâce à la valorisation. C’est une nouvelle compétence économique qui complète la fonction première du traitement de l’eau. Aussi, les financements reçus qui ont rendu possible cet équipement.
La dimension de ce projet d’avant-garde n’a pas forcément été perçue par la population. Les gens sont consommateurs des nouveaux équipements mais sans vraiment les comprendre. Certains ont fait la démarche de comprendre pour adhérer, d’autres sont passés à côté.
Ressources
CA Pays de Laon - Extension de la station de traitement des eaux usées & création d’une unité de méthanisation
Jeudi 21 septembre, se déroulait la pose de la première pierre de l’extension de la station de traitement des eaux usées et de la création d’une unité de méthanisation de Laon
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Seine-Normandie

Département de l'Aisne
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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Données de contact
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