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Un projet multi-usages au bénéfice de la Crusnes à Longuyon (54)

En Meurthe-et-Moselle (54), le Syndicat Intercommunal d’Aménagement de la Chiers et ses affluents (SIAC) a été sollicité par la ville de Longuyon pour redonner tout son potentiel à la Crusnes. En effet, le cours d’eau qui traverse la commune était fortement dégradé notamment par les eaux usées de la rue Augistrou directement rejetées dans la rivière. Le chantier, aux nombreux bénéfices pour le milieu naturel comme pour le cadre de vie, portait à la fois sur de la renaturation écologique, l’amélioration de la qualité de l’eau par la collecte d’eaux usées et la mise en valeur du patrimoine.

Ce programme d’un coût TTC de 2 235 400  d’euros a bénéficié de 80% de subventions.

Entretien avec Eric GILLARDIN, Clara BETTONI et Carole TISSERAND

Parole de collectivité
Eric Gillardin et Clara Bettoni - Crédits photo : Banque des Territoires
Assainissement des eaux usées

Ce projet est présenté par :

  • Eric Gillardin, Président du SIAC et maire de la commune de Villers-le-Rond.
  • Clara BETTONI, Technicienne de rivière au SIAC
  • Carole TISSERAND, Chargée mission rivière au SIAC pour la relecture et précision des informations

 

Nous sommes parvenus collégialement à réaliser ce projet qui se voulait ambitieux et prometteur.

Eric Gillardin

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Suite à la problématique de qualité d’eau de la Crusnes, rivière de première catégorie piscicole, relevée par l’Agence de l’Eau Rhin Meuse, une étude diagnostic a été lancée il y a plus de dix ans, par la précédente présidente, Madame Morgane Pitel. Cette étude a mis en évidence l’état vraiment dégradé de la Crusnes. Les objectifs étaient d’améliorer l’état écologique du cours d’eau, valoriser l’intégration paysagère de la rivière dans la traversée de Longuyon et réduire le risque d’inondation par la création de zones d’expansion.

Le projet a été porté par une co-maîtrise d’ouvrage, entre le Syndicat intercommunal des eaux de Piennes (SIEP) à qui la Communauté de Communes Terre de Lorraine du Longuyonnais (CCT2L) a délégué sa compétence assainissement, la ville de Longuyon et le Syndicat Intercommunal d’Aménagement de la Chiers et de ses affluents (SIAC) porteur du projet possédant la compétence GEMAPI.

Ensemble, nous avons porté la réflexion sur plusieurs axes à mener en parallèle :

  • la réhabilitation de la zone humide du site de la platinerie en amont de Longuyon
  • la traversée de Longuyon avec l’assainissement de la rue Augistrou et la mise en oeuvre de protection de berges
  • la découverture du canal usinier et l’arasement du seuil du Gros Moulin
  • la remise en état du monument aux morts, l’ouverture du lavoir et la restauration des berges avec la création des gradins végétalisés pour offrir un accès direct à la Crusnes. Aujourd’hui, les gens peuvent profiter de cet espace, s’asseoir, pique-niquer, pêcher …

 

Les travaux, démarrés en juin 2021 par le site du monument aux morts, se sont terminés au printemps 2023.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

En tant que Président du SIAC, et c’était le cas pour l’ancienne Présidente, je m’inspire toujours par ce qui se fait ailleurs, tout autour de nous. Après, je pense qu’il faut pouvoir être capable de visualiser la fin des travaux, d’avoir une idée globale du rendu pour pouvoir se projeter. Et puis, Carole (Carole TISSERAND, chargée de mission rivière au SIAC), de par son expérience professionnelle a permis d’enrichir et nourrir ce projet.

Ensuite, le maître d’œuvre sur base de nos problématiques et besoins, nous a fait des propositions, qui ont évolué en fonction du projet. Bien souvent, des choses auxquelles nous n’avions pas songé sont apparues suite aux discussions entre les différents maîtres d’ouvrage. Pour l’assainissement par exemple, initialement, le SIEP souhaitait  une conduite fixée en encorbellement sur les murs de soutènement des berges, donc visible et soumise aux inondations. Nous n’étions pas favorable à cette solution en raison du risque d’arrachage en cas de crue. Le souhait d’araser le seuil du Gros Moulin (ancien barrage hydroélectrique), a fait germer l’idée au bureau d’études de compenser la baisse du niveau d’eau par la création d’une barquette minérale en rive droite dans laquelle était implantée la conduite d’assainissement. Celle-ci était donc protégée contre les crues et les embâcles. De plus, les murs de soutènement, vétustes pour certains, ont été également renforcés en pied par cette banquette.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

L’étude diagnostic, réalisée par notre ancienne présidente, a servi de support pour l’étude avant projet et projet de notre programme. Un dossier Loi sur l’eau a été déposé aux services instructeurs afin d’obtenir un arrêté préfectoral d’autorisation de réaliser les travaux. Les travaux étant réalisés en terrain privé (cours d’eau non domanial : les riverains sont propriétaires jusqu’au milieu du cours d’eau) des conventions de passage et de travaux ont dû être réalisées avec l’ensemble des propriétaires riverains. Puis nous avons dû faire un référé préventif avant  et en  fin des travaux. Un expert, nommé par le tribunal administratif, a visité l’ensemble des maisons et murs de soutènement en bordure du lit afin d’en vérifier l’état initial et constater les éventuelles dégradations suite aux travaux. Nous avons eu quelques problèmes mineurs, notamment sur des terrasses mal conçues au départ, voire construites sans autorisation.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Nous étions une équipe pluridisciplinaire, trois maîtres d’ouvrage avec chacun sa spécialité et nous avons beaucoup appris les uns des autres.

Nos compétences portent sur la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Nous avons commencé par un “nettoyage” complet de la rivière :

  • entretien de la ripisylve en abattant des arbres dépérissants ne présentant pas d’intérêt écologique, élagage, plantations,
  • retrait d’un important volume de déchets entassés au fond des jardins et berges, et entraînés avec le temps dans la rivière.

 

En plus de l’effet plan d’eau constaté à l’arrière du seuil du Gros moulin, le cours d’eau était relativement large à certains endroits réduisant ainsi la vitesse de l’eau, et accentuant les dépôts et l’envasement. La banquette minérale pour l’assainissement en rive droite et la création d’une banquette végétalisée en rive gauche ont permis de rétrécir la largeur de la Crusnes et ainsi rendre son dynamisme au cours d’eau.

Et puis, nous nous sommes occupés de tout le volet aménagement paysager.

Concernant la place du monument aux morts, fermée par des murs de soutènement très vieillissants, une végétation dense et inadaptée au milieu aquatique rendait la place peu attractive. Le mur de soutènement, en mauvais état,  a été en partie arasé et remplacé par cinq gradins végétalisés qui permettent d’accéder à la rivière et les lavoirs adjacents, complètement cachés, ont été découverts. Ils sont accessibles par la rampe d’accès qui a été conservée et consolidée. Nous avons proposé des éléments en béton, habillés en pierres de Jaumont pour l’assise. Les espaces ont été majoritairement enherbés avec l’implantation d’un verger conservatoire avec des espèces locales de fruitier. Cet espace très fréquenté aujourd’hui, permet à la population de se réapproprier le cours d’eau. Il en est de même pour la place du canal usinier.

Une fois les ouvrages terminés, ils ont été rétrocédés aux différents maîtres d’ouvrage.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Il y a eu plusieurs réunions publiques avant la finalisation du projet puis une enquête publique avant le démarrage des travaux. Le commissaire enquêteur en charge de l’enquête  a noté toutes les remarques des citoyens lors de ces permanences. Souvent les gens défendent devant chez eux, il faut en tenir compte, et savoir les rassurer tout en tenant sa ligne de conduite, l’idée n’était pas de reconstruire les terrasses qui n’avaient pas été faites dans les règles de l’art. Nous avons signé des conventions avec chaque propriétaire pour l’installation de la conduite d’évacuation des eaux usées et la remise en état. A leur charge de reprendre les non-conformités de leur habitation. Globalement, le projet a été bien accueilli par les habitants.

Aujourd’hui, les désagréments liés aux travaux sont oubliés, et l’assainissement offre une plus-value aux propriétaires.

Par rapport à la réglementation (Code de l’environnement Art L215-14) , un propriétaire en bordure de rivière l’est jusqu’à la moitié du cours d’eau et il est donc dans l’obligation d’entretenir cette partie correctement. Cela fait partie de ses devoirs. Il possède également un droit de pêche jusqu’au milieu du cours d’eau.

Comment la CAE a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le projet a coûté près de 2 235 400 d’euros subventionnés à 80 % par l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse et la Région Grand Est. Nous travaillons en concertation avec l’Agence de l’Eau et selon les recommandations techniques afin de rentrer dans l’éligibilité des aides du programme en cours.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Nous avons recruté un maître d’œuvre, le bureau d’études Artelia qui a été chargé de la conception et du suivi du programme de travaux. Les entreprises SETHY et SADE ont été mandatées pour la réalisation des travaux de restauration écologique, d’assainissement et de la déconnexion des eaux pluviales. Des prestations complémentaires ont été nécessaires pour la bonne exécution du projet comme des bureaux d’études géotechniques, structure, contrôles, etc.

D’autres partenaires comme la Fédération départementale de pêche de 54, l’AAPPMA Truite Longuyonnaises, CENLorraine, nous ont apporté leur conseil sur le volet écologique et piscicole.

Les services instructeurs de la DDT54 et OFB54 nous ont, en plus du suivi réglementaire des travaux, apporté leur conseil technique.

 

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Le projet en détails

Dates clés

2021

Mise à l'Agenda

Printemps 2022

Entretien de la ripisylve

Hiver et printemps 2023

Aménagement de la platinerie

Avril 2023

Réception

Chiffres clés

2 235 400

coût du projet en euros

32

évacuations des eaux usées ont été supprimées sur la rue Augistrou à Longuyon.

500

mètres linéaires de création de berges végétalisées

Résultats

  • La zone humide de la Platinierie complètement dégradée avec tous ces sapins! Une fois supprimés, l’espace est rendu totalement ouvert.
  • L'état écologique de la Crusnes a été grandement amélioré, le cours d’eau est mis en valeur en cœur de ville, ça va dans le bon sens
  • Apport de la valeur au patrimoine immobilier, les propriétaires peuvent être sereins pour le diagnostic assainissement

À retenir

Premièrement, l’amélioration du cadre de vie et de la qualité de l’eau par l’assainissement. La rue Augistrou était la seule rue sans réseau d’assainissement et dont les eaux usées étaient déversées directement dans la rivière. Une conduite gravitaire de collecte des eaux usées a été implantée dans la banquette minérale le long de la rive droite. Aujourd’hui, il n’y a plus de nuisances olfactives. L’espace est ouvert, très aéré, la différence est incroyable. En plus, cela a redonné de la valeur au patrimoine immobilier, les propriétaires peuvent être sereins pour le diagnostic assainissement

La mise en valeur du patrimoine avec la rénovation des places du monument aux morts et du canal usinier et l’amélioration du cadre de vie.

Pour les travaux dans le lit de la rivière, il faut jongler d’une part avec la réglementation nous impose d’œuvrer dans des périodes données, à cause des fraies de poissons ou de la nidification des oiseaux, et l'alternance des aléas climatiques : sécheresse ou inondations. Les opérations peuvent s'arrêter d’un jour à l’autre et prendre un retard pouvant être conséquent. Se greffe à cela les imprévus. Sur la place Batigère, lors de la découverte d’une partie du canal de dérivation, nous avons vu que certaines poutres métalliques étaient complètement corrodées, c’est la raison pour laquelle je dis que les bureaux d’études doivent investiguer davantage sur le terrain pour confirmer leur hypothèse et minimiser les risques en ne négligeant pas les études préalables (sondage, géotechnique, etc.).

Ressources

Eau Rhin Meuse

Trophées de l'eau 2023

Les partenaires de ce projet

Logo_Rhin-Meuse

Agence de l'eau Rhin Meuse

LOGO_Region grand est

Région Grand-Est

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

En savoir plus sur la commune de Longuyon

Nombre d'habitants

5397

Données de contact

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