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Une station d’épuration mobile à Pornic (44) pour répondre à l’urgence et se donner le temps d’un plan structurel

Bordant le nord de la Baie de Bourgneuf sur 53 kilomètres de côte, Pornic Agglo Pays de Retz regroupe 15 communes de Loire-Atlantique. Le territoire accueille des activités touristiques et une production ostréicole fortement dépendantes de la qualité des eaux littorales.

Durant l’hiver 2023-2024, dans un contexte de précipitations abondantes, de dépassement des capacités de la station d’épuration des Salettes à Pornic et d’alerte au norovirus sur les parcs à huîtres, la communauté d’agglomération a adopté un plan d’urgence s’appuyant principalement sur la location d’une station mobile d’une capacité de traitement de 3000 m3/jour, en complément de la STEP dimensionnée pour 8500 m3/jour.

Entretien avec Claude Caudal, Vice-Président de Pornic agglo Pays de Retz en charge du cycle de l’eau, littoral, marais

Parole de collectivité
Claude Caudal est vice-président de Pornic agglo Pays de Retz, en charge du cycle de l’eau, litto-ral, marais, et maire de Préfailles et président de la commission locale de l’eau du schéma d’aménagement et de gestion des eaux Estuaire de la Loire - Crédits photo : Banque des Territoires
Assainissement des eaux usées

Ce projet est présenté par :

  • Claude Caudal, Vice-Président de Pornic agglo Pays de Retz en charge du cycle de l’eau, littoral, marais, et Maire de Préfailles
Nous avons concilié la démarche très pragmatique du plan d’urgence et d’autres démarches avec une ingénierie plus importante, pour le plan sur 10 ans. Le fait de jouer sur deux temporalités distinctes nous a fait progresser.
Claude Caudal

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment la location d’une station d’épuration mobile s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?

La station actuelle à Pornic est équipée d’une technologie membranaire très performante pour traiter les pollutions, en particulier bactériologiques, mais qui supporte mal les à-coups hydrauliques. D’octobre 2023 à mars 2024, la très forte pluviométrie a provoqué un régime de nappes hautes et la saturation des sols. La dégradation des réseaux d’assainissement immergés dans la nappe a conduit à l’augmentation des eaux parasites, auxquelles se sont ajoutées les eaux de ruissellement. Cette conjonction a provoqué une sur-sollicitation simultanée des stations, des réseaux et des postes de refoulement situés en bord de mer.

Les conditions climatiques ont compliqué la maintenance et le nettoyage des membranes, entraînant leur vieillissement prématuré et la réduction de la capacité hydraulique de la STEP de 8500 m3/j à environ 4500 m3/j. Les délais de livraison de produits venant d’Australie ont contraint le renouvellement des membranes.

En décembre 2023, les volumes en entrée de STEP ont atteint jusqu’à 20000 m3/jour, causant des surverses et des rejets d’eaux usées en mer. Dans ce contexte d’urgence et confrontée à une alerte au norovirus en pleine saison ostréicole, la collectivité a décidé d’installer une station mobile, adossée à la station des Salettes.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous guider dans ce choix de station mobile ?

Nous avons développé en parallèle un plan d’urgence et un plan d’investissement plus structurel. Le plan d’urgence déployé sur l’année 2024 visait d’une part l’augmentation de la capacité de traitement par la location de la station mobile, et d’autre part l’augmentation de la capacité de stockage en cas de surverses, en particulier par l’aménagement de lagunes à proximité de deux STEP littorales : les Salettes à Pornic et la Princetière à Saint-Michel-Chef-Chef. Notre préoccupation était de retrouver la qualité du milieu pour maintenir les usages et la production de coquillages. L’investissement dans une station mobile répondait au besoin d’agir vite afin de pallier les dysfonctionnements d’une technologie membranaire performante mais fragile.

Si la station mobile de Pornic est la première de ce type en France pour une collectivité, certains industriels mobilisent déjà de tels dispositifs.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée concernant le recours à une station mobile ?

Le contexte d’urgence a justifié un travail conjoint des différents acteurs concernés sur le territoire. Ainsi, les services de l’État ont ajusté la procédure de fermeture des sites ostréicoles et les producteurs ont développé des procédures d’alerte et construit des claires permettant de placer les huîtres à l’abri en cas de risques de contamination.

Concernant la station mobile, les études ont confirmé que les normes de rejet de la STEP de Pornic pouvaient être respectées en mélangeant les eaux traitées de la filière classique et de la filière de traitement mobile, soit une qualité de type « eau de baignade » toute l’année. Le marché lancé pour l’unité mobile a prescrit au fournisseur des obligations de résultats sur le respect de ces normes. Notre impératif est d’éviter les surverses mais aussi d’avoir une qualité d’eau de rejets conforme.

Le plan structurel, sur 10 ans, prévoit le renouvellement de la station d’épuration de Pornic ainsi que l’accélération du renouvellement et la fiabilisation des réseaux d’assainissement. La procédure de dialogue compétitif mise en place pour la restructuration de la STEP a permis de comparer différents systèmes capables d’absorber des à-coups hydrauliques contrairement à une station membranaire.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Compte tenu du contexte, il est nécessaire de maîtriser les procédures de marchés publics ainsi que les procédures administratives en urgence : la collaboration avec les services de l’État s’est avérée essentielle pour cela. Le service marchés publics a également développé des compétences pour suivre la procédure très spécifique de dialogue compétitif, qui nous a permis d’être accompagnés sur les options techniques envisageables à moyen terme.

Des compétences techniques sont par ailleurs nécessaires, en particulier sur les conséquences du fonctionnement en parallèle de deux unités de traitement qui n’utilisent pas les mêmes technologies. L’unité mobile utilise un traitement physico-chimique tandis que la filière membranaire est biologique, avec une filtration très fine suivie d’une désinfection ultra-violet. Les services assainissement et supports de la collectivité, le maître d’œuvre et le délégataire « eau et assainissement » ont travaillé ensemble pour développer le projet.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré l’adhésion des citoyens et le bon dimensionnement du projet ?

Les élus ont adhéré immédiatement à la location d’une station mobile compte tenu de l’enjeu. En octobre 2024, ils ont également voté l’augmentation de 10% du prix de l’eau pour contribuer à financer la restructuration. Les augmentations de tarifs doivent s’accompagner d’une réflexion sur le bon équilibre entre les investissements nécessaires et ce qui est acceptable socialement. L’adhésion des citoyens passe par la sensibilisation aux enjeux de santé publique, mais aussi aux enjeux du petit cycle comme du grand cycle de l’eau. C’est dans cette perspective que nous avons décidé de recruter une animatrice du cycle de l’eau.

Côté professionnels, les relations étaient assez tendues avec les ostréiculteurs au moment de la crise mais le climat est aujourd’hui plus serein : les efforts de la collectivité pour diminuer les rejets contribuent à protéger la production et favorisent un climat de confiance.

En matière de dimensionnement, l’automatisme et les règles de fonctionnement de l’hydraulique de la station d’épuration ont dû être analysés et revus, car lorsqu’une station est conçue pour faire transiter 8500 m3 d’eau par jour, l’ajout d’une filière de 3000 m3/jour ne signifie pas forcément que l’on peut traiter 11 500 m3/jour.

Comment la collectivité a-t-elle financé le plan d’urgence et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le plan d’urgence de 8 millions d’euros sur l’année 2024 a été financé presque intégralement sur fonds propres de Pornic Agglo Pays de Retz. L’Agence de l’Eau Loire Bretagne, dont les procédures ne sont pas adaptées aux situations d’urgence, a accordé une aide de 200 000 euros.

Pour le plan à 10 ans (191 millions d’euros), le montage financier est en cours et pourrait intégrer un recours à un accord territorial avec l’agence de l’eau et à l’emprunt.

Quels sont les autres acteurs qui ont participé avec Pornic Agglo Pays de Retz à la préparation et la réalisation du plan d’urgence ?

Fin 2023 début 2024, les différents acteurs du territoire ont travaillé de concert pour rechercher des solutions d’urgence à la situation de crise : la communauté d’agglomération, les services de l’État (sous-préfecture et DDTM), les ostréiculteurs avec le Comité régional conchylicole, les banques, l’agence de l’eau, l’Ifremer. Le travail avec les services de l’État a été essentiel pour utiliser les procédures d’extrême urgence et passer les marchés publics.

Côté privé, nous nous sommes appuyés sur la SAUR, délégataire de service public pour l’eau et l’assainissement et sur SCE, bureau d’étude maître d’œuvre en accompagnement sur le projet.

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Le projet en détails

Dates clés

Décembre 2023 - Janvier 2024

Situation de crise et recherche de solutions

Janvier 2024

Inspiration

Février-Mars 2024

Appel d’offres pour la location d’une unité de traitement mobile

Avril 2024

Mise en service de l’unité de traitement mobile

Chiffres clés

2

semaines, le temps de mise en service de la station mobile

1,4

million d’euros / an, les frais de fonctionnement de la station mobile

10 500

m3/j, la capacité de traitement avec mise en service combinée de la station membranaire et de la station mobile

Résultats

  • Les acteurs ont cherché des solutions ensemble et l’engagement des élus comme des équipes a été particulièrement fort au sein de la communauté d’agglomération

À retenir

La collectivité a été transparente vis-à-vis des citoyens : en santé publique, il est essentiel d’informer sans affoler

Il est parfois difficile de faire reconnaître tout le travail mené par les élus, souvent critiqués

Les financements habituels n’ont pas pu être mobilisés, compte tenu d’un cadre de procédure qui ne prend pas en compte l’urgence

Ressources

Ouest-France : Une station d’épuration en kit montée en un temps record dans cette commune de Loire-Atlantique

Pornic Agglo pays de Retz a voté, début avril 2024, une enveloppe de 5 millions d’euros pour augmenter la capacité de traitements des eaux usées. Une station mobile vient d’être installée

Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Loire-Bretagne

Agence de l'eau Loire Bretagne

DDTM la direction départementale des territoires et de la mer

DDTM

40 Ifremer - logo

IFREMER

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Comité régional conchylicole

SAUR

SAUR

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

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communes regroupées

15

habitants

70 000

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