Pourquoi adopter la REUT dans vos collectivités ?
Dans les collectivités locales, maintenir la propreté de la voirie et la beauté des espaces verts est une priorité essentielle. La propreté des espaces publics est un enjeu de santé publique, de salubrité et d’écologie tout comme l’entretien adéquat des espaces verts : ces espaces contribuent au bien-être des populations, constituent des îlots de fraicheurs bienvenus et forment des réservoirs de biodiversité importants. Cependant, ces activités nécessitent une consommation importante d’eau potable dans l’écrasante majorité des cas, ce qui peut apparaître comme un gaspillage.
En outre, les eaux usées rejetées dans la nature constituent parfois des sources de pollution, bien qu’elles aient subi de premiers traitements. La REUT (Réutilisation des Eaux Usées Traitées) promet d’apporter une partie des réponses aux besoins opérationnels des collectivités, tout en contribuant à la préservation des ressources en eau et à la réduction de la pollution.
Concrètement, qu’est-ce que la REUT ?
Forte d’une nouvelle réglementation européenne et d’une ambition française renouvelée, la REUT est aujourd’hui plébiscitée et utilisée par de plus en plus de collectivités. Alors concrètement, qu’est-ce que la REUT ? Simplement, il s’agit de collecter, de traiter et de réutiliser les eaux usées pour – notamment – le nettoyage des rues et l’arrosage des espaces verts.
Comment fonctionne la REUT ?
Dans les stations d’épuration, les eaux usées sont soumises à un processus de traitement supplémentaire, en utilisant les technologies connues de filtration, de désinfection et de dégradation biologique, afin de les rendre appropriées à ces usages spécifiques. L’objectif est donc d’écarter tout risque sanitaire (notamment pour le nettoyage des rues) sans pour autant atteindre un niveau de traitement aussi exigeant que pour la consommation humaine. Une fois le traitement réalisé, les camions-citernes habituels de la collectivité peuvent s’approvisionner. Il est aussi envisageable d’imaginer un réseau de distribution jusqu’aux espaces verts.
Quels sont les bénéfices de la REUT ?
Pour les collectivités
Avec la REUT, les collectivités peuvent non seulement répondre à leurs besoins opérationnels, mais aussi contribuer à la préservation des ressources en eau et à la réduction des coûts liés au traitement et à l’approvisionnement en eau potable. De plus, cette approche réduit la pollution des milieux dans lesquels les eaux usées sont habituellement relâchées, car permettant un traitement supplémentaire.
Pour les administrés
Avec la REUT, les espaces verts sont préservés pour améliorer l’habitabilité. La voirie est correctement entretenue dans une démarche durable.
Comment mettre en place la REUT ?
Pour déployer la REUT , il est nécessaire de rassembler les acteurs concernés : les services et syndicats de l’eau, les spécialistes du traitement des eaux usées, les agents en charge des espaces publics, etc. Il est important d’établir des partenariats solides avec les services de l’environnement et de l’assainissement pour garantir une mise en œuvre efficace. L’aménagement des stations d’épuration représente la plus grosse partie des moyens matériels à mettre en œuvre (150 000 euros pour la ville d’Antibes).
Aussi, des outils technologiques appropriés, tels que des systèmes de surveillance de la qualité de l’eau et des équipements d’irrigation efficaces (cuves, camions, réseaux, etc.), doivent être utilisés pour assurer un fonctionnement optimal. En outre, des campagnes de sensibilisation et d’éducation sont nécessaires pour informer les citoyens sur les bénéfices de cette approche et encourager leur soutien.
Quelles sont les étapes de mise en œuvre ?
Le déploiement de cette proposition peut suivre les étapes suivantes :
- Étape 1 : Mettre à l’agenda et sensibiliser les élus et les agents aux avantages de l’utilisation des eaux usées pour le nettoyage des rues et l’arrosage des espaces verts.
- Étape 2 : S’appuyer sur des exemples réussis de collectivités ayant déjà mis en place cette approche, tels que les cas d’Antibes et de Bergerac en France, pour inspirer et convaincre les acteurs locaux.
- Étape 3 : Former les agents aux pratiques de collecte, de traitement et d’utilisation des eaux usées, en leur fournissant les connaissances et les compétences nécessaires pour mettre en œuvre cette initiative.
- Étape 4 : Réaliser des évaluations techniques et environnementales pour adapter la proposition aux spécificités locales, en prenant en compte les ressources disponibles et les caractéristiques du territoire.
- Étape 5 : Établir un plan financier pour le déploiement de l’infrastructure nécessaire, en recherchant des sources de financement telles que les subventions gouvernementales, les partenariats public-privé ou les fonds européens dédiés au développement durable.
- Étape 6 : Mettre en place les systèmes de collecte, de traitement et de distribution des eaux usées, en suivant les normes et les réglementations en vigueur, et commencer à utiliser les eaux traitées pour le nettoyage des rues et l’arrosage des espaces verts.
Comment mesurer la réussite de l’action ?
Afin de mesurer la réussite de cette action, trois indicateurs sont pertinents :
- Réduction de la consommation d’eau potable : Comparer la quantité d’eau potable utilisée avant et après la mise en place de l’usage des eaux usées pour le nettoyage des rues et l’arrosage des espaces verts. Cela permettra de chiffrer l’impact positif sur la consommation.
- Économies financières : Évaluer les économies réalisées en termes de coûts liés au traitement et à l’approvisionnement en eau potable, en utilisant les données de consommation et les tarifs locaux. Cela permettra de démontrer les avantages économiques de cette approche.
- Réduction de la pollution de l’eau : Mesurer la qualité de l’eau dans les sources d’eau naturelles et surveiller les changements après la mise en place de l’utilisation des eaux usées. Cela permettra de mettre en évidence la réduction de la pollution des eaux de surface et souterraines.
Pour aller plus loin
- 1% des eaux usées sont réutilisées en France contre 14% en Espagne et 90% en Israël ;
- L’objectif de réutilisation de l’eau d’ici 2030 est de 10% ;
- 150.000 euros : c’est le coût de l’adaptation de la station d’épuration d’Antibes pour permettre l’utilisation des eaux usées ;
- 95 départements ont été soumis à des mesures de restriction de l’eau en 2022.