La tarification écoprogressive en place à Carcassonne agglo (11)
Face à des ressources en eau historiquement basses, une tarification écoprogressive a été instaurée pour encourager les citoyens à la sobriété. En vigueur depuis le 1ᵉʳ janvier 2025 dans 35 communes (en délégation de service public), elle s’étendra en 2026 aux 50 communes en régie.
Le principe : les 15 premiers m³ sont considérés comme indispensables et facturés au tarif le plus bas. Au-delà, le prix augmente selon quatre tranches de consommation (jusqu’à plus de 150 m³). Le tarif comprend une part fixe, légèrement réduite, et une part variable dépendant du volume consommé.
Cette mesure vise à responsabiliser les usagers en récompensant les consommations modérées et en pénalisant les usages excessifs, afin de mieux préserver la ressource en eau.



Entretien avec Régis Banquet, Président de Carcassonne agglo

Ce projet est présenté par :
- Régis Banquet, Président de Carcassonne agglo
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda ?
Régis Banquet : Ce qui nous a décidé c’est le manque d’eau, depuis 2022. Certaines communes du département n’ont plus d’eau. Ce n’est pas le cas de Carcassonne agglo mais, pour autant, il faut préserver la ressource et en particulier inciter les usagers à entrer dans une démarche de sobriété.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Régis Banquet : Bien sûr nous avons travaillé avec les associations qui nous ont accompagnés et nous avons regardé ce que des villes comme Montpellier, Dunkerque, Libourne et Annecy faisaient sur le sujet. J’ai eu l’opportunité d’échanger avec d’autres élus que je suis amené à côtoyer et avec qui j’aborde ce sujet depuis un moment déjà. Les services de l’agglomération sont également en relation avec ceux d’autres collectivités.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Régis Banquet : Nous avons mené, en collaboration avec notre délégataire Suez, une étude approfondie pour évaluer les impacts d’une tarification écoprogressive sur la ressource en eau, sur les ménages – en particulier les familles nombreuses – ainsi que sur les recettes.
Face à un mur d’investissement, il est essentiel de préserver nos ressources financières. En anticipant une baisse de la consommation de 6 % par an, nous nous sommes assurés que, même si la tendance à la baisse amorcée en 2022 se poursuit, les recettes resteront stables. Cette étude a nécessité 18 mois de travail.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Régis Banquet : Passer d’une tarification classique à une tarification écoprogressive nécessite de solides compétences financières et réglementaires, ainsi que de nombreuses simulations pour maîtriser l’impact sur le prix de l’eau. Pas question de le doubler : il faut avoir une maîtrise du prix pour les abonnés.
Dans le même temps, nous avons installé un compteur intelligent pour avoir une vision fine au jour le jour de la consommation, et une vision des fuites sur le réseau et chez les usagers afin d’avoir une capacité de réaction. Car le premier sujet quand on travaille sur la sobriété c’est de travailler sur le réseau pour éviter les fuites. La ville de Carcassonne a un rendement à 92 ou 93 % : ça veut dire qu’il y a peu de gaspillage d’eau. Pour les fuites chez les particuliers, le suivi nous permet de les alerter rapidement en cas différentiel de consommation d’un jour à l’autre. On prévient directement le particulier qui peut ainsi détecter et réparer rapidement la fuite et éviter de se retrouver en situation inconfortable pour payer sa facture. Une facture qui serait d’autant plus élevée dans le contexte de la tarification écoprogressive.
En parallèle, nous étudions comment accompagner les ménages qui vont se retrouver en difficulté avec leur facture et comment accompagner directement les personnes en précarité hydrique ou dont la consommation d’eau est totalement anormale. Ces foyers, une dizaine, ont pu être identifiés dans les communes ou les compteurs intelligents sont installés.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Régis Banquet : Des dizaines de simulations ont été réalisées, en faisant varier les tarifs et les paliers. Nous avons essayé de coller au plus près à la réalité de notre territoire, c’est-à-dire une consommation moyenne de 70 et 80 m³. Au-delà de 150 m³, nous ciblons les quelques pourcents qui ne comptent pas leur consommation d’eau. Pour un impact cohérent de la mesure, il faut qu’elle soit ajustée à la consommation effective.
Par rapport aux données de consommation d’eau des 20 dernières années et à la tendance à la sobriété qui s’est ancrée depuis 2022 (baisse de 6% de la consommation), nous projetons que pour l’année 2025, 60 % des usagers bénéficieront, avec la mesure, d’une réduction de leur facture. Les foyers qui font attention à leur consommation en eau potable seront récompensés. Les autres seront incités à le faire.
C’est un calcul essentiel à réaliser qui repose sur une équation complexe : ne pas frapper durement les ménages, pour autant amener à plus de sobriété, tout en sécurisant les finances.
Je suis convaincu que la tarification progressive évoluera au fur et à mesure des retours.
Comment ce projet a-t-il été financé et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
L’eau paie l’eau.
Quels sont les autres acteurs qui ont vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous n’avons pas eu recours à l’accompagnement d’autres acteurs pour cette mesure
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2022
2023
Juin 2024
Janvier 2025
Chiffres clés
46000
35
350000/360000
Résultats
Cette mesure accompagne le changement de comportement.
À retenir
Au niveau de la gouvernance de la collectivité, il y a une réelle prise de conscience sur la nécessaire sobriété dans l’utilisation de l’eau à l’échelle des 83 communes de l’agglomération. Cette volonté est non seulement acceptée et relayée par les élus, mais on sent qu’elle est partagée par les citoyens. Elle est présente depuis le manque d’eau de l’été 2022, avant même la mise en place de la tarification écoprogressive.
Il faut une réflexion assez fine sur la solution à offrir aux familles nombreuses face à la hausse du tarif de l’eau. Nous devons trouver la bonne solution pour les accompagner.
Se pose aussi le sujet des résidences secondaires qui consomment peu, donc bénéficient d’un prix faible, alors que la gestion du réseau coûte aussi cher pour ces logements que pour les résidences principales. Nous devons maintenant traiter ces deux sujets.
Ressources
L'indépendant - Carcassonne Agglo expérimente une tarification progressive des redevances de l’eau et de l’assainissement dans certaines communes à partir du 1er janvier 2025
En 2015, Carcassonne Agglo décidait de mettre en place la convergence tarifaire au 1er janvier 2026, l’agglomération disposant d’autant de tarifs que de communes en ce qui concerne l’eau. A compter du 1er janvier 2025, sera instaurée une tarification progressive à titre expérimental pour les 29 communes en DSP (délégation de service public) Suez, sur 83 au total, pour accélérer le processus.
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