Comment le sujet de la mise à disposition de matériels hydro-économes s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
La problématique de l’eau s’est imposée comme un sujet prioritaire au conseil communautaire dès son élection en 2020. Longtemps considérée comme inépuisable, la ressource a multiplié les signaux d’alerte ces dernières années. En plus d’avoir été classée en Zones de Répartition des Eaux[1] en 2015, la CAPCA, par l’aggravation des sècheresses estivales, a dû recourir pour la deuxième année consécutive à des camions-citernes pour approvisionner trois de ses communes.
La communauté d’agglomération s’est donc engagée dans une politique de maîtrise et de sobriété de la consommation d’eau. Cela passe par plusieurs actions :
- améliorer les réseaux d’eau fuyards ;
- sensibiliser la population et communiquer auprès de la jeunesse ;
- réaliser des études d’interconnexion des communes présentant des ressources fragiles d’un point de vue quantitatif ;
- mettre à disposition du matériel hydro-économe. Ce dernier point a été porté auprès des usagers dès 2021.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
En 2020, des démarches comme celles-ci étaient encore rares mais nous savions que cela existait. Nos sources d’inspiration ont donc été une combinaison d’expériences personnelles, d’expertise de nos techniciens de rivière, et de discussions avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse – avec qui nous étions déjà en contact pour d’autres dossiers. Nous avons tout de suite pensé que c’était une bonne idée. Enfin, la proposition de subventionnement par l’Agence a permis d’accélérer et de finaliser la prise de décision.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisé(e) sur ce projet ?
Dans la mesure où cette initiative vise à préserver l’avenir de la ressource et à faire évoluer les pratiques, aucune étude d’impact n’a été nécessaire pour convaincre le conseil communautaire. Tout administré doit pouvoir adhérer à cette démarche et être équipé, s’il le souhaite.
La communauté d’agglomération a tout de même pris le parti de demander une participation financière aux usagers à hauteur de 10 % du prix réel pour une livraison à domicile, et ce afin de garantir une mise en place effective des équipements.
À titre d’exemple, les bénéficiaires peuvent acquérir une douchette ou un réducteur de pression de robinet pour 1,03 ou 0,34 euros, contre respectivement les 16 ou 5 euros que cela leur aurait coûter dans le commerce. Ainsi, pour un foyer de 4 personnes, les économies d’eau peuvent facilement avoisiner les 20 mètres cubes par an, représentant une économie annuelle entre 70 et 90 euros, et ce pour un investissement initial inférieur à 10 euros.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
La communication ! Ce facteur est très délicat et extrêmement important. Nous pouvons avoir les meilleurs outils ou les meilleurs services, si ceux-ci ne sont pas connus des usagers, la démarche n’aboutira pas. Tout l’enjeu est donc d’arriver à communiquer efficacement.
De plus, dans certains cas, il ne s’agit pas seulement de faire savoir l’existence du dispositif mais aussi de convaincre les usagers. Cela est nécessaire, d’une part, pour les rassurer sur la simplicité de la démarche et la facilité d’installation du matériel, et d’autre part, pour dissiper leurs doutes quant à la perte de confort d’utilisation.
La CAPCA a diffusé l’information auprès des bénéficiaires via le site internet de la communauté d’agglomération, mais aussi en sollicitant les 42 communes pour relayer l’information dans les revues et journaux locaux. Le conseil communautaire et les élus ont également leur rôle à jouer : communiquer sur la criticité du contexte hydrique local et rappeler l’importance d’une utilisation raisonnée de la ressource pour sensibiliser toujours plus d’administrés.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Il n’y a pas eu de dimensionnement à proprement parlé. En effet, pour ce qui est du matériel lui-même, il vient se fixer sur des équipements (robinetterie, tuyauterie, etc.) aux tailles standardisées, aucun dimensionnement n’est donc nécessaire. Nous avons simplement procédé à une sélection des équipements présentant le meilleur rapport coût/m3 d’eau économisé.
Coté déploiement de la démarche, nous espérions, par un effet de nouveauté, équiper la première année au moins un tiers des foyers, et peut-être même jusqu’à deux tiers à moyen terme. Aujourd’hui, moins de 400 foyers ont profité du dispositif sur un total de 20 279.
L’adhésion des citoyens est donc lente. Il subsiste encore des freins. Pour y pallier, nous comptons sur la participation des élus et l’exemplarité des communes. C’est pourquoi, la communauté d’agglomération a équipé tous ses bâtiments, siège, crèches, vestiaires d’équipements sportifs, dès 2021. En parallèle, nous avons mis en place un programme d’animation auprès des scolaires du territoire depuis 3 ans, afin de promouvoir une gestion et des usages raisonnés de la ressource.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le financement du matériel hydro-économe se fait à trois niveaux. Au premier niveau, il y a l’Agence de l’eau qui subventionne l’achat du matériel à hauteur de 70%. La participation financière de l’usager correspond à 10% du prix réel de l’équipement. Et enfin, la communauté d’agglomération prend à sa charge les 20% restants. Elle a pour cela alloué une enveloppe de 25 000 euros sur la durée de l’opération.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Privas-Centre-Ardèche dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
L’Agence de l’eau a joué un rôle central à chaque étape du processus, de la mise à l’agenda jusqu’à la réalisation.
Le deuxième acteur qui accompagne la collectivité au quotidien est bien entendu son prestataire, Treval France. Après avoir créé la plateforme en ligne de gestion des commandes, ce dernier assure aujourd’hui leur traitement et vérifie également l’éligibilité des clients (quantité de produits, secteur géographique, etc.).
[1]Le classement des ZRE constitue un signal fort de reconnaissance du déséquilibre durablement installé entre la ressource et les prélèvements en eau existants, lesagencesdeleau.fr