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Politique de renouvellement des canalisations d’eau potable au SDeau(50)

Dans la Manche, le SDeau50 surveille, entretient et renouvelle les 6 200 kilomètres de canalisations qui distribuent quotidiennement l’eau potable aux abonnés. Mis en service entre les années 1950 et 1970, ces tuyaux atteignent peu à peu l’obsolescence.

Avec le temps, les canalisations peuvent devenir fuyardes ou engendrer une dégradation de la qualité de l’eau. Lorsque les réparations liées aux fuites deviennent trop fréquentes, il faut alors les remplacer. Depuis la prise en charge de cette compétence production distribution en 2017, le SDeau50 entreprend chaque année des travaux de renouvellement sur les secteurs prioritaires définis à l’avance grâce à une surveillance quotidienne des dispositifs de comptage et une historisation des fuites réparées sur canalisations.

Subventionnés par l’Agence de l’eau sous conditions, ces travaux permettent de renouveler en moyenne près de 22 km de canalisations par an. Pour faire face aux besoins croissants et accroitre son taux de renouvellement, le SDeau50 a engagé une étude tarifaire sur le prix de l’eau visant à dégager les financements nécessaires à ces travaux qui représentent actuellement plus de 4 millions d’euros par an.

Entretien avec Bruno Carbonnel, directeur études et travaux au SDeau50

Parole de collectivité
Bruno Carbonnel, directeur études et travaux au Syndicat départemental de l’eau de la Manche - Crédits photo : SDeau50
Distribution de l’eau

Ce projet est présenté par :

  • Bruno Carbonnel, directeur études et travaux au Syndicat départemental de l’eau de la Manche (SDeau50)
Les canalisations représentent 80% de la valeur patrimoniale du syndicat.
Bruno Carbonnel

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet du renouvellement des canalisations d’eau potable s’est-il imposé à l’agenda du SDeau50 ?

Les études de diagnostic de réseau subventionnées par l’Agence de l’eau sont un outil primordial pour l’établissement de notre programme de renouvellement. Ces études permettent notamment de mieux cibler les tronçons prioritaires devant faire l’objet de travaux parmi nos 6 200 km de réseau en examinant les indicateurs de performance du réseau (rendement, indice linéaire de perte) sur des secteurs plus petits (15 à 20 km en moyenne). Ces études permettent ainsi d’établir un programme prévisionnel de travaux sur une durée de 10 ans. Les priorités peuvent néanmoins évoluer au fil du temps, notamment en fonction du taux de fuite des canalisations. Si l’on repère, par exemple, un tronçon d’un kilomètre où il y a eu plusieurs fuites par an, celui-ci devient prioritaire. Les travaux permettent également de supprimer des problèmes de qualité de l’eau rencontrés sur des canalisations en fonte, qui font partie des premières conduites posées dans les années 50. Les problématiques de chlorure de vinyle monomère (un gaz qui peut être relargué dans l’eau par les conduites en PVC posées avant les années 1980) alimentent également le programme de travaux.

En résumé, nous nous basons sur une analyse multicritères (qualité de l’eau, nature du matériau, année de pose, fréquence des casses de conduites …) pour déterminer quels secteurs doivent être rénovés en premier. Le dernier facteur pris en compte est organisationnel : lorsque notre besoin est identifié, nous examinons la possibilité de coupler nos travaux d’eau potable avec d’autres opérations conjointes entreprises par les collectivités locales (renouvellement de réseaux d’assainissement, réfection de voirie) afin d’optimiser financièrement l’opération et de limiter la gêne pour les riverains.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Sur les rénovations de canalisations, nous n’avons pas forcément été regarder ailleurs. Ce type de travaux était déjà réalisé dans la plupart des collectivités et syndicats de l’eau avant même la création du SDeau50 en 2012. Nous avons donc repris ce qui se faisait déjà et initié des études diagnostiques de réseau sur tout le territoire afin de disposer d’un été exhaustif des besoins en travaux et de pouvoir augmenter progressivement les linéaires renouvelés. Lors de la création du syndicat, les élus et agents du SDeau50 se sont notamment inspirés du Syndicat des Eaux et de l’Assainissement Alsace-Moselle (SDEA) pour bénéficier de leur expérience acquise depuis plusieurs décennies.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

L’étude d’impact n’est que très rarement exigée pour les travaux de renouvellement de canalisations répartis sur le territoire. Elle peut en revanche être menée dans le cas de gros projets portant sur la création de réseaux d’interconnections (« autoroutes de l’eau » permettant de relier entre elles et de sécuriser plusieurs usines de production). En amont de nos projets,  nous menons plutôt des études de diagnostic de réseau qui sont réalisées en plusieurs  phases : D’abord, un état des lieux en phase 1 avec l’étude des caractéristiques du réseau : quels sont les matériaux des conduites, quelle est leur année de pose, quelle est la fréquence et la localisation de fuites….

En phase 2, il est procédé à la réalisation d’une campagne de mesure des débits de fuite sur les compteurs de sectorisation qui permettent de « découper » un réseau donné (de 200 km par exemple) en plusieurs secteurs plus petits (15 à 20 km) par exemple. Ce travail permet de calculer des indicateurs de performance du réseau sur des secteurs plus petits et donc de commencer à mieux cibler les secteurs les plus fuyards. On calcule ainsi pour chaque secteur le rendement du réseau : le rapport entre le volume d’eau consommé (mesuré au compteur des abonnés), versus celui injecté dans le réseau. La phase 2 comporte également la réalisation d’une modélisation hydraulique du réseau de distribution permettant notamment d’identifier plusieurs problématiques : secteurs avec une pression trop faible ou trop forte, conduites en PVC présentant un risque de relargage de chlorure de vinyle monomère, …

En phase 3, l’objectif est de détecter et de réparer un certain nombre de fuites existantes sur le réseau de distribution. Pour ce faire des « dispositifs d’écoute » sont mis en place au niveau des vannes du réseau. La détection d’un bruit caractéristique émis par la fuite permet de localiser cette dernière à quelques mètres près. Il faut ensuite terrasser pour la trouver et la réparer. A l’issue de ces réparations, les indicateurs de performance du réseau sont recalculés à nouveau par secteur.

La phase 4 de l’étude consiste à établir un programme de travaux chiffré et hiérarchisé à partir des priorités identifiées lors des phases précédentes.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un projet ?

Il est nécessaire de disposer d’un système d’information géographique (SIG) qui permette de bien historiser les « incidents » sur le réseau c’est à dire les fuites et casses qui ont été identifiées et réparées. C’est une base de données où l’on répertorie également l’année de pose, le matériau, le diamètre des conduites. L’ensemble de ces données correspondent aux critères de priorisation, ce qui est vraiment utile pour programmer les travaux. Cinq commissions de distribution ont été constituées sur le territoire dans un souci de proximité. Un chargé d’opération est dédié à chacune des 5 commissions afin de favoriser une connaissance fine de chaque territoire et de faciliter le dialogue avec les élus locaux.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

La première chose en amont, c’est d’associer les élus locaux du SDeau50 lors de la phase d’étude diagnostique du réseau. Nous recueillons également chaque année les projets de travaux des collectivités et autres concessionnaires de réseaux. Cela nous permet, à chaque fois que cela est possible, de conjuguer nos travaux aux leurs (travaux de voirie, de réseaux d’assainissement ,..). Nous communiquons également vers les mairies, en rédigeant des plaquettes pour le bulletin municipal à destination des citoyens, avec les dates et le lieu des travaux prévus. Lors de la réalisation des études de maîtrise d’œuvre, un courrier d’information est envoyé à nos abonnés concernés par les travaux pour les informer que le bureau d’étude viendra faire une visite sur leur terrain pour optimiser l’emplacement de leur compteur d’eau. Cela donne lieu à un rendez-vous qui permet un contact privilégié avec le particulier. Sur certains projets, cela peut aussi donner lieu à une réunion publique en mairie.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Pour l’étude diagnostique de réseau, nous sommes aidés par l’Agence de l’eau à 50 % (80% pour les études élargies à l’élaboration d’un Plan de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau potable). Le financement des travaux repose en partie sur l’autofinancement, apporté par nos recettes de vente d’eau (prix de l’eau). Nous avons également recours à l’emprunt au travers de consultations auprès des établissements bancaires, dont la Banque des Territoires qui apporte des financements pour les projets du SDeau50. Il y a aussi les aides financières de l’Agence de l’eau : sur le 11ème programme qui s’achève fin 2024, les taux de financement étaient entre 40 et 60% maximum. Dans le cas du 12ème programme à venir, le taux de subvention de l’Agence de l’eau devrait être calculé sur la base des volumes d’eau économisés avec les travaux. Nous avons aussi bénéficié d’aides européennes ponctuelles dans le cadre du plan de relance post-covid sur la période 2021-2022.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné le SDeau50 dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Nous avons des bureaux d’études qui assurent la maîtrise d’œuvre (conception/réalisation des  projets en lien avec nos chargés d’opération), une partie des opérations étant également réalisée en maîtrise d’œuvre interne. Il y a aussi des entreprises qui vont réaliser des études préalables : topographique (pour connaître l’altitude du terrain), géotechnique (pour connaître la nature des sols), qui conditionnent aussi le coût des travaux),… Il y a aussi les entreprises de canalisateurs qui réalisent ces travaux. Nous venons de mettre en place un accord cadre à marchés subséquents pour ces travaux. Ce dernier nous a permis de retenir 6 entreprises qui seront consultées à chaque opération.

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Le projet en détails

Dates clés

2012

Création du SDEAU50

2017

Date du début de la compétence « production-distribution » associée au renouvellement des canalisations

2025

Début du 12ème programme

Chiffres clés

6 200

km de réseau de patrimoine

22

km/an renouvelés en moyenne, pour un montant moyen de 4,6 M€/an (sur les cinq dernières années)

83

% de rendement moyen (moyenne nationale de 81,3%)

À retenir

Petit à petit, on résorbe les “points noirs”, ces conduites qui engendrent des fuites très fréquentes. Si sur un tronçon il y a une dizaine de fuites par an, cela signifie dix coupures d’eau par an pour les abonnés… Avec nos programmes de travaux priorisés, nous arrivons à supprimer progressivement ces tronçons qui engendrent le plus de troubles aux abonnés.

Une piste d’amélioration prévue sera d’engager un diagnostic permanent du réseau. Cela permettra en temps réel de réactualiser notre étude diagnostique pour faire coller les priorités à la réalité du terrain et à l’évolution de la situation. Nous pourrons ainsi formaliser plus précisément tous les incidents recensés, les actions menées et leur impact sur les performances du réseau (rendement et indice linéaire de perte).

Ressources

Sdeau 50 - Programme de renouvellement de canalisations pluriannuel 2023-2024 CLEP Saint-Hilaire et Sourdeval

Fin juin 2023, le marché des travaux de renouvellement des réseaux sur l'année 2023-2024 dans les secteurs du CLEP de Saint-Hilaire et du CLEP de Sourdeval a été attribué, le groupement d’entreprises STURNO (mandataire), PIGEON TP Normandie et MONGODN qui est titulaire du marché.

Les partenaires de ce projet

(AESN) agence-de-leau-seine-normandie_logo

Agence de l’eau Seine-Normandie

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Banque des Territoires

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