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À Besançon (25), l’infiltration urbaine est devenue la norme au cœur des quartiers Vauban et Viotte

Dans le Doubs (25), la ville de Besançon se distingue depuis plusieurs années par ses engagements environnementaux et particulièrement en matière de gestion des eaux pluviales.

En effet, la ville est située sur un sol karstique dans lequel l’eau s’infiltre vite et n’est pas stockée. Dès les années 2010, la collectivité a engagé une véritable révolution dans la manière de concevoir la ville et ses infrastructures. Aujourd’hui, des projets phares tels que l’écoquartier Vauban, précurseur dans l’infiltration de l’eau pluviale ou le quartier Viotte démontrent que l’infiltration des eaux pluviales peut être la règle pour tous les projets urbains. Plus qu’un simple volet technique, cette approche reflète une vision durable et résiliente de l’aménagement urbain, pensée à l’échelle du cycle de l’eau.

Entretien avec Aurélien Laroppe, Vice-Président de la communauté urbaine du Grand Besançon

Parole de collectivité
Aurélien Laroppe, Vice-Président de la communauté urbaine du Grand Besançon en charge de : PLUI, urbanisme opérationnel, Action foncière, Topographie, Règlement local de publicité, Grands travaux, Service Autorisations du Droit des Sols, relation aux communes et conventions - Crédits photo : Banque des Territoires
Gestion des eaux pluviales

Ce projet est présenté par :

  • Aurélien Laroppe, Vice-Président de la communauté urbaine du Grand Besançon en charge de : PLUI, urbanisme opérationnel, Action foncière, Topographie, Règlement local de publicité, Grands travaux, Service Autorisations du Droit des Sols, relation aux communes et conventions.
L'innovation sur les sujets techniques émane davantage des services et de leurs expertises que d'une orientation purement politique.
Aurélien Laroppe

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Construit début XXe siècle, le site de la Caserne Vauban de 7 hectares a fonctionné en vase clos, avec une vocation exclusivement militaire. En 2016, suite à la libération du site par le 19e Régiment du Génie, la Ville de Besançon a souhaité reconvertir et valoriser ce site pour en faire un écoquartier. Pour cela, elle décide d’élaborer un projet d’aménagement urbain, une solution qui offre une cohérence sur l’ensemble du projet. Le maire de l’époque choisit un aménageur privé, en l’occurrence CM CIC Aménagement foncier, pour piloter le projet.

La ville dispose d’un droit de regard sur le permis d’aménager et marque sa volonté de créer un quartier exemplaire en matière de Développement Durable, notamment sur la gestion des eaux pluviales avec un objectif de zéro rejet dans les réseaux avec comme référence pour les épisodes pluvieux une pluie centennale.

Si aujourd’hui la gestion des eaux pluviales est intégrée dans tous les projets urbains, à l’époque c’était très ambitieux, mais nous avons en interne des collaborateurs très calés sur le sujet de l’eau.

GBM a engagé la réalisation d’un schéma directeur  de gestion intégrée des eaux pluviales (SDGIEP) qui figurera en annexe du futur Plan local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi) que nous sommes en train de rédiger. Désormais l’infiltration sera la règle, le raccordement au réseau public, l’exception.

Pour atteindre l’objectif de zéro rejet, l’assainissement pluvial se basera essentiellement sur la mise en œuvre des techniques alternatives dont les principes fondamentaux sont les suivants :

  • Respecter les écoulements naturels,
  • Stocker l’eau à la source,
  • Favoriser l’infiltration,
  • Veiller au stockage des épisodes pluvieux exceptionnels ou à la répétition d’épisodes pluvieux.

 

Il n’est plus question de créer des ouvrages spécialement dédiés à la gestion de l’eau, mais d’affecter cette fonction hydraulique à d’autres ouvrages, pour lui créer une seconde fonction. Ainsi par exemple, des espaces verts d’alignement deviennent des ouvrages de gestion des eaux pluviales, des chaussées peuvent devenir ponctuellement des chaussées réservoirs.

Différentes techniques alternatives au « tout tuyau » sont donc développées : structures réservoir, noues, bassins paysagers, tranchées d’infiltration.

Ce concept permet d’apporter une forte valeur ajoutée, en termes de qualité paysagère, tout en limitant les coûts d’aménagements.

Ce parti pris en termes d’investissement est important et a une répercussion immédiate sur les coûts de fonctionnement.

La pluie sera gérée au plus près de son point de chute, ce qui implique la participation des promoteurs à l’effort global en termes de limitation de l’imperméabilisation ou de tamponnage des volumes. Chaque acquéreur devra donc apporter des solutions adaptées comme des toitures végétalisées, des massifs drainant sous chemin piétons, des espaces verts en creux,…

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Pour l’écoquartier Vauban, nous nous sommes inspirés de  l’écoquartier de Fribourg et des différents écoquartiers déjà labellisés au niveau français. Mais je pense qu’il s’agit surtout d’une volonté politique et d’une capacité technique forte en interne.

Aujourd’hui, nous sommes aménageurs sur d’autres projets tels que le quartier Viotte, un projet exemplaire en termes de technicité. L’infiltration à la parcelle se fait par des noues avec de nouveaux systèmes de stockage, la difficulté tient à la présence d’un parking souterrain qui nous oblige à infiltrer l’eau dans une faille plus loin sur le site. Nous utilisons d’autres mécaniques de tampon comme des arbres plantés sur les façades. D’un point de vue urbanistique, c’est très intéressant parce que les façades sont de vraies végétalisations et l’eau pluviale est stockée dans ces gros pots de fleurs. Cela nous permet d’avoir une première temporisation, l’eau redescend dans une noue dans le sol et ensuite cela repart sur de l’infiltration à la parcelle.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Pour l’écoquartier Vauban, différentes études ont été menées en amont, notamment des études préalables de faisabilité conduites dès 2008 par la ville de Besançon (étude confiée au Groupement Michelin qui a dessiné le schéma d’aménagement) ainsi qu’une étude d’impact déposée à la DREAL le 31/07/2015 avec un avis de l’autorité environnementale reçu le 21/10/2015.

La ville de Besançon repose sur un sol karstique ce qui génère des pertes d’eaux importantes en été. L’infiltrer à la parcelle nous permet d’intégrer des mécaniques de stockage de l’eau, afin de compenser une perte qui nous pose problème à cause de l’usage croissant de l’eau sur l’agglomération.

Le quartier Vauban a été précurseur de bien des façons, mais dans le cas du concept de zéro rejet dans le réseau d’assainissement nous avons dû réfléchir à un système de tamponnage, c’est-à-dire retenir l’eau pour la réinjecter petit à petit dans le milieu.

La gestion des eaux pluviales est dissociée en fonction de leur provenance. Les eaux pluviales de l’espace public sont recueillies et stockées par des bassins d’infiltration au centre du projet (l’eau est acheminée dans le bassin par un système de siphons et de canalisations ou de noues) et par cinq ensembles de cagettes (rétention de l’eau) localisées en périphérie, ensuite l’eau est acheminée dans un bassin par un système de siphons et de canalisations ou de noues puis elle est traitée par un filtre à sable et infiltrée avec un faible débit dans une faille située sous le bassin. Il y a eu toute une série d’études extrêmement précises pour vérifier les conditions d’injection dans cette faille, de sorte à ne pas créer de nouveaux désordres. Tout est calculé sur la base d’une pluie centennale. Les eaux pluviales des espaces privés sont gérées à la parcelle.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce type de projet ?

Ce sont des projets qui regroupent de nombreuses compétences, nos services (urbanisme) travaillent en étroite collaboration avec le Département de l’eau et de l’assainissement (DEA), les services Grands Travaux avec Antoine Gracia qui est hydrogéologue et les espaces verts. Mais pour l’écoquartier Vauban, nous avons également travaillé avec les bureaux d’études techniques de CM CIC Aménagement foncier ainsi qu’avec un bureau d’études d’ingénieurs techniques (bureau d’études Lollier Ingénierie).

Les principaux sujets à maîtriser sont :

  • Identification des contraintes et des enjeux d’aménagement
  • Définition et calibrage de la programmation
  • Définition des lignes directrices du projet urbain (orientations programmatiques, architecturales, urbanistiques et environnementales)

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le CM CIC Aménagement foncier pilote le projet de l’écoquartier Vauban, mais nous sommes restés très attentifs. Nous savions que le milieu était complexe et nous avons mis la barre très haut.

En septembre 2006, nous avons lancé une concertation, avec un dossier de consultation à disposition du public, l’organisation de réunions pour expliquer le projet et une communication régulière via les supports d’information de la collectivité.

Entre 2009 et 2012, trois réunions publiques ont réuni à chaque fois entre 150 et 200 personnes. Deux autres réunions ont aussi eu lieu avec les membres du conseil consultatif d’habitants des quartiers Grette et Butte.

La maison de projet, installée au cœur du quartier, a joué un rôle clé : c’est là que les échanges se sont faits au quotidien, un vrai lien entre les habitants et le projet.

Cela ne s’est pas arrêté là : avant le dépôt du permis d’aménager de la phase 1, d’autres réunions ont été organisées. Pour la phase 2, des balades urbaines ont permis aux habitants de comprendre les enjeux de l’écoquartier.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Dans le cadre de l’appel à projets de 2013 « Réduire la pollution pluviale – Reconversion du site de la caserne Vauban » nous avons reçu une subvention de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse à hauteur de 50% (175K€) du montant des travaux de Gestion des eaux pluviales (350K€).

L’opération a été concédée à l’aménageur privé (CM CIC Aménagement foncier) qui s’est engagé à réaliser le projet tel que nous le souhaitons, à ses frais et risques. L’avantage, c’est que cela ne coûte rien à la collectivité mis à part en temps homme (ETP) pour le suivi permanent du projet.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ces projets ?

Sauf dans le cadre de l’écoquartier Vauban piloté par l’aménageur concessionnaire – Crédit Mutuel Aménagement foncier, l’ensemble des grands projets sont menés par la ville. Ce n’est pas le cas de toutes les collectivités, mais on a la chance d’avoir des compétences en interne comme un hydrogéologue (Antoine Gracia) ultra calé sur le sujet. Toutefois nous nous appuyons systématiquement sur des bureaux d’études pour affiner certains éléments.

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Le projet en détails

Dates clés

2008

Mise à l'agenda

2008

Inspiration

2009 - 2012

Diagnostic et planification

dès 2016 - en cours

Réalisation du projet

Chiffres clés

350 000

euros, le montant des travaux de Gestion des eaux pluviales

175 000

euros, le montant de la subvention reçue de l'Agence de l'eau

À retenir

L'infiltration à la parcelle fonctionne ! Physiquement c'est possible et ça marche parce que nos équipes accompagnent et poussent les promoteurs et des entreprises privées pour trouver des solutions d'infiltrations.

Les bureaux d’études et les promoteurs savent que l’infiltration est la règle, ce qui crée une compétence locale.

Un projet urbain est extrêmement long et quand on vient avec des innovations comme la question de l'infiltration des eaux, on rajoute encore du délai sur la mise en œuvre du projet.

Ressources

Plus fraiche ma ville - Objectif Zéro rejet pour l‘écoquartier Vauban à Besançon

À Besançon, l'imperméabilisation des sols en ville favorise le ruissellement pluvial, ce qui sature le réseau d'assainissement lors d'épisodes de fortes pluies. Pour éviter la surcharge et le rejet d'eaux polluées en milieu naturel, la Ville préconise l'infiltration des eaux privées et la mise en place de techniques alternatives.

Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Rhône-méditerranée-corse

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

Lollier Ingénierie

En savoir plus sur le Grand Besançon

communes membres

67

habitants

197 494

Données de contact

L'eau sur mon territoire

logo aquarepère

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