A Bourcefranc-le-Chapus (17), des poches d’huîtres recyclées servent à construire des places de parking perméables

Comment l’installation de places de parking à base de déchets ostréicoles s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?

Nous étions en contact régulier avec Charlotte Rhone, responsable environnement, sécurité et urbanisme au sein du CRC 17 (Comité régional de la conchyliculture en Charente-Maritime). Invitée à bord du bateau laboratoire de l’ONG Plastic Odyssey – qui lutte contre la pollution plastique des océans – elle a rencontré les fondateurs de Purple Alternative Surface, une start-up Belfortaise spécialisée en revêtements routiers d’un genre nouveau. Charlotte Rhone avait amené des poches et des collecteurs d’huîtres et ensemble, ils ont pu concevoir une dalle perméable à base de déchets plastiques, dont 50 % sont issus de l’ostréiculture. Le CRC 17 étant dans une démarche environnementale depuis plusieurs années, cette opération appelée Conchyl’Innov rentrait complètement dans leur projet. En tant que premier port ostréicole du département, nous nous sentons concernés par le recyclage de ces déchets professionnels. L’opportunité de refaire un de nos parkings a servi de tremplin, nous nous sommes portés volontaires pour ce projet expérimental d’une durée de trois ans.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

L’inspiration est venue du CRC qui nous a soumis l’idée. Mais Conchyl’Innov s’inscrit aussi dans une démarche plus large de végétalisation et de gestion durable des espaces urbains, en lien avec le SCOT (Schéma de cohérence territoriale).

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Aucune étude de faisabilité ni d’impact n’a été menée sur la zone choisie pour l’expérimentation. Seule une autorisation de voirie a été délivrée. Cependant, le cahier des charges établi par Purple Alternative Surface imposait que le site réponde à plusieurs critères : être circulable, bien visible et situé sur des sols perméables. Il nous a semblé opportun que la zone test soit installée sur le port, où la fréquentation touristique est très importante. Près de 30 000 personnes y viennent chaque année, notamment pour visiter le fort Louvois. Ces trois places de stationnements, équipées de dalles issues du recyclage des déchets plastiques ostréicoles, sont bien mises en évidence, avec une colonne-vitrine, installée à proximité, qui explique les différentes étapes du recyclage et souligne l’intérêt environnemental de cette initiative.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Je pense qu’il faut avant tout avoir la volonté d’innovation, pour faire évoluer les matériaux de voirie. Nous avons essayé avec des déchets ostréicoles, en écho avec les spécificités de notre territoire, mais tout déchet plastique peut être recyclé de cette manière. Cependant pour limiter l’impact environnemental, l’idéal serait de pouvoir broyer sur place ou à proximité, ce qui n’a pas été le cas pour cette expérimentation. Les collecteurs et poches à huîtres ont dû être envoyés à Belfort, où Purple Alternative Surface a réalisé les premières transformations. Néanmoins ce frein pourrait être bientôt levé. Le CRC en partenariat avec l’atelier d’insertion Terre Mer Chantier de Saint-Pierre-d’Oléron, travaille à la mise en place d’un centre de collecte et de broyage des poches d’élevage d’huîtres. Objectif : atteindre des volumes suffisants pour produire des dalles issues des déchets plastiques ostréicoles, localement.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Pour la phase de test, trois places de stationnement ont été jugées suffisantes. Afin de mettre en lumière ce projet innovant, une inauguration a été organisée, accompagnée d’une communication dédiée autour de l’installation. La vitrine explicative, installée sur site, joue également un rôle clé en informant les visiteurs et en les sensibilisant à l’importance de cette démarche.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Ce projet n’a rien coûté à la collectivité car c’était à titre expérimental, nous étions zone test. Nous avons simplement mis à disposition les trois places de stationnement pour Purple Alternative Surface.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné votre mairie dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Charlotte Rhone, du Comité régional de la concyhiliculture en Charente-Maritime (CRC 17).

Pierre Quinonero et Sebastien Molas, co-fondateurs de Purple Alternative Surface.