Boigny-sur-Bionne (45) village modèle pour la gestion des eaux pluviales
A Boigny-sur-Bionne, village situé en bordure de la forêt d’Orléans (Loiret), on pratique la gestion intégrée des eaux de pluie depuis près de 30 ans. Cela a commencé lors de la création de la zone d’activité qui accueille aujourd’hui de grandes entreprises comme le pôle recherche du groupe LVMH. La volonté était de préserver l’environnement boisé et de limiter au maximum l’imperméabilisation des sols.
Des parkings avec des revêtements drainants, des fossés végétalisés et des bassins de stockage perméables ont été privilégiés. La ligne directrice était tracée et elle s’est poursuivie avec la création d’un parking en herbe près du gymnase, la végétalisation de la cour de l’école élémentaire, la création d’un lotissement avec gestion des eaux pluviales à la parcelle, et la rénovation, plus récente, du centre-bourg.




Entretien avec Christophe Picard, directeur des services techniques de Boigny-sur-Bionne
Ce projet est présenté par :
- Christophe Picard, directeur des services techniques de Boigny-sur-Bionne
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la gestion des eaux pluviales s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
L’intérêt de la commune de Boigny-sur-Bionne pour la gestion intégrée des eaux pluviales est directement lié à la personnalité de son directeur des services techniques, Christophe Picard. Issu d’une famille de forestiers, il en a hérité du sens de l’observation de la nature et de la recherche de solutions simples, économiques et respectueuses de l’environnement. Il a complété sa formation d’ingénieur par l’étude de la topographie et s’intéresse toujours à la pluviométrie ou à l’altimétrie. « La nature du sol, son orientation, son altitude, son couvert végétal, tout cela donne des indications précieuses sur la capacité à absorber les eaux de pluie », indique-t-il.
La commune a aussi mesuré de façon brutale le risque d’une mauvaise imprégnation des eaux pluviales lors des inondations du printemps 2016. Les eaux de la Bionne ont envahi une trentaine de maisons dans le bas du village. Grâce aux mesures d’absorption et stockage, et aussi en raison des travaux d’aménagement du syndicat intercommunal du bassin de la Bionne, les débordements de 2024 ont ensuite été très limités.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nos sources d’inspiration reposent principalement sur les observations de l’espace naturel et sur les connaissances en matière de composition des sols. Nous avons en particulier acquis une bonne expertise dans les revêtements « sans fines », c’est-à-dire avec le minimum de poussières de calcaire et le maximum de granulats plus gros pour faciliter l’infiltration. Nous avons aussi la chance en Val de Loire de disposer de granulats de silex dont la structure réserve des espaces de vide plus importants.
Pour nous inspirer, nous échangeons régulièrement avec les autres collectivités lors des « Biodiv’tour », ces visites de terrain organisées régulièrement par l’Agence Régionale de la Biodiversité. A l’inverse, il nous est arrivé de recevoir des délégations de villes du Danemark et du Laos jumelées avec notre région.
Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Les compétences à maîtriser relèvent à la fois de connaissances scientifiques et de pratiques techniques. Les connaissances scientifiques s’appuient sur l’hydrologie, la topographie, la géologie et l’écologie. Les pratiques techniques sont celles du génie civil : le travail du sol, le drainage, la construction.
Il faut aussi pouvoir s’extraire de certaines pratiques conventionnelles. Lorsque nous avons créé des bassins d’orage végétalisés en pleine terre, la tendance était plutôt à l’époque de les étanchéifier. De la même manière, lorsque nous avons créé un espace végétalisé à l’école élémentaire, on ne parlait pas encore de cours oasis.
Avez-vous obtenu l’adhésion des citoyens et/ou coconstruit avec eux ?
Les projets importants font généralement l’objet d’une information aux habitants par l’intermédiaire du magazine municipal ou du site internet. Pour le réaménagement de la cour de l’école, on peut véritablement parler de co-construction. Les enseignants, les animateurs et même les enfants ont été associés de très près au projet.
Nous avons fait appel à un architecte paysagiste spécialisé dans l’urbanisme et la maîtrise d’œuvre paysagère. Des rencontres et réunions ont eu lieu tout au long du projet pour recueillir les avis et définir les différents espaces de jeu, de verdure, et aussi de calme à la demande des enfants. Ils se sont ensuite appropriés le nouvel espace très facilement.
Avez-vous mené une étude en amont du projet pour définir sa faisabilité et/ou son impact ? Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?
Certains projets nécessitent une étude d’impact comme celui de la création du nouveau quartier de la Clairière. Il s’agissait de construire 141 logements sur 9 hectares. Des études ont été conduites pour évaluer les effets sur la flore, la faune et la gestion de l’eau. Le projet se caractérisait par une obligation de gestion des eaux pluviales à la parcelle, c’est-à-dire que les eaux de pluie devaient être intégralement absorbées par le sol. L’aménageur et la ville ont apporté des conseils techniques pour y parvenir grâce au drainage, la création de puits perdus ou de réserves enterrées, et nous avons aménagé des corridors écologiques avec des bandes boisées.
Le projet était bien dimensionné car tous les logements ont été commercialisés et aucun problème d’humidité excessive n’a été signalé.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?
Pour ce qui concerne notre dernier projet, à savoir le réaménagement du centre-bourg avec la désimperméabilisation des sols et la création de parking sur revêtement drainants, le budget s’est élevé à 500 000 € pris en charge de la manière suivante :
- Budget communal : 92 000 €, soit 20,5 %
- Département du Loiret : 100 000 €, soit 22,3 %
- Région Centre Val de Loire (Feder) : 83000 €, soit 18,5 %
- Agence de l’eau Loire-Bretagne : 173 000 €, soit 38,6 %
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Architecte paysagiste Olivier Striblen
Cabinet VRD INCA
Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?
La prise en compte de la gestion des eaux pluviales est d’abord une affaire de volonté et de détermination dans la durée. Il convient donc de se fixer des objectifs précis et de s’y tenir sur le long terme. Il faut aussi être un peu visionnaire car, il y a trente ans, la priorité n’était pas du tout à l’intégration des eaux de pluie et aux solutions inspirées par la nature.
Heureusement, d’importantes évolutions des mentalités ont eu lieu au cours de ces dernières années en faveur du respect des cycles naturels, et en tout premier lieu de celui de l’eau.
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Le projet en détails
Dates clés
2022
2024
2025
Chiffres clés
3 000
500 000
30
À retenir
Coût relativement modéré du réaménagement du centre-bourg grâce à une étude préalable très détaillée et le recours à des moyens simples et naturels, ainsi qu’à la limitation des linéaires de tuyauteries
Effet immédiat sur la qualité du cadre de vie et l’embellissement de l’âme du village avec la végétalisation qui préserve des ilots de fraîcheur
Complexité du montage du dossier et de la recherche de financement pour une petite commune qui ne peut pas disposer de toutes les expertises
Ressources
Gestion de l'eau dans la ville, à Boigny-sur-Bionne
Agence régionale de la biodiversité en Centre-Val de Loire
Les partenaires de ce projet

Agence de l’eau Loire-Bretagne

Département du Loiret

Région Centre Val de Loire
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur la commune de Boigny-sur-Bionne
habitants
Données de contact
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