La métropole de Lyon (69) et ses arbres de pluie : capter et favoriser l’infiltration des eaux de ruissellement

Comment le projet des arbres de pluie s’est‐il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

La conscience des enjeux d’adaptation au changement climatique, comme la conscience d’une nécessaire restauration du cycle de l’eau, nous a poussés à formaliser de manière plus ambitieuse des pratiques qui avaient déjà cours à la métropole de Lyon. Nous avons voté en mars 2022 une stratégie cadre de ville perméable. Il s’agit de favoriser l’infiltration de l’eau de pluie au plus près de l’endroit où elle tombe. Là où c’est possible, les eaux de pluie sont déconnectées des réseaux de collecte des eaux usées. Cela permet d’éviter d’engorger les réseaux et les stations d’épuration lors des épisodes pluvieux intenses et de prévenir ainsi les inondations et la pollution des milieux aquatiques. C’est aussi davantage d’eau qui vient irriguer la végétation, qui est notre climatiseur naturel. Les élus, tous bords confondus, s’intéressent au sujet. C’est une politique qui fait l’unanimité : tout le monde comprend l’intérêt de gérer l’eau différemment. Il faut maintenant acculturer les services pour que tous les projets intègrent au préalable la question de la gestion des eaux pluviales. Cela nécessite des changements de culture métier, il faut revoir les manières de faire, cela prend du temps, les services doivent être accompagnés dans cette transformation.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Il y a beaucoup d’inspiration en interne, les services étaient déjà porteurs d’expérimentations. Il y a aussi souvent des échanges, des formes d’inspirations mutuelles sur la nécessaire restauration du cycle de l’eau, avec Montréal et Québec. Enfin, la métropole de Lyon bénéficie de tout un écosystème de recherche local : de nombreux laboratoires, des écoles d’ingénieurs, des associations travaillent sur le sujet depuis maintenant près de trente ans. Les services de la métropole ont l’habitude de travailler de manière itérative avec les chercheurs.

Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Il n’y a pas eu d’études de faisabilité car les arbres de pluie ont été développés dans le cadre d’un projet européen : Life Artisan. C’est un projet pilote, une expérimentation. Il y a maintenant une étude d’impact. Les arbres sont équipés de capteurs, et nous mesurons les apports du dispositif : bénéfices pour les réseaux, la végétation, la biodiversité, le cadre de vie.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?

Ce projet se situe à l’interface entre l’eau, le végétal et la voirie. Il faut des compétences, en hydrologie et en hydraulique, sans oublier des experts du végétal. Cela implique aussi de faire évoluer les pratiques pour tout ce qui relève de l’entretien et du nettoiement. Toutes les techniques mises en œuvre pour créer des arbres de pluie sont facilement réalisables. Nous avons d’ailleurs publié un livret technique très accessible pour comprendre le sujet. [voir lien en bas de page]

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Sur le territoire de la métropole de Lyon, nous comptons 25 arbres de pluie, labellisés au sens du projet européen conçus par la direction du cycle de l’eau, en lien avec les services en charge du végétal et la voirie. Les services se sont appropriés le concept et l’on compte aujourd’hui près de 800 arbres favorisant l’infiltration des eaux pluviales. Ce sont des aménagements qui ne sont pas toujours strictement conformes au dispositif d’arbre de pluie, tel qu’il a été techniquement défini, mais qui restent intéressants, car ils favorisent l’arrivée des eaux pluviales en pied d’arbre plutôt que leur rejet au réseau d’assainissement unitaire.

Pour ce qui concerne l’acceptation sociale, les plantations au pied des arbres de pluie ont été réalisées dans le cadre d’une expérimentation participative. L’idée était que les gens s’approprient ces nouveaux objets urbains, qu’ils en soient les faiseurs, les gardiens. Il y a eu une mobilisation citoyenne qui a permis de réaliser les plantations avec des habitants du quartier. Les participants ont pu choisir les végétaux dans une palette de plantes qui requièrent peu d’entretien, adaptées à ces espaces et qui favorisent le développement de la biodiversité.

Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Pour le financement du projet Life Artisan, un montant total de l’ordre de 500 000 euros a été alloué, il bénéficie de 60 % de subventions de la part de l’Europe et de 40 % d’autofinancement de la métropole.

L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a également contribué, en accordant près de 42 000 euros d’aides.

En plus des 25 arbres de pluie « démonstrateurs », les services aménagent désormais des arbres de pluie sur l’ensemble du territoire de la métropole. Ces travaux sont financés par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, à hauteur de 50 %.

Enfin, Il faut compter entre 5 000 et 6 000 euros pour transformer un arbre d’alignement existant en arbre de pluie.