Le Fenouiller (85) : pour l’arrosage des terrains de foot, la pluie peut suffire
Sur le littoral vendéen, la commune de Le Fenouiller (5 000 habitants) est un trait d’union entre le bocage et le marais. La gestion quantitative de la ressource en eau y est une préoccupation forte pour les élus. La commune vise ainsi à se passer totalement d’eau potable pour ses besoins d’arrosage des espaces verts, y compris sur le stade.
En 2023, elle a inauguré un collecteur d’eau de pluie alimenté par la toiture de la tribune et un système automatisé d’arrosage pour ses terrains de foot.
Entretien avec Stéphane Guibert, vice-président de la commission environnement, bâtiments communaux, voirie et réseaux de Le Fenouiller
Ce projet est présenté par:
- Stéphane Guibert, vice-président de la commission environnement, bâtiments communaux, voirie et réseaux de Le Fenouiller
Stéphane Guibert
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la récupération de l’eau de pluie pour arroser les terrains de foot s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?
Je suis à mon deuxième mandat et j’ai toujours défendu le principe de la récupération de l’eau de pluie. L’eau est une ressource précieuse en Vendée, car seulement 7 % provient des nappes phréatique et le restant est prélevé en eau de surface. Pour moi, c’est un non-sens total d’utiliser de l’eau potable pour l’arrosage. Nous avons commencé par récupérer l’eau de pluie pour l’arrosage des parcs et jardinières de la commune. J’ai souhaité adopter une démarche similaire pour les terrains de foot, d’autant que ceux-ci sont drainés et que le drain se déverse à plein régime, de novembre à février, vers un ruisseau en contrebas. Ma première idée a donc été de récupérer l’eau de drainage pour alimenter une réserve de 3 000 m³. L’agence de l’eau ne nous a pas accordé de subvention pour ce projet, car elle craignait l’assèchement de la zone humide en aval. Je me suis alors réorienté vers un projet moins ambitieux, la récupération de l’eau pluviale sur le toit de la tribune.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
C’est d’abord une inspiration familiale : chez mes parents, nous arrosions les légumes uniquement avec de l’eau de pluie ! J’ai visité l’installation d’une autre commune et j’ai pu constater que ça fonctionnait à l’échelle d’une installation sportive.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, une étude de faisabilité prenant en compte la faune et la flore a été réalisée par le cabinet OCE environnement en 2022. Elle a révélé la présence d’un insecte protégé, le Capricorne du chêne, mais le projet n’avait pas d’impact sur son habitat. Après l’abandon du projet de cuve retenant l’eau des drains, nous sommes partis sur le projet de récupération des eaux pluviales sur le toit de la tribune. Nous nous sommes appuyés sur l’expertise d’Aquatical pour l’analyse des besoins en eau : il fallait une cuve de 80 m³ au minimum pour arroser les deux terrains. Nous avons opté pour une cuve de 100 m³, car la différence de prix était minime, et mon idée est de maximiser la récupération pour se passer totalement d’eau potable. Pour l’instant, ce que nous récupérons sur la toiture de la tribune ne suffit pas, mais à terme la toiture du complexe sportif (1 000 m²) sera également connectée.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Avant de se lancer, il faut connaître la pluviométrie moyenne sur 10 années, car s’il ne pleut pas suffisamment, cela peut mettre en cause le projet ! Il faut aussi savoir monter des dossiers de demande de subventions.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Le projet comprenait l’installation d’un système d’arrosage automatisé, dont nous avons discuté avec le club de foot. Il est conçu pour arroser uniquement la surface nécessaire, avec des arroseurs principaux au centre des terrains et d’autres autour. L’arrosage a lieu la nuit, lorsque le vent est faible et l’évaporation limitée, et le système ne se déclenche pas s’il a plu suffisamment. Ce n’est pas parce que c’est de l’eau récupérée qu’il faut la gaspiller. Il y a eu aussi une réflexion sur le travail du sol, le choix d’une graminée plus résistante à la sécheresse, la fréquence des tontes. Pour tout cela, je me suis appuyé sur le savoir-faire des techniciens et de notre responsable des espaces verts. Heureusement que les agents sont là pour appuyer les élus !
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
La commune a principalement autofinancé ce projet d’un montant total de 205 000 euros. Une subvention de 22 800 euros a été obtenue de la communauté d’agglomération, le Pays de Saint-Gilles Croix de Vie.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Le Fenouiller dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
En 2022 :
- Étude de faisabilité par OCE Environnement
- Relevé topographique par le cabinet Milcent Petit
- Étude géotechnique par Igesol
En 2023 :
- Forage par Géo-For
- Réalisation de la cuve et gestion du trop-plein par Sofultrap
- Installation du système d’arrosage par Aquatical
- Installation du local de pompage par PVE
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.
Le projet en détails
Dates clés
2022
2022
2023
Chiffres clés
100
205 000
À retenir
Économies d'eau potable et de temps des agents qui auparavant venaient mettre en marche l’arrosage en journée
Meilleure qualité d'arrosage.
Monter un dossier de subventions prend beaucoup de temps pour toucher peu ou pas d’aide. C’est décourageant.
Ressources
Ouest-France : Dans ce club de football de Vendée, l’arrosage automatique se fera avec de l’eau de pluie
La commune du Fenouiller (Vendée) vient d’achever en ce mois d’octobre, une période de plusieurs mois de travaux au sein de son complexe sportif. Un système d’arrosage automatique a été installé sur place ainsi qu’une cuve enterrée, pour récupérer l’eau de pluie des tribunes