À Nommay (25), la Savoureuse a retrouvé son lit originel et peut s’épancher sur 2 hectares en cas de crue
Ce n’est pas la première fois que la Savoureuse, une rivière très sensible aux aléas climatiques, subit une transformation. Contrainte depuis plus de quarante ans pour permettre l’expansion des usines Peugeot, la Savoureuse vient de se voir offrir une renaturation par Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) sur le site de Nommay (25).
Tout est parti du problème d’érosion des berges, endommagées par la vitesse d’écoulement de l’eau. L’idée ? Restaurer la qualité écologique de ce tronçon pour protéger les digues. Aujourd’hui, la Savoureuse a retrouvé son lit originel sur 400 m et peut s’épancher sur 2 hectares en cas de crue.








Entretien avec Magali Duvernois et Cyril Egloff

Ce projet est porté par:
- Magali Duvernois, Maire d’Exincourt et Vice-Présidente de Pays de Montbéliard Agglomération (PMA)
- Cyril Egloff, chargé de mission GEMAPI au sein de Pays de Montbéliard Agglomération PMA
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la renaturation de la Savoureuse s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Magali Duvernois : J’ai repris ce dossier en 2020, lors de la nouvelle mandature, c’est un travail que je mène en collaboration avec Daniel Granjon, Vice Président eau assainissement et ordures ménagères à PMA.
Pour vous donner un peu de contexte, dans les années 80, le site Peugeot a eu besoin de détourner l’Allan vers le canal du Rhône au Rhin pour gagner onze hectares de terrains industriels. L’ancien lit de l’Allan a été ainsi remblayé sur plus de 3,5 kilomètres au niveau de la zone d’implantation actuelle des usines Peugeot. En 1988, une seconde phase de travaux concerne le déplacement de la zone de confluence de l’Allan avec la Savoureuse, dans le but de protéger les usines contre les inondations induites par la première phase de travaux.
Des digues avaient été installées sur le nouveau lit de la Savoureuse afin de protéger les habitations et ce nouveau site industriel. Or lors d’inspections, nous nous sommes rendus compte qu’elles commençaient à être endommagées.
PMA souhaitait préserver un espace naturel régional reconnu à l’échelle régionale, préserver la faune et la flore et réfléchir à une manière plus naturelle de protéger les digues de protection contre les inondations. L’idée a été de faire retrouver à la Savoureuse son lit originel. Grâce aux méandres recréés, sa vitesse d’écoulement est moins importante, ce qui a permis de solutionner aussi les problèmes d’érosion des digues et des berges.
Cyril Egloff : Il faut bien comprendre que l’on ne vise pas à diminuer les inondations, mais à réduire les érosions que subissent les digues. Remettre des enrochements et refaire des aménagements tous les 10 ans sont des travaux chers et compliqués, car les digues sont hautes.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Magali Duvernois : Sur ces questions-là, nous travaillons à différentes échelles et notamment avec l’EPTB Saône et Doubs. Ce syndicat coordonne et facilite l’action des collectivités en matière de gestion de l’eau. Ils nous ont aidés à identifier les opérations prioritaires pour la renaturation à l’échelle du bassin versant de la Savoureuse. Nous avons également eu recours à Artelia, une agence spécialisée dans la gestion de projet autour de l’eau. Nous souhaitions trouver la solution la plus naturelle possible et la plus écologique pour le cours d’eau.
À certains endroits, le précédent tracé était encore visible, mais pour retrouver le lit naturel de la Savoureuse, nous nous sommes appuyés sur les anciennes photos et la mémoire des anciens.
Cyril Egloff : Après quelques coups de pelleteuse pour lui donner une direction, elle a, en moins d’un an, changé de lit, créé des annexes hydrauliques et en a rebouché certaines alors qu’il n’y a pas eu de crue très significative cet hiver. Pourtant cela faisait des dizaines d’années qu’elle n’avait pas bougé de son lit rectiligne. Celui-ci créé par l’homme pour permettre l’extraction de sable et gravier n’était pas naturel et avait été conçu pour bloquer la rivière dans ce lit étroit et profond.
Aujourd’hui, la Savoureuse dispose de deux hectares et peut se déplacer de plusieurs mètres à droite ou à gauche. La seule chose qui nous importe c’est le profil en long, c’est-à-dire qu’elle ne s’enfonce pas dans le lit qu’elle a créé afin de ne pas revenir à la situation d’avant, un lit de trois mètres de profondeur qui ne débordait jamais.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, elle a été réalisée par Artélia. Un écologue nous a fait une cartographie des espèces qui fréquentent le site. Il a identifié quelques passereaux et des chauves-souris. Pour remplacer une partie des habitats détruits lors du tracé du nouveau lit, nous avons mis en place des nichoirs.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Magali Duvernois : Bien qu’accompagnés, nous avons toutes les compétences techniques en amont, tant en hydrologie qu’en géologie pour l’étude de sol ou encore en botanique pour les plantations.
Cyril Egloff : Plusieurs phases de travaux ont été réalisées. Nous avons élagué, curé puis creusé le nouveau lit. Les terres étaient infestées d’espèces exotiques envahissantes telles que la renouée et la balsamine que nous avons enterrées le plus profondément possible dans l’ancien lit. L’idée, c’est de les bloquer le temps que la végétation étouffe les éventuelles repousses.
Nous avons planté quelques aulnes et 6 000 boutures de saules. Un tous les 50 à 80 centimètres, pour qu’une forêt de saules buissonnants recouvre l’ancien lit. On évite ainsi que la Savoureuse reprenne son ancien lit et le couvert végétal sera tellement dense que les plantes invasives ne pourront plus se développer.
Le lit a été rehaussé de presque 1,2 mètre, ce qui nous laisse espérer une nappe plus haute et des annexes qui ne s’assèchent plus en été. Puis nous avons installé des seuils de fond, des enrochements dans le fond de la rivière, pour tenir le profil en long. Il n’y a eu aucune protection de berges sur les 400 mètres. Enfin, en mai 2024, quelques hélophytes ont été plantés dans des annexes hydrauliques, et nous avons végétalisé avec un mélange de graines.
Plusieurs suivis morphologiques et études sont prévus pour vérifier les seuils et être sûr que la Savoureuse ne s’enfonce pas.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Magali Duvernois : La savoureuse est à côté de la ville de Nommay, l’endroit est assez retiré. Nous avions reçu quelques courriers qui nous alertaient sur le débit important et la présence d’arbres qui encombraient la rivière. Toute la démarche a été expliquée par voie de presse et par nos réseaux sociaux.
Cyril Egloff : La savoureuse est sur un terrain communal sans vis-à-vis et très peu fréquenté. Notre seul interlocuteur était la ville de Nommay et elle était favorable au projet. Celui-ci a été exposé puis validé en conseil municipal et dans la même année le chantier se faisait. Le fait qu’il s’agisse de parcelles publiques nous a facilité les choses.
Dans les usages, il y avait quand même un point important. En rive gauche, l’entreprise MBE possédait une prise d’eau en rivière pour sa défense incendie. Nous aurions pu la déplacer avec le risque que le lit de la rivière bouge. Finalement, PMA a mis en place sur leur site une réserve d’eau de 120 mètres cubes ce qui correspond à une défense de 2h à 60m3/h.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût global du projet s’élève à 400 000 € TTC subventionnés à 80 %.
L’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse nous a apporté 50 % de subventions sur ce projet. De plus, le département du Doubs qui a gardé une compétence de soutien de subvention aux collectivités pour les projets écologiques nous a apporté 30 %.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Principalement des entreprises locales telles que Térélian pour le terrassement et Technovert pour la végétalisation, ainsi que Artelia et l’EPTB.
La maîtrise d’œuvre a été gérée par PMA.
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Le projet en détails
Dates clés
2020
2021
2022
2023
Chiffres clés
400 000
2
400
À retenir
Moins d'artificialisation au niveau des digues qui n'ont pas nécessité de travaux entraînant une nouvelle artificialisation
Une vitesse plus faible de la Savoureuse et un aspect naturel retrouvé d'un point de vue paysager
Le suivi du chantier. La difficulté peut venir des entreprises de BTP qui ne sont pas habituées aux travaux de renaturation
Ressources
Travaux de renaturation de la Savoureuse à Nommay
Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) mène actuellement des travaux de renaturation de la Savoureuse à Nommay dans le cadre de sa compétence GEMAPI. Ce projet innovant vise à déplacer le cours de la rivière dans son ancien tracé pour améliorer sa qualité écologique tout en protégeant les digues existantes. Le projet se déroule en deux phases : La renaturation de la Savoureuse en amont des digues, débutée en septembre 2023, pour réduire les contraintes érosives, et la stabilisation des pieds de berges au niveau des digues PL1 et PL2, prévue pour l'année suivante.
Prévention des crues : à Nommay, la Savoureuse va retrouver ses méandres originelles
À Nommay (Doubs), un chantier de renaturation de la Savoureuse est en cours. Financé par l'agglomération du Pays de Montbéliard, ce projet vise à rediriger la rivière vers son lit originel, remplaçant son tracé rectiligne par des méandres naturels sur 400 mètres. Les objectifs principaux sont : Prévenir les crues et protéger les digues en aval et améliorer la qualité écologique de la rivière. Le nouveau tracé sinueux permettra de réduire la vitesse d'écoulement de l'eau et de mieux absorber la force des crues. Les travaux, débutés en septembre 2023, devraient s'achever en octobre 2023, pour un coût de 400 000 €. Ce projet innovant combine gestion des milieux aquatiques et protection contre les inondations.
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Rhône-méditerranée-Corse

EPTB Saône et Doubs

Département du Doubs
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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