Champlan (91) redonne vie aux mares pour un territoire plus durable

Comment le projet de création et de restauration de mares s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Depuis mon premier mandat en 2008, j’ai travaillé à faire de l’environnement une priorité pour Champlan. La commune est marquée par une forte urbanisation autour d’elle due à sa proximité avec Paris, avec des infrastructures lourdes comme le réseau routier et autoroutier, les voies ferrées (RER C, T12) et des lignes à haute tension. Ces aménagements ont fragmenté les écosystèmes, dégradé les paysages et réduit les continuités écologiques. En tant que natif de Champlan, j’ai été témoin de cette dégradation et j’ai voulu agir pour réparer ces discontinuités. À travers le Plan Local d’Urbanisme (PLU), nous avons identifié des fragilités, conçu des solutions pour gommer l’impact des servitudes et revalorisé notre territoire, nous avons d’ailleurs reçu le Prix du Mandat des Eco-maires de France pour 12 ans de réhabilitation environnementale. La création et la restauration de mares se sont imposées comme des solutions naturelles pour renforcer la biodiversité, lutter contre les îlots de chaleur et reconnecter le territoire à ses fonctionnalités écologiques.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Mon parcours personnel a été déterminant. En tant qu’ancien président de l’association locale de protection de l’environnement, j’ai accumulé des connaissances qui m’ont guidé. Je me suis également appuyé sur des études réalisées sur les Trames vertes et Bleues de la Communauté d’agglomération, sur l’Atlas de la Biodiversité communale réalisés par un bureau d’études en écologie appliquée pour identifier les discontinuités écologiques, et aussi sur des ressources comme des tutoriels en ligne. Le véritable tournant sur la partie zones humides et mares a été le partenariat avec la SNPN. Leurs équipes nous ont apporté une expertise technique précieuse pour structurer nos projets. Par exemple, leurs conseils ont permis de corriger des erreurs sur nos premières mares, comme l’eutrophisation causée par les cultures voisines. Nous avons aussi observé des projets similaires en Île-de-France, intégrant des solutions efficaces pour restaurer les zones humides.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Pour nos premières initiatives, notamment dans les Jardins familiaux, nous avons agi de manière expérimentale avec les ressources disponibles. Ces mares se sont avérées des laboratoires à ciel ouvert, nous permettant d’apprendre et d’affiner nos pratiques. Pour les projets récents, comme la mare de la Butte Chaumont, nous avons pris une approche plus rigoureuse. La SNPN a mené des études sur la forme des mares, les matériaux à utiliser et les pentes nécessaires pour la faune. Ces études, associées à une modélisation 3D, ont garanti un aménagement adapté. Une autre avancée a été la création d’une rivière sèche, pensée pour devenir une zone humide temporaire, afin d’accueillir des espèces protégées.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Le succès de tels projets repose sur une combinaison de compétences techniques et écologiques. La SNPN a joué un rôle clé en apportant son expertise en ingénierie écologique et en formant nos équipes municipales. Les services techniques de la Ville ont également été essentiels : ils ont fabriqué les mares, entretenu les abords et intégré les recommandations des experts, notamment sur les plantations adaptées. Une compétence cruciale est la capacité de travailler en réseau avec des écologues, des gestionnaires de fonds et des citoyens, pour garantir la pérennité du projet.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la commune de Champlan a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Nous avons commencé par un diagnostic territorial approfondi. Pour chaque projet, la SNPN a modélisé en 3D les mares et proposé des scénarios de construction en tenant compte des spécificités locales. L’implication des citoyens a également été essentielle. Les jardins familiaux, par exemple, sont devenus des lieux d’éducation à l’écologie. Nous avons organisé des visites guidées et des ateliers pour sensibiliser les habitants à l’importance des zones humides. Leur retour nous a aidés à ajuster certains aspects des projets. Cela a renforcé leur adhésion et leur sentiment d’appartenance à ces réalisations.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Les premiers projets ont été financés sur les fonds propres de la commune. Cependant, pour aller plus loin, nous avons sollicité des partenaires comme la Région Île-de-France, dans le cadre de leur programme de restauration des zones humides. Ce financement a permis de collaborer avec la SNPN et d’élargir notre ambition. La subvention régionale a également encouragé d’autres communes à lancer des projets similaires. Ce modèle de financement, alliant soutien public et expertise écologique, montre que des projets ambitieux peuvent être réalisables même pour une petite collectivité.

Acteurs ayant financé le projet :

• Région Île-de-France
• SNPN (via ses partenaires financiers)