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Marchiennes (59) : restauration d’une des dernières tourbières alcalines du Nord-Pas de Calais

Dans le cadre du programme européen LIFE Anthropofens, le Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut a restauré l’une des dernières tourbières alcalines encore actives du Nord-Pas de Calais.

Classée réserve naturelle nationale depuis 2022, la tourbière de Marchiennes se transformait progressivement en forêt, perdant ainsi sa fonction écologique essentielle. En dégageant les espaces envahis par les arbres, le PNR Scarpe-Escaut redonne vie aux habitats d’origine : eaux libres, bas-marais et roselières.

Entre août et décembre 2023, les travaux ont porté sur la réouverture de 1,8 hectare de bas-marais et 0,3 hectare de roselières. Les ligneux ont été broyés sur place. Les copeaux ont été collectés et valorisés via une filière locale de compostage.

Entretien avec Grégory Lelong, Président Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut

Parole de collectivité
Gregory Lelong, Président du Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut - – Crédits photo : Banque des Territoires
Gestion des milieux aquatiques

Ce projet est présenté par :

  • Grégory Lelong, Président Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut
Si on perd ce type d’écosystème, les conséquences écologiques peuvent être très graves.
Grégory Lelong

Parole de collectivité

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Pour quelles raisons la restauration de la tourbière de Marchiennes s’est-elle imposée à l’agenda du parc ?

Depuis les années 1990, la tourbière de Marchiennes se voit colonisée par les arbres, ce qui menace des milieux ouverts hébergeant une biodiversité remarquable et menacée à l’échelle européenne. Cette fermeture des milieux a également des répercussions sur les cycles du carbone et de l’eau. A surface égale et en bon état de conservation, une tourbière stocke deux fois plus de carbone qu’une forêt en maintenant dans le sol la matière organique peu décomposée. Elle assure aussi un rôle de filtre et d’éponge en stockant l’eau lors des périodes de crues et en la restituant en période sèche. La tourbière de Marchiennes a longtemps appartenu à un propriétaire privé. Le Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut l’a accompagné pendant une dizaine d’années via des contrats Natura 2000 pour gérer les niveaux d’eau et rouvrir certaines parcelles, mais nos interventions étaient trop légères par rapport à la dynamique du milieu. Le propriétaire a fini par céder son terrain au Conservatoire d’Espaces Naturels des Hauts-de-France, chef de fil du LIFE Anthropofens. Nous avons donc pu mener la restauration dans le cadre de ce grand programme européen qui finance la restauration de 480 hectares de tourbières alcalines en Hauts-de-France et en Wallonie (Belgique). C’est une chance d’avoir pu s’en saisir car ce type d’intervention demande beaucoup de moyens humains, de temps et de technicité. Nous avons pu profiter d’un collectif de partenaires sans lequel nous n’aurions pas pu mener ce projet.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Il y a un an, nous avons mené la restauration de la tourbière de Vred, classée Réserve naturelle régionale, aussi grâce au programme LIFE Anthropofens. Nous avons pas mal expérimenté et avons pu ainsi éviter quelques écueils. Nous avons mieux appréhendé l’intervention et l’accessibilité de gros engins sur ces milieux fragiles, par exemple. Nous nous inspirons aussi de l’expérience des autres chantiers menés dans la région dans le cadre du LIFE Anthropofens. Les retours d’expériences sont très précieux.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée ?

Nous avons travaillé avec la DDTM (Direction départementale des Territoires et de la Mer), l’Office français de la biodiversité et le Conservatoire Botanique National de Bailleul. Ensemble, nous avons pu travailler en amont sur les objectifs et l’orientation de ces travaux, dès 2020. Ce travail en amont a permis de faciliter l’élaboration et l’instruction de toutes les études et les déclarations environnementales qui peuvent être lourdes et longues. Une étude d’impact est également en cours de réalisation sur les espèces et habitats naturels cibles via des suivis et inventaires avant, pendant et après les travaux.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce type de projet ?

Ce type de projet nécessite à lui seul toutes les compétences du Parc Naturel Régional : l’hydrologie, l’écologie, la gestion de projets… Ce chantier d’envergure engendre des conséquences sur de multiples paramètres : la gestion de l’eau, des espèces, des paysages, la sensibilisation de l’Homme, etc. Nous avons la chance au Parc d’avoir toutes ces compétences au sein d’une même structure. Il est important de rappeler que les communes situées dans un PNR jouissent d’un outil précieux ! En tant qu’élu, gérer une tourbière communale peut vite devenir un sacerdoce. Or, si on perd ce type de milieu, les conséquences écologiques peuvent être très graves.

Comment la collectivité a-t-elle assuré l’adhésion des citoyens ?

Nous avons beaucoup communiqué pour informer les riverains car les engins de travaux étaient très impressionnants et les nuisances pendant la durée de la restauration assez importantes. Il a fallu répondre aux inquiétudes. Nous avons réalisé des encarts dans la presse, distribué des lettres informatives dans les boîtes aux lettres. Dans le cadre des programmes européens, nous avons tout un pan de sensibilisation de la population autour de ces milieux. Nous avons bien réexpliqué le rôle de la tourbière et comment elle leur était aussi utile au quotidien. Les habitants de Marchiennes ont compris l’utilité de la restauration, ils aiment leur tourbière et en sont fiers.

Comment le projet a-t-il été financé ?

Le budget total du LIFE en Scarpe-Escaut s’élève à d’1,3 million d’euros, 60 % a été pris en charge par des fonds européens, 39 % par l’Agence de l’Eau et 1 % par le Parc Naturel Régional Scarpe Escaut. Les travaux à Marchiennes ont coûté 130 000 euros.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le Conservatoire des espaces naturels des Hauts de France, la DDTM (Direction départementale des Territoires et de la Mer), l’Office français de la biodiversité et le Conservatoire Botanique National de Bailleul.

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Le projet en détails

Dates clés

2021

Mise à l'agenda du projet

2022

Recherches de projets similaires et inspirations

août 2023 - décembre 2023

Réalisation du projet

Chiffres clés

2,20

hectares traités

2100

m3 de broyat exportés

5

jours de transport pour sortir tous les copeaux de bois

À retenir

Le déboisement semble avoir été efficace. On ne constate aucune reprise du ligneux depuis notre intervention, c’est déjà très satisfaisant. Les suivis post-travaux nous en diront un peu plus sur l’évolution des végétations et l’atteinte de nos objectifs écologiques en 2025.

Une intervention périlleuse mais réussie. Toute la prouesse réside dans le fait de ne pas avoir endommagé les habitats extrêmement fragiles sur lesquels nous sommes intervenus. Pour déboiser, il fallait des engins lourds et envahissants mais les sols demandaient beaucoup de précaution. Un éléphant dans un magasin de porcelaine !

Nous avons encore des interrogations sur la cicatrisation des milieux sur lesquels nous sommes intervenus car nous manquons de recul.

Ressources

Life Anthropofens - Travaux de restauration sur la RNN de la Tourbière alcaline de Marchiennes

Quatre mois de gros travaux ont permis de restaurer un peu plus de 2 hectares sur la RNN de la Tourbière alcaline de Marchiennes.

Les partenaires de ce projet

logo_agence_de_l_eau_artois_picardie

Agence de l’Eau Artois - Picardie

DDTM la direction départementale des territoires et de la mer

DDTM

Office français de la Biodiversité-ofb

Office français de la biodiversité

Conservatoire Botanique National de Bailleul logo

Conservatoire Botanique National de Bailleul

En savoir plus sur le Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut

communes

55

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