Nouveau méandre et continuité écologique pour la Ternoise à Huby-Saint-Leu (62)
À Huby-Saint-Leu, dans le Pas-de-Calais, la Ternoise -un affluent de la Canche- rencontrait d’importantes difficultés de circulation sédimentaire et piscicole. Chaque année, les poissons migrateurs, comme les truites de mer et les saumons, peinent à remonter le cours de la rivière, notamment sur un tronçon fortement modifié par l’homme. Privé de méandres naturels, ce segment rectiligne se heurtait à un ancien barrage construit il y a plusieurs décennies pour répondre à des besoins en alimentation hydraulique. Avec le temps, cet ouvrage est devenu un véritable obstacle à la libre circulation des espèces et des sédiments.
Pour restaurer la continuité écologique, l’Agence de l’Eau Artois-Picardie a engagé un ambitieux projet de contournement du cours d’eau. Dès sa conception, le choix d’un reméandrage a été privilégié. Plutôt que d’aménager le lit existant, il a été décidé de créer un nouveau tracé de 360 mètres, en comblant l’ancien. Ce nouveau lit, plus sinueux, s’inscrit dans le tracé historique de la rivière. Il a été inauguré en septembre 2024.





Entretien avec Louis-Philippe Varlet, 2ème Adjoint au maire en charge de la sécurité

Ce projet est présenté par :
- Louis-Philippe Varlet, 2ème Adjoint au maire en charge de la sécurité
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Pour quelles raisons ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Ce projet nous a été imposé, sans que cela soit perçu négativement, par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie car la Ternoise rencontrait d’importantes difficultés de circulation sédimentaire et piscicole. Les poissons migrateurs avaient de plus en plus de mal à remonter la rivière, en particulier sur un tronçon trop rectiligne. Ils butaient sur un ancien barrage construit il y a plusieurs décennies. Le choix du reméandrage s’est imposé pour restaurer la continuité écologique. Il a été réalisé sur des terrains privés appartenant à une maison de retraite, ce qui a évité à la commune d’avoir à intervenir en matière de maîtrise foncière. À part l’enquête publique, menée pour informer les habitants et susciter la réflexion, notre commune (comme les deux autres concernées par le projet) n’a pas été sollicitée pour en assurer le portage. Nous avons commencé à en parler localement autour de 2020. C’est surtout la société de pêche d’Hesdin qui s’est montrée très impliquée, car elle est directement concernée par les enjeux liés à la migration piscicole. Aujourd’hui, grâce au reméandrage, la Ternoise retrouve une dynamique naturelle bénéfique : érosion contrôlée, échanges d’eau, auto-épuration, processus microbiens et développement des milieux naturels. En créant un habitat plus diversifié, elle favorise un meilleur équilibre écologique.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Pour notre commune, la solution du reméandrage n’avait pas réellement d’historique. Il y avait des chenils pour la migration des poissons qui avaient été réalisés au début des années 2000. En plus d’être peu efficaces, ils étaient d’une laideur abominable. Ces longs couloirs bétonnés n’auraient pas été acceptés par la collectivité, la société de pêche et la population. Les nouveaux méandres donnés à la rivière donnent beaucoup de cachet à cette partie de notre territoire. C’est un plus pour tout le monde, c’est une nouvelle rivière qui a été créée à Huby, un nouvel espace nature pour le bénéfice de tous.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, la réunion publique en est la preuve, elle a restitué les options, les choix retenus et les bénéfices attendus. La commune a été avertie quand l’enquête publique a été lancée. C’est l’Agence de l’Eau qui a porté totalement le projet, c’est elle qui a mené les différentes études avec ses partenaires. En 2012, elle avait accepté de reprendre la maîtrise d’ouvrage directe pour le compte du propriétaire foncier. En 2016, face à l’éventail des solutions possibles, le choix du contournement de l’ouvrage a émergé car il apportait une réelle plus-value écologique.
Quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?
C’est surtout le territoire d’Huby-Saint-Leu qui a été impacté, même si la rivière est mitoyenne de deux autres communes : Marconne et Hesdin. Le terrain était privé donc il n’y avait pas de maîtrise foncière pour les communes. Après la réalisation de ce projet, je pense que l’idéal pour une commune comme la nôtre est de pouvoir nommer une personne pour suivre le projet. Nous avons une zone de marais sur la commune, les travaux réalisés sont importants avec des grues et des engins de chantier. Il faut donc être vigilant à ce que les choses se fassent dans le respect des milieux naturels et humains… Il faut aussi pouvoir réagir tout au long des travaux pour apporter des solutions face aux difficultés rencontrées. La connaissance du terrain est essentielle, nous l’avons apportée au responsable de chantier pour fluidifier les travaux.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement et l’adhésion des citoyens ?
L’Agence de l’Eau et ses partenaires ont assuré les phases d’études et de planification. Les communes n’ont pas été sollicitées face à la technicité du sujet, le projet a été réalisé en totale autonomie par l’Agence de l’Eau. Côté citoyens, ils ne comprenaient pas la démarche au début. Ils avaient l’habitude des anciennes installations mais dans les réunions publiques, dans l’enquête publique il n’y a jamais eu d’opposition. Par contre, dans un contexte d’inondations récentes dans la vallée, les habitants n’ont pas compris pourquoi on mettait autant d’argent pour assurer cette continuité écologique au détriment de nouveaux aménagements pour éviter les crues. Il a fallu expliquer les choses et surtout ne pas opposer les sujets.
Comment le projet a-t-il été financé ?
Le dispositif a été financé par l’Agence de l’Eau Artois Picardie à hauteur de 707 000 euros. Des fonds FEDER gérés par la Région Hauts-de-France ont contribué en partie au financement.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Le Syndicat Mixte de l’eau de la Canche et Authie a assuré l’assistance à maîtrise d’ouvrage. La maîtrise d’œuvre a été gérée par Bief-Cariçaie et les travaux par Vinci Construction Maritime et Fluvial. La Fédération de pêche du Pas-de-Calais a apporté toute sa connaissance des milieux piscicoles, de la faune, de la flore. Chacun dans sa compétence.
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Le projet en détails
Dates clés
2020
Mai 2022
Juin 2023
Septembre 2024
Chiffres clés
707 000
3 000
1140
À retenir
La quiétude des berges, c’est une nouvelle offre nature pour les habitants qu’il va aussi falloir protéger
La nature qui reprend ses droits. Aujourd’hui nous constatons la présence de canards sauvages, demain sans doute le développement des espèces piscicoles, de la faune et de la flore
La longueur des travaux suite à un problème de raccordement sur le réseau de gaz et l’opposition faite à la continuité écologique suite aux épisodes d’inondations
Ressources
Les partenaires de ce projet

Agence de l’Eau Artois Picardie

FEDER

Région Hauts-de-France

Syndicat Mixte de l’eau de la Canche et Authie

Vinci Construction Maritime et Fluvial

Fédération de pêche du Pas-de-Calais
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur la commune nouvelle de Hesdin-la-Forêt
communes fusionnées dont Huby-Saint-Leu
Données de contact
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