Le programme Life Rivière Dordogne (24) restaure les habitats du cours d’eau
Le programme Life Rivière Dordogne vise à restaurer les habitats du cours d’eau, fortement dépendants de la qualité des sédiments, malheureusement en déclin aujourd’hui. Ainsi, les galets qui descendaient des montagnes, sont aujourd’hui retenus par les barrages construits dans les années 50. Sans parler de leur extraction massive, pour les travaux de construction et la fabrication du béton.
La vie dans un cours d’eau est donc marquée à la fois par le milieu naturel et son interaction avec les activités humaines.
Life Rivière prend ainsi en compte cette double dimension pour concilier les enjeux environnementaux et les usages, tout en s’adaptant au dérèglement climatique.





Entretien avec Roland Thieleke et Frédéric Moinot

Ce projet est présenté par :
- Roland Thieleke, directeur de l’EPTB Epidor, Établissement public territorial du Bassin de la Dordogne
- Frédéric Moinot, responsable du Pôle espaces et territoires
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la question sédimentaire des cours d’eau s’est-elle imposée à l’agenda de l’Epidor ?
La question sédimentaire sur la Dordogne est une problématique majeure, car les conditions ont évolué au fil des décennies. Les galets, qui descendent naturellement des montagnes, sont aujourd’hui retenus par les nombreux barrages construits dans les années 1950. Ils ne circulent plus de l’amont vers l’aval. À cela s’ajoute l’extraction massive de galets, pratiquée jusqu’au début des années 80, pour la construction et le béton. Nous assistons donc à une véritable dégradation sédimentaire, marquée par une forme de tarissement du flux de galets. Or, les galets abritent la vie aquatique, notamment pour les poissons, filtrent l’eau pour en préserver la qualité, et façonnent de belles plages pour la baignade…
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous nous sommes inspirés d’études et diagnostics réalisés entre 2006 et 2011, notamment dans le cadre du schéma directeur de gestion du lit et des berges, qui a défini des actions par secteur, sur 300 kilomètres de cours d’eau. La problématique sédimentaire mobilise autant les scientifiques que les gestionnaires de cours d’eau, et fait l’objet de nombreuses expérimentations en Europe. C’est pourquoi ce projet rassemble des bénéficiaires associés comme l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’Association nationale des élus des bassins (Aneb). Il bénéficie également d’un soutien financier de l’Europe et de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. In fine, ce projet aboutira à la publication de deux guides : l’un consacré à la gestion sédimentaire des cours d’eau en 2025 ou 2026, et l’autre aux modalités d’exploitation des gravières en lit majeur.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous nous sommes appuyés sur des travaux réalisés entre 2013 et 2015, dans le cadre du projet Initiative Biosphère Dordogne (IBD), mené en collaboration avec EDF et l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Ces recherches ont souligné leur pertinence pour la restauration des milieux naturels et l’amélioration de la qualité de la rivière. Au cours de ce projet, nous avions identifié de nombreux sites à restaurer. Le schéma des berges a permis de poser un diagnostic précis, tandis que les méthodes ont été testées avec IBD. Le programme Life s’appuie sur ces travaux et permet ainsi de passer à l’échelle supérieure.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Nous sommes accompagnés par un collectif d’acteurs de l’État : la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), l’Office français de la biodiversité, l’Agence de l’eau, ainsi que des naturalistes, des universitaires, le Conservatoire botanique national et pour certains sites, la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles). Ce partenariat allie expertise scientifique et technique.
Les compétences mobilisées émanent d’EPIDOR ainsi que d’experts scientifiques. En effet, LIFE demande une expertise en ingénierie écologique, hydromorphologie, sciences naturalistes et botaniques, ainsi qu’en ingénierie financière et de gestion de projets.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
EPIDOR est un collectif regroupant 7 départements : le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Corrèze, le Lot, la Dordogne, la Gironde et la Charente, ainsi que la Nouvelle-Aquitaine, concernée par 80 % du bassin de la Dordogne. EPIDOR constitue un outil au service des grandes collectivités. Dans un premier temps, nous avons posé le diagnostic technique, puis nous avons formé un collectif avec les communautés de communes en charge de la GEMAPI, (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), ainsi que les usagers comme les fédérations de pêche du territoire…
Créer un centre d’intérêt autour de ces projets a demandé beaucoup de pédagogie. Pour tous les acteurs du projet et les financeurs, les enjeux semblaient évidents. Mais ensuite, il a fallu expliquer que ces actions profitent également au tourisme, en rendant les zones propices à la baignade, qu’elles contribuent aussi à la santé des rivières – cela parle aux pêcheurs – et qu’elles améliorent la qualité de l’eau, un sujet d’intérêt pour les collectivités locales. Nous avons ainsi démontré à ces différents acteurs les effets positifs au niveau écologique. Et quand l’explication est donnée, le projet fédère ! Cela dit, un véritable enjeu d’appropriation sociale demeure, notamment auprès des riverains. C’est pourquoi nous menons des actions de sensibilisation auprès des habitants, des scolaires, des randonneurs. L’Europe nous encourage à convaincre toujours plus d’acteurs sur le projet !
Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
LIFE est un instrument financier pour l’environnement et le climat qui fonctionne sous forme d’appels à projets. Pas moins de 600 demandes de financement avaient été soumises à l’Europe, et 4 projets français ont été retenus, dont le nôtre.
Nous avons ainsi bénéficié d’une enveloppe de 9 M€, dont 60 % d’aides de l’Union européenne, 23 % de l’Agence de l’eau. Le reste étant financé par les 10 porteurs du projet, dont EPIDOR.
Nous sommes par ailleurs, lauréat d’un deuxième projet LIFE, DORSANCY sur les sources de la Dordogne.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné l’Epidor dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
L’OFB, qui réalise le guide sur la gestion sédimentaire des cours d’eau, l’UNICEM (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction), l’ANEB (intervient lors des ateliers d’information), l’ECRR (Association qui travaille sur les initiatives liées à la restauration des cours d’eau à l’échelle européenne (8 vallées sont intéressées par les retours d’expérience en Europe)).
Les communes jouent également un rôle clé, notamment celles qui procèdent aux acquisitions foncières. C’est le cas par exemple de Carsac-Aillac en Dordogne, de Floirac, Carennac et Prudhomat dans le Lot, ainsi que du SMDMCA (Syndicat mixte de la Dordogne moyenne et de la Cère aval, qui porte la compétence GEMAPI) et de la Communauté de communes du Pays de Fénelon.
Sont également parties prenantes dans ce projet, le bureau d’études lyonnais Biotec, l’Université de Lyon et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), pour leurs compétences en hydromorphologie, sans oublier les Fédérations de pêche, EDF, et différentes directions de l’État (DREAL, DDT, DRAC, etc.).
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2017
2017 - 2018
2018
septembre 2020 – avril 2026
Chiffres clés
270
11
200
À retenir
L'ambition du projet tout d'abord : nous allons mener une trentaine de chantiers d'envergure, prouvant ainsi qu'il est possible d'agir à grande échelle..
Le collectif ensuite : le projet permet de renforcer la synergie territoriale par l'investissement autour des milieux naturels.
Nous avons rencontré de nombreuses difficultés liées à la conjoncture. Nous avons débuté au moment de la crise de l'énergie, ce qui a entraîné une hausse significative des coûts de réalisation. Par ailleurs, nous avons connu des automnes particulièrement pluvieux, pile au moment où les travaux devaient être effectués, ce qui a ralenti l'avancement du projet.
Ressources
Life Dordogne - LIFE rivière Dordogne
Le programme « LIFE rivière Dordogne » vise à conserver et restaurer des milieux naturels rares et menacés de la rivière Dordogne. Grâce à ce programme, EPIDOR disposera de moyens pour mobiliser et aider les collectivités riveraines à s’impliquer dans des actions de protection de la nature.
Les partenaires de ce projet

OFB

ANEB

UNICEM

Agence de l’Eau Adour-Garonne

ECRR

Commune de Carsac-Aillac (24)

Commune de Floirac (46)

Commune de Carennac (46)

Commune de Prudhomat (46)

SMDMCA

Communauté de communes du Pays de Fénelon

Université de Lyon
CNRS

EDF

Fédérations de pêche
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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