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Ramage, un projet pour améliorer la qualité de l’eau et la biodiversité de la Garonne (47)

Le projet Ramage vise à recharger la nappe alluviale de la Garonne pour soutenir son débit en période d’étiage. L’idée centrale repose sur la captation de l’eau de la Garonne – particulièrement abondante au printemps grâce à la fonte des neiges et aux précipitations saisonnières – pour la faire infiltrer dans les nappes alluviales du fleuve via des espaces aménagés comme les fossés ou les puits.

L’objectif est triple : améliorer la qualité de l’eau, préserver la biodiversité et anticiper le changement climatique.

Lancé en 2019, le projet expérimente différentes techniques et évalue leur efficacité. Les résultats attendus incluent une meilleure gestion de la ressource en eau et une résilience accrue face aux sécheresses. La révision du programme est prévue pour 2025, avec une phase opérationnelle en 2026.

Entretien avec Nicolas Cardot, chargé de mission gestion quantitative au Smeag

Parole de collectivité
Nicolas Cardot, chargé de mission gestion quantitative au Smeag - Crédit photo : Banque des Territoires
Gestion quantitative de la ressource

Ce projet est porté par :

  • Nicolas Cardot, chargé de mission gestion quantitative au Smeag
On ne va pas attendre des mois, des années, des décennies pour trouver des solutions. Et la solution n’existe pas : c’est un panel d’alternatives dont nous avons besoin devant l’emballement climatique.
Jean-Michel Fabre, président du Smeag

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le projet Ramage, du Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (Smeag), s’est-il imposé à l’agenda ?

Le projet Ramage s’inscrit dans le cadre des recommandations du schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) Adour-Garonne, du plan d’adaptation au changement climatique (Pacc) voté par le Comité de bassin Adour-Garonne le 2 juillet 2018 et des thématiques listées à l’Entente pour l’eau du bassin Adour-Garonne signée le 17 octobre 2018 entre le préfet coordonnateur de bassin, le Comité de bassin et les deux préfets des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie (26 mesures). Il répond à la mesure M8 du plan de gestion d’étiage Garonne-Ariège : « Sensibiliser à l’importance des sols vivants et inciter à la limitation du ruissellement en favorisant l’infiltration et la rétention d’eau dans le sol. » Mais aussi aux dispositions II.8, « améliorer les connaissances sur les relations nappes-rivières et sur la recharge des nappes », et II.8b, « améliorer les connaissances sur les eaux souterraines » du Sage vallée de la Garonne. Il est également fléché par l’Agence de l’eau Adour-Garonne dans la feuille de route des établissements publics territoriaux de bassin (EPTB) pour la gestion quantitative de la Garonne. La recharge annuelle de nappe fait aussi partie des solutions envisagées par les gestionnaires des nappes peu profondes.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Le projet s’inscrit dans une démarche globale d’amélioration de la connaissance du fonctionnement de la nappe d’accompagnement de la Garonne. Pour cela, il s’appuie sur des connaissances acquises dans le cadre d’un précédent projet européen (modèle hydrologique issu du projet Sisenas) et sur l’expertise et les compétences de l’École nationale supérieure en environnement, géoressources et ingénierie du développement durable (Ensegid), avec la mobilisation d’hydrogéologues, de géologues et d’hydrochimistes.

Dans le cadre du projet Life eau & climat, porté par l’Office international de l’eau (OIEAU), le Sage vallée de la Garonne a été retenu comme site démonstrateur pour la réalisation d’une étude prospective sur le changement climatique. Cette étude mobilise les premiers résultats d’un autre projet, appelé Explore 2, ainsi que des derniers scénarios d’émissions de gaz à effet de serre du Giec. Ainsi, il semblerait qu’à l’horizon 2030 le réchauffement climatique à l’échelle nationale (+ 2 °C) soit encore plus marqué dans la vallée de la Garonne. Les conséquences directes sur la pluviométrie et le manteau neigeux annoncent une recharge moindre de la nappe et une diminution encore plus importante des débits du fleuve, en particulier en période d’étiage. Cette diminution va accentuer la pression sur la ressource. Les solutions de recharge annuelle de nappe ont été identifiées comme une des solutions à mettre en œuvre dans le cadre des plans d’adaptation au changement climatique. Le projet Ramage est identifié comme une action de la stratégie d’adaptation au risque de sécheresse hydrologique en cours d’élaboration. L’adaptation recherchée à travers la sécurisation du soutien d’étiage doit permettre de préserver les fonctionnalités écologiques, hydrauliques et paysagères du fleuve tout en maintenant une activité économique.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Le projet est encore en phase d’étude. Des campagnes de mesures qualitatives ont été réalisées permettant de vérifier la bonne qualité de l’eau à infiltrer. Ce suivi doit se poursuivre tout au long de cette observation. En 2026, les résultats des tests d’infiltration et la modélisation réalisée par Bordeaux INP doivent confirmer l’impact positif de ce projet, notamment pour la Garonne et pour le maintien en eau des zones humides.

Pour la mise en place des expérimentations, un travail avec la Direction départementale du territoire de Lot-et-Garonne a été réalisé afin de déposer un dossier loi sur l’eau et d’obtenir des autorisations temporaires. Pour cette phase, il a été jugé, du fait de son caractère expérimental et des premières analyses faites, que le projet n’était pas soumis à une étude d’impact. Si cette phase est concluante, une évaluation environnementale du projet sera réalisée pour pérenniser le ou les systèmes de recharge.

En ce qui concerne les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Pour les projets d’infiltration d’eau dans la nappe à des fins de soutien d’étiage certaines conditions hydrogéologiques sont impératives à vérifier. Il est indispensable d’avoir une bonne relation entre nappe et rivière, mais aussi de vérifier les capacités d’infiltration sur les sites concernés. Il faut pouvoir acheminer l’eau sur site, ainsi qu’estimer le temps de propagation de l’eau dans la nappe afin de « réalimenter » le cours d’eau lors des périodes de fortes tensions (étiage).

Sur ces questions, un appui scientifique est indispensable. Il est assuré par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l’Ensegid.

En parallèle des études hydrogéologiques, il est indispensable d’emporter l’adhésion. Le Smeag s’est fait accompagner par des sociologues afin d’identifier le plus en amont possible les freins et leviers. Ce travail a encouragé le Smeag à associer le plus tôt possible les élus locaux et les usagers pour travailler avec eux. À l’occasion de présentations, on a pu ainsi calmer les inquiétudes liées aux risques d’inondation ou à la qualité de l’eau. Localement, ce projet est plutôt bien accepté par les différents acteurs économiques – populiculteurs, agriculteurs, graviers – et les associations environnementales (Sepanlog…). Le contexte hydro-climatique des dernières années et les projections climatiques, même à court terme, sont des facteurs qui permettent une prise de conscience de l’enjeu. Les élus du Smeag ont mené un travail d’explication efficace. Le rayonnement du projet européen NBRACER (Nature Based Solutions for Atlantic Regional Climate Resilience) favorise l’acceptabilité des résultats.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Des présentations ont été réalisées auprès des communes du territoire, des collectivités membres du Smeag et du bassin Adour-Garonne. Un partage a également été fait au niveau de l’Association nationale des établissements publics territoriaux de bassin (EPTB) et des établissements publics d’aménagement et de gestion de l’eau (Epage).

Le projet Ramage est identifié comme une action de la stratégie d’adaptation au risque de sécheresse hydrologique. Une adaptation recherchée à travers la sécurisation du soutien d’étiage qui doit permettre de préserver les fonctionnalités écologiques, hydrauliques et paysagères du fleuve tout en maintenant une activité économique. L’objectif est de pouvoir infiltrer au total environ 10 hm3 en provenance du canal latéral pour contribuer à la résorption d’une part du déficit hydrologique du bassin de la Garonne estimé à 250 hm3 à l’horizon 2030. La modélisation hydrogéologique développée par l’Ensegid permettra d’évaluer les bénéfices quantitatifs et qualitatifs pour la Garonne.

Par ailleurs, Ramage s’inscrit dans le projet NBRACER – projet européen cherchant à développer la résilience des territoires –, dont l’objectif est de partager et développer les solutions fondées sur la nature mises en œuvre pour l’adaptation au changement climatique. Les résultats de ce projet seront ainsi diffusés aux autres membres du consortium, en particulier sur les sites réplicateurs et aux autres territoires européens concernés par des problématiques similaires.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées et obtenues ?

Une première enveloppe financière de 440 000€ a été validée par le comité syndical du Smeag pour la période 2021-2024. La révision de ce programme a permis d’intégrer les travaux nécessaires pour la réalisation des expérimentations et porte le coût total du projet à environ 750 000 € sur 2021-2025. Cette enveloppe sert à financer les différents partenariats et accords, dont celui avec Bordeaux INP permettant de mobiliser des chercheurs de l’Ensegid pour la partie géologie et hydrogéologie, ainsi que les potentielles études ou travaux pour la mise en place des expérimentations. L’animation et la gestion administrative du projet se font majoritairement en régie par le Smeag. Le projet Ramage est financé par le Smeag, dans le cadre de la redevance pour la gestion d’étiage de la Garonne (usagers) et des contributions des collectivités membres avec un cofinancement de l’Agence de l’eau Adour-Garonne à hauteur de 50 % pour l’animation, les travaux potentiels, les coûts des études et des partenariats. Le projet bénéficie également d’un cofinancement européen (projet Horizon NBRACER) pour financer l’équivalent de 25 % d’un emploi à temps plein sur quatre ans.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le Smeag dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le Smeag assure la maîtrise d’ouvrage du projet. Il est porté localement par le président du Smeag (intervention en commission territoriale Garonne de l’Agence de l’eau) et le président de la commission géographique marmandaise du Sage vallée de la Garonne. L’accompagnement scientifique est réalisé par l’Ensegid (Bordeaux INP).

Au-delà des instances de pilotage classiques, un comité de suivi rend compte de l’état d’avancement du projet auprès des partenaires. Construit avec une approche multidisciplinaire, le projet associe depuis le lancement (2021) de nombreux partenaires sur le bassin au travers d’un jeu de conventions : entre le gestionnaire du canal, la réserve naturelle nationale de l’étang de la Mazière, la Fédération départementale de pêche, les associations environnementales (Sepanso et Sepanlog), Rives & Eaux du Sud-Ouest… Le Smegreg, structure porteuse du Sage nappes profondes de Gironde, suit aussi le projet.

Chaque année, une quinzaine de sorties de terrain mobilisant les usagers (agriculteurs, populiculteurs, etc.) permettent de faire le point sur les expertises locales et d’acquérir des données. Le projet a été présenté localement aux communes et communautés de communes afin de les informer et d’obtenir leur soutien. Il est mis en avant dans le cadre d’événements. La Région Nouvelle-Aquitaine le coordonne et cherche à le développer et le répliquer sur d’autres bassins.

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Le projet en détails

Dates clés

2018

Inspiration

2019

Diagnostique et planification

2020

Mise à l'agenda et compétences

2023

Réalisation

Chiffres clés

50

%, la baisse du débit de la Garonne en période d'étiage

10

hm3 stockés dans le sol retardant l’entrée en étiage de la Garonne

1,4

million d’habitants dépendent de la Garonne, pour l’eau potable, environ

À retenir

La recharge de la nappe va contribuer localement à maintenir en eau les différentes zones humides. Les confluences, bras morts, zones humides constituent des zones favorables à la diversification des espèces inféodées à ces écosystèmes.

Par ailleurs, les apports d’eau via la nappe avec une température autour de 14-15 °C permettront de limiter localement le réchauffement des eaux du fleuve, de créer des poches d’eau plus fraîche et donc de favoriser les capacités d’adaptation et de résilience des espèces aquatiques.

Les apports d’eau douce au fleuve augmentent le taux d’« oxygène dissous », paramètre suivi de près par le Smiddest pour le compte de la CLE du Sage estuaire, compte tenu de la problématique d’extension du bouchon vaseux. Les présentations locales ont permis de rassurer. Localement, ce projet est plutôt bien accepté par les différents acteurs économiques et les associations environnementales.

Ressources

Sud-ouest : Lot-et-Garonne : comment l’eau du canal peut remplir les nappes phréatiques ?

Le projet Ramage veut faciliter l’infiltration de l’eau vers un stockage en profondeur, via des puits ou des fossés aménagés, et pourrait soulager l’étiage de la Garonne à l’aube d’un « emballement climatique »

Les partenaires de ce projet

Agence Adour Garonne

Agence de l'eau Adour-Garonne

BRGM - aquagir

BRGM

logo union europeenne

projet Horizon NBRACER

Logo transparent_SEPANSO_marge_300x300_pixels

Sepanso

Sepanlog logo

Sepanlog

Rives & Eaux du Sud-Ouest logo

Rives & Eaux du Sud-Ouest

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

En savoir plus sur SMEAG - Etablissement Public Garonne Gascogne & affluents pyrénéens

Date de création

1983

collectivités membres

6

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