Grâce au miscanthus, Bièvre Isère Communauté (38) protège sa ressource en eau et chauffe sa nouvelle salle omnisports

Comment le sujet s’est‐il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

D’abord, le projet est né de la nécessité de refaire une salle omnisports à Saint-Jean-de-Bournay, pour remplacer l’ancienne, trop coûteuse à entretenir. Nous souhaitions réaliser une salle très performante sur le plan environnemental et la question du chauffage est arrivée rapidement.

Suite à une longue réflexion menée en 2020 par notre service transversal TEM (Transition écologique et mobilité), les équipes se sont intéressées à l’utilisation du miscanthus comme combustible d’une chaudière biomasse. Cette solution nous permettait d’éviter d’utiliser du bois, et donc de préserver nos ressources forestières limitées, tout en engageant le développement d’une filière agricole très vertueuse – le miscanthus – sur nos zones de captage d’eau.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Le service TEM a travaillé avec la Chambre d’agriculture, qui connaissait la culture du miscanthus, développée dans d’autres régions. Tiphaine Le Bris, une agente du service eau, s’est également intéressée à ce sujet et a mené un travail documentaire. Rapidement, les équipes se sont rendues compte du caractère très vertueux du miscanthus. Cette culture ne nécessite quasi aucun intrant et participe à la dépollution des sols en absorbant les métaux lourds : elle est idéale pour les zones de captage d’eau.

En nous engageant à acheter la production de miscanthus d’un agriculteur basé sur une telle zone, nous pouvions protéger la ressource tout en encourageant le développement d’une filière agricole locale, durable et rentable. Sur une zone protégée, cette culture qui se reproduit par rhizome et ne nécessite pas d’intrants représente une opportunité pour les agriculteurs !

Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Oui, nous avons travaillé avec le bureau d’études Thermibel pour étudier la solution miscanthus par rapport aux besoins et particularités de la salle omnisports. Cette solution s’est avérée très adaptée à notre salle : ses besoins en chauffage sont conséquents mais pas énormes non plus. Et puis, nous avions de la place pour stocker les copeaux de miscanthus et créer une zone de livraison.

Pour un fonctionnement équivalent, il faut compter deux fois plus de volume de miscanthus par rapport à des granulés de bois. Ensuite, nous avons cherché des agriculteurs présents sur une zone de captage, à proximité pour éviter de longs trajets pour la livraison. C’est en restant en circuit court que ce projet devient particulièrement intéressant sur le plan écologique.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

D’abord, il faut avoir une conviction en béton pour embarquer toutes les équipes ! C’est un travail collectif entre différents services concernés. Nous avons collaboré avec les services sports, patrimoine, finance, eau. Et chaque service avait des objectifs différents par rapport à cette salle omnisports !

Grâce à l’engagement du service TEM et de Tiphaine Le Bris, nous avons su montrer que le projet avait du sens sur le plan écologique – la concrétisation de notre PCAET (Plan climat-air-énergie territorial) -, économique – l’utilisation d’une source d’énergie peu coûteuse – tout en répondant aux besoins en chauffage de la salle omnisports. Enfin, nous avons travaillé avec la Chambre d’agriculture sur le volet filière agricole.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t‐elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Côté dimensionnement, l’étude a permis de montrer qu’avec 2 hectares de miscanthus et une production annuelle de 31 tonnes, nous pouvions couvrir les besoins en chauffage estimé à 150 kW. Pour stocker le miscanthus, nous avions également besoin d’un espace conséquent : 126 m3.

Nous n’avons pas rencontré de problème d’adhésion des citoyens, ravis de disposer d’une salle omnisports HQE. En revanche, nous avons profité du projet pour expliquer les enjeux de préservation de l’eau. Le sujet eau touche nos habitants de près puisque nous avons dû mettre en place une trame d’inconstructibilité sur une partie du territoire car les réseaux d’assainissement n’étaient pas conformes.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le projet global a coûté 325 649 euros. Nous avons doté la salle omnisports d’une chaudière biomasse mixte et de ses équipements associés et réalisé une aire de livraison aménagée, une fosse enterrée pour le stockage intermédiaire et un silo de stockage de 126 m3.

Nous avons reçu 40 % d’aides publiques : 83 182 euros de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, 50 000 euros du Département. Nous avons donc financé un reste à charge de 192 467 euros. Un investissement très léger par rapport au projet global de la salle omnisports, à 5,4 millions d’euros !

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

La Chambre d’agriculture nous a énormément aidés. Je citerais également notre bureau d’études, Thermibel, notre fournisseur de chaudière biomasse mixe, Hargassner, implanté à Saint-Etienne de Saint-Geoirs, et notre installateur : Gillet. Enfin, ce projet a vu le jour grâce aux agriculteurs de la GAEC de la Fermes des Platanes, à Saint-Jean-de-Bournay. Ils ont implanté 3,5 hectares de miscanthus, dont 2 hectares pour l’alimentation de la chaudière. Le miscanthus présente d’autres débouchés que la combustion, notamment pour le paillage en horticulture ou pour les litières animales.