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Le SMi2B (71) aide les agriculteurs pour lutter contre la pollution de la Bourbince

Le territoire du bassin versant de la Bourbince comprend en amont les pôles urbains du Creusot et de Montceau-les Mines, et en aval des terres agricoles, à 80 % dédiées à l’élevage de bovins.

En 2010-2012, une étude de la qualité de l’eau a révélé une pollution due au dysfonctionnement du réseau d’assainissement, qui fait aujourd’hui l’objet d’un vaste programme de travaux, et à l’agriculture.

Pour y remédier, un programme de restauration des cours d’eau a été lancé via un Contrat territorial 2015-2019 avec l’Agence de l’eau Loire Bretagne, renouvelé en 2022-2024 et 2025-2027, avec le soutien financier de la Région Bourgogne-Franche-Comté et de l’Europe.

Entretien avec Benjamin Gauthier, Directeur du Syndicat mixte du bassin versant de la Bourbince

Parole de collectivité
Directeur du Syndicat mixte du bassin versant de la Bourbince. - Crédit photo : Claire Pourprix
Pollutions

Ce projet est présenté par :

  • Benjamin Gauthier, Directeur du Syndicat mixte du bassin versant de la Bourbince
Les sécheresses successives de 2018, 2019 et 2020 ont convaincu les agriculteurs de la nécessité de trouver une alternative à la rivière pour abreuver le bétail.
Benjamin Gauthier

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet des abreuvoirs déportés s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Les études menées en 2010-2012 ont révélé la présence de fines particules de matières organiques et/ou de phosphore et nitrates. De plus, des études de l’INRAE sur l’impact du bétail sur le niveau de nitrates et de phosphore dans l’eau du lac de la Sorme, un lac artificiel d’eau potable situé sur le bassin versant de la Bourbince, ont montré que l’activité agricole est responsable de plusieurs pollutions :

  • une pollution diffuse, notamment avec les ruissellements de cultures ensilées ;
  • une pollution accidentelle, due à quelques fuites de bâtiments agricoles ;
  • une pollution directe par les troupeaux lorsqu’ils s’abreuvent dans les cours d’eau. Outre l’apport direct de déjections, le piétinement des berges et du lit du cours d’eau remet des matières en suspension. La présence du bétail participe aussi à l’érosion des berges et a un impact sur la morphologie des cours d’eau et la biodiversité.

 

En 2013, la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a réalisé une étude pour mieux connaître les pratiques agricoles en vue de confronter les enjeux des éleveurs avec ceux de la préservation de l’eau.

Sur la base de l’ensemble des ces études, le SMi2B a mis en œuvre un programme de restauration des cours et d’aménagement agricole visant à soustraire l’attractivité des cours d’eau.

Les travaux ont été lancés dans le cadre du Contrat territorial 2015-2019, un outil créé par l’Agence de l’eau Loire Bretagne visant 5 objectifs sur notre territoire : améliorer la qualité des eaux, améliorer la restauration des milieux aquatiques, protéger la ressource et satisfaire les besoins, prévenir des risques inondations et améliorer la connaissance, la communication. Le contrat a été renouvelé en 2022-2024, puis 2025-2027.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Ces dernières décennies, des aménagements de petits points d’abreuvement ont été réalisés sur certaines communes du bassin versant du Sornin. Ces descentes au cours d’eau permettent de limiter le piétinement lorsque le bétail s’abreuve à la rivière, mais ont l’inconvénient de concentrer les déjections au même endroit et ne résolvent pas le problème de l’assèchement estival des cours d’eau. L’enjeu est en effet de préserver la qualité de l’eau, mais aussi sa quantité.

C’est pourquoi nous avons opté pour une autre solution :

  • l’installation d’abreuvoirs déportés, séparés de la rivière par la création d’une bande enherbée faisant tampon entre le pré et le cours d’eau ;
  • et de clôtures pour éviter que le bétail endommage les cours d’eau et leurs berges.

 

Grâce à des discussions avec des agriculteurs qui captaient leur eau de source, nous avons mis au point en 2015 un système de clôtures barbelées ou électrifiées et de pompage d’eau de source ou de la nappe alluviale alimenté par des panneaux photovoltaïques. L’eau est conduite dans un bac et grâce à un système de flotteurs, seule la quantité nécessaire aux animaux est prélevée. Ce système permet donc de les abreuver avec de l’eau propre, en juste quantité afin d’éviter l’évaporation en été, tout en préservant la rivière.

Avez-vous obtenu l’adhésion des agriculteurs et/ou coconstruit avec eux ?

Au départ, en 2014-2015, nous avons ciblé le territoire de la rigole de Marigny et mené une consultation des agriculteurs en réunion publique. Cela a été un échec ! L’expérience a montré qu’il vaut mieux les rencontrer individuellement et prendre le temps de les écouter. Ils connaissent leur troupeau, savent combien ils ont besoin d’eau. Chaque parcelle de terrain est différente et demande une expertise, une connaissance, un dialogue avec les agriculteurs.

Cette démarche s’est révélée efficace : 95 % des agriculteurs ont été convaincus de l’utilité d’effectuer des aménagements. Au-delà de la préservation de l’eau et de la biodiversité, d’autres arguments ont porté : la diminution du risque de pénurie d’eau en été, une meilleure santé du bétail abreuvé avec de l’eau propre, le tout sans investissement de leur part. En effet, l’installation ne coûte rien à l’agriculteur tout en faisant prendre de la valeur à sa parcelle, la seule contrainte pour lui étant d’accepter la mise en place des installations et leur entretien.

Le fait que mon métier soit à la jonction des mondes de l’eau et de l’agriculture a facilité les discussions avec les agriculteurs. Cela demande des connaissances en hydrologique, milieux aquatiques et rivières, mais aussi d’avoir une vision agricole dans son entièreté et des compétences en agronomie.

Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?

Le bassin versant compte 57 communes sur le département de la Saône-et-Loire pour une surface d’environ 877 km² et 700 km de rivières. De 2015 à 2019, nous avons ciblé les territoires prioritaires les plus dégradés : la Bourbince, l’Oudrache, le bassin de la Sorme, le ruisseau du Moulin neuf rive gauche et rive droite, ainsi que la Limace. Désormais, on cible plutôt les cours d’eau où la remise en état est facile.

En 10 ans, de 2015 à 2024, le SMi2B a été en contact avec plus de 150 agriculteurs sur les 800 implantés sur le territoire. Au total, 650 abreuvoirs déportés ont été installés et 185 km de cours d’eau ont été clôturés, pour un investissement de 4,5 M€. 60 km en plus sont prévus sur le contrat 2025-2027, dont les travaux se termineront à horizon 2028.

Aujourd’hui, les agriculteurs sont demandeurs : nous n’avons plus besoin d’aller leur proposer ces installations, c’est eux qui viennent à nous. Nous avons une liste d’attente de plus de 30 agriculteurs, et trois ans de délai pour réaliser les travaux.

Notre démarche a fait ses preuves et les sécheresses successives de 2018, 2019 et 2020 ont convaincu les agriculteurs les plus récalcitrants de la nécessité de trouver une alternative à la rivière pour abreuver le bétail.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?

Le financement est porté à 50 % par l’Agence de l’eau Loire Bretagne, notre principal partenaire. Jusqu’en 2022, la Région Bourgogne-Franche-Comté ou le Fonds européen agricole pour le développement rural (Faeder) apportait 30 % et le reste à charge était pris en charge par le SMi2B.
En 2023, la Région a repris l’instruction des aides européennes, mais l’obtention des aides agricoles et surtout les délais de paiement ont mis en difficulté les trésoreries des collectivités et des agriculteurs. Aujourd’hui, les élus du SMi2B ont décidé de se passer des aides européennes. En conséquence, le reste à charge est plus important.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Les collectivités signataires de nos Contrats de territoire :

  • la Communauté Urbaine Creusot Montceau (CUCM) ;
  • la Communauté de Communes du Grand Charolais (CCGC) ;
  • le Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne (CEN B) ;
  • le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement Pays de Bourgogne (CPIE) ;
  • la Société d’Histoire Naturelle d’Autun
  • la Fédération Départementale de la Pêche et de la Protection des Milieux Aquatiques de Saône et Loire (FDDPPMA 71)

 

L’entreprise de travaux publics Duband TP a gagné un des appels d’offres (marché à bon de commande annuel renouvelable trois fois) pour la réalisation des travaux.

Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?

La confiance de l’élu dans son technicien est fondamentale : le technicien doit être formé sur de nombreuses thématiques pour avoir des connaissances en hydrologie, milieux aquatiques, rivières, sur le monde agricole et industriel, l’assainissement et l’eau potable… mais aussi en finance car le montage des dossiers peut se révéler très complexe.

Savoir prendre du recul, être à l’écoute des uns et des autres pour comprendre les différents enjeux est aussi essentiel. Pour construire une relation de qualité avec les agriculteurs, il faut prendre le temps d’aller à leur rencontre, s’intéresser à leurs problématiques particulières. Les installations étant réalisées sur leur propriété, ils peuvent avoir le sentiment d’une intrusion si on leur impose une solution qui n’est pas adaptée à leur situation ou dont ils ne perçoivent pas l’intérêt. Leur appréhension est légitime et pour lever cette barrière, la discussion est le meilleur moyen. Les réunions publiques ne sont pas dans ce cas la bonne voie, je recommande plutôt les rencontres individuelles. C’est chronophage, mais la relation en sera meilleure et les résultats bien plus positifs.

Enfin, l’expérience de ce type de projet est un plus : elle nous donne de la crédibilité aux yeux des agriculteurs et est un gage de confiance.

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Le projet en détails

Dates clés

2010 - 2012

Analyses de l’eau, déclencheurs du programme d’actions

2012

Signature du premier contrat territorial et lancement des grands travaux

2018 - 2020

Sécheresses et accélération de la prise de conscience du monde agricole

1er juillet 2025

Signature d’un accord de territoire pour la poursuite des travaux

Chiffres clés

150

agriculteurs équipés

650

abreuvoirs déportés installés

185

km de cours d’eau clôturés

À retenir

Grâce aux retours d’expériences positifs et à une prise de conscience des enjeux liés à l’eau dans le contexte de réchauffement climatique, les agriculteurs de notre territoire, qui étaient récalcitrants au début du programme, sont aujourd’hui demandeurs d’installations.

Les analyses de l’eau réalisées en 2023 montrent une amélioration de la qualité de l’eau en aval du bassin versant, avec notamment une nette réduction des matières organiques, des matières en suspension, du phosphore et des nitrates.

La lourdeur administrative pour monter des dossiers de demandes d’aides et les temps longs pour obtenir le versement des fonds européens est un frein pour une collectivité qui fonctionne à 80 % avec des aides et subventions.

Ressources

BOURBINCE Le soutien aux éleveurs

h2o.net

Les partenaires de ce projet

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Agence de l'eau Loire Bretagne

bourgogne

Région Bourgogne-Franche-Comté

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Communauté Urbaine Creusot Montceau

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Communauté de Communes du Grand Charolais

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Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne

CPIE

Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement Pays de Bourgogne

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Société d’Histoire Naturelle d’Autun

logo-federation-peche-chasse-71-aquagir

Fédération Départementale de la Pêche et de la Protection des Milieux Aquatiques de Saône et Loire

En savoir plus sur le Syndicat mixte du bassin versant de la Bourbince

habitants sur le bassin versant

96 000

communes

57

km de rivières

700

Données de contact

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