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Planter des haies et aménager des talus sur les parcelles agricoles pour endiguer l’érosion des sols et le ruissellement des intrants (61)

Chaque année depuis plus de dix ans, 1 à 2 kilomètres de haies sont plantés par le Syndicat mixte de restauration de la Haute-Rouvre dans le bocage ornais.  Sur les parcelles des agriculteurs volontaires, des talus sont aménagés et des haies plantées, constituant des barrières végétales qui fractionnent les parcelles et freinent ainsi le phénomène d’érosion des sols agricoles, et le ruissellement des parcelles en cas de forte pluie.

Ces aménagements répondent à deux grands enjeux : la protection des rivières de la pollution agricole, en vue de protéger la ressource en eau potable prélevée dans les cours d’eau, et la protection de la biodiversité de la Rouvre, dont l’habitat est propice à plusieurs espèces protégées.

Entretien avec Christophe Beaumont, technicien rivière et bocage du Syndicat mixte de restauration des rivières de la Haute-Rouvre

Parole de collectivité
Christophe Beaumont, technicien rivière et bocage du Syndicat mixte de restauration des rivières de la Haute-Rouvre, devant une haie plantée il y a une dizaine d'années – Crédits photo : Banque des Territoires
Pollutions

Ce projet est présenté par :

  • Christophe Beaumont, technicien rivière et bocage du Syndicat mixte de restauration des rivières de la Haute-Rouvre
Nous nous sommes aperçus que même les parcelles agricoles les plus éloignées des cours d’eau peuvent générer des pollutions de l’eau

Christophe Beaumont

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le projet s’est-il imposé à l’agenda du Syndicat ?

Au vu de mauvais résultats des différentes analyses de l’eau concernant les matières en suspension et les pesticides ;   Dès l’année 2010, le Syndicat s’est intéressé au Bassin versant du territoire en effectuant des diagnostics de vulnérabilité. Avec une méthode développée par la Cellule d’animation technique pour l’eau et les rivières (Cater), nous avons scruté chaque parcelle et défini l’aléa du risque faible au fort, pour proposer ensuite au cas par cas des aménagements pour protéger la ressource en eau potable. Nous avons commencé à travailler avec les plantations de haies sur talus à partir de 2012. Depuis, nous enchaînons les projets chaque année, en plantant une moyenne de 2 kilomètres de haies par an.

Quelles sources d’inspiration avez-vous suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

J’ai observé ce qui se passait en Bretagne, avec le programme régional Breizh-bocage, qui accompagne les agriculteurs, particuliers et communes dans des projets de plantation de haies bocagères. Cela a été l’une de nos sources d’inspiration, sachant que nous avons un peu les mêmes problématiques de qualité d’eau et d’érosion, et que géologiquement le territoire ornais est dans le prolongement du territoire breton.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

En cartographiant le terrain, nous nous sommes aperçu que même les parcelles les plus éloignées des cours d’eau peuvent générer des pollutions de l’eau. Les entrées de champs, en bas de parcelles par exemple, rejoignent souvent des fossés qui ruissellent jusque dans les cours d’eau. Des particules de limon et d’argile s’en détachent avec les précipitations et finissent par se déposer dans les cours d’eau. C’est un problème pour les agriculteurs qui perdent du bon sol, et pour les rivières, dont la biodiversité se retrouve étouffée. Et les molécules chimiques fixées à ces particules, issues des pesticides, transfert vers les cours d’eau. Avec la création de talus et de haies, nous agissons sur l’érosion de surface pour freiner ce phénomène. Des études de vulnérabilité ont été faites, et nous ont poussé à proposer le maximum d’aménagements. Mais c’est ensuite beaucoup de négociation, car ces aménagements dépendent des démarches volontaires des agriculteurs et propriétaires.

Pour une collectivité voulant entreprendre un projet similaire, quelles sont les compétences principales ou sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?

Il faut bien identifier les problèmes de terrain et travailler avec un spécialiste sur ces compétences, à plein temps. Et surtout, bien comprendre qu’une partie du travail doit se faire en lien avec les agriculteurs, sur le long terme : c’est de l’animation de territoire. Je suis là depuis 2001, je commence à bien connaître les agriculteurs, et ils ont pu voir le fruit de notre travail. C’est tout une démarche qui s’inscrit dans le temps, pour que la confiance s’installe, c’est très important. Et puis, il faut faire preuve d’adaptabilité, c’est beaucoup de dialogue, essayer de comprendre les problématiques agricoles, et puis négocier. Il faut que les élus  s’investissent également dans un tel projet. Et essayer de trouver une valeur économique pour les agriculteurs concernés.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Il faut mettre en lien publiquement le rapport entre nos travaux et les particules chimiques qu’on retrouve dans la rivière, et sur les coûts que cela implique pour la collectivité, comme l’investissement dans des stations de traitements, qui coûte aussi cher au citoyen via les impôts. Sur notre territoire, la collectivité a dû investir des millions d’euros dans une station de traitement d’eau potable pour traiter les pesticides, il y a quelques années. Nous faisons aussi des animations avec la Chambre d’agriculture pour montrer les aménagements de haies et talus réalisés. Nous sentons aussi l’impact du changement climatique sur le regard des citoyens et agriculteurs, sur l’importance de conserver les arbres autour du système agricole.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

L’Agence de l’Eau Seine Normandie (AESN) nous aide depuis environ dix ans, et finance ces travaux à 30 %.  Nous sollicitons aussi le FEDER (fonds européen) à hauteur de 50%.  Le Syndicat de la Rouvre prend en charge le coût du talus déduit des financements des partenaires (environ 5%) et le reste est à la charge du bénéficiaire (le plus souvent les agriculteurs) c’est à dire 15%.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le Syndicat dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Les spécialistes de la Cater nous aident énormément. Sur leur site internet, il y a beaucoup de ressources techniques. Ils nous aident sur les modèles de vulnérabilités, ils ont un spécialiste zone humide, cour d’eau, bocage… La Cater organise aussi le réseau, et répond aux questions des nouveaux arrivants. Le Syndicat départemental de l’eau et le syndicat d’alimentation en eau potable du Houlme qui vend et traite l’eau potable ont aussi collaboré avec nous. Nous travaillons dans des milieux complexes avec beaucoup de variables, de produits chimiques, nous devons donc aussi faire appel à la recherche. Nous avons bénéficié de l’aide d’experts qui sont venus de Lyon, pour nous aider sur les mécanismes de transferts des molécules.  Pour la partie plantation, nous faisons appel à des prestataires. Je fais moi même un peu de terrain, pour rester en contact avec les agriculteurs, ce que j’appelle aussi l’animation de territoire et qui est une part importante de mon travail.

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Le projet en détails

Dates clés

2010

Premières réflexions

2012

Début des Plantations

2012

Début des plantations annuelles de haies, aménagements de talus

2023

Fin des plantations annuelles de haies, aménagements de talus

Chiffres clés

20725

Mètres linéaires de haies sur talus plantés

726

hectares concernés au total depuis les premières haies plantées

18

€ du mètre linéaire pour le coût de la réalisation d'une haie sur talus

Résultats

  • L’efficacité d’une plantation met plusieurs années à être bien visible : il ne faut pas s’attendre à voir le résultat paysager d’une haie avant dix ans, et l’agriculteur doit aussi l’anticiper. Nous savons que c’est efficace, que les talus retiennent la terre, mais c’est difficile à retranscrire dans les analyses de qualité de l’eau, surtout qu’on ne peut pas agir partout.

À retenir

Petit à petit, nous arrivons à replanter le bocage, et il y a toujours de la demande de la part des agriculteurs. Quand j’ai commencé j’étais le seul opérateur du territoire à faire ce type d’aménagement, mais maintenant beaucoup de structures se saisissent de ces problèmes. On enchaîne les projets chaque année, on plante en moyenne 2 km de haie par an.

Il y a un impact concret : avec la création de talus et de haies, nous agissons vraiment sur l’érosion de surface pour empêcher, à notre niveau, que les particules s’écoulent dans les rivières. En faisant barrage aux particules de limon, on permet aussi aux agriculteurs de conserver leur bon sol. La création de ces talus a aussi un impact sur les routes, lorsque les parcelles entourent la chaussée. La terre se retrouverait souvent sur les routes si elle n’était pas contenu par les talus ; cela représente aussi des coûts en moins de nettoyage de la voirie pour les collectivités.

Le talus ne fait pas tout : il faut allier ces aménagements à un changement des pratiques agricoles, une diminution des produits phyto sur les pesticides. Nous travaillons avec la Chambre d’Agriculture, le Syndicat départemental de l’eau, nous essayons de créer des espaces d'échanges pour que les agriculteurs puissent discuter de leurs pratiques. Les talus sont efficaces mais se réduisent avec le temps, car le niveau des parcelles monte avec la terre qui s’accumule au bord, au lieu de ruisseler dans le fossé, il est possible que nous devions les restaurer au bout d’un certain temps.

Ressources

Agence de l'eau Seine Normandie - En Normandie, les élus encouragent la plantation de haies pour lutter contre l’érosion des sols et améliorer la qualité des eaux.

Le 23 janvier dernier, à l’initiative de Hervé MORIN, président de la région Normandie, en présence de l’agence de l’eau Seine-Normandie, a été présenté un bel exemple de plantation de haies emblématique : des solutions qui peuvent aider les territoires à maintenir la qualité des eaux

Les partenaires de ce projet

agence-de-leau-seine-normandie_logo

Agence de l'Eau Seine Normandie

logo_FEDER-150x150

FEDER

logo de l'association CATER

Cellule d’animation technique pour l’eau et les rivières (Cater)

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

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