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Comment réagir face aux crues saisonnières ?

Cet article a été rédigé par Pauline Duchêne

Crédits photos : Sébastien Laffitte - Crue de la Charente à Saintes en décembre 2023

Les crues saisonnières sont un phénomène naturel qui se produit de manière régulière à certaines périodes de l’année, généralement associées aux saisons de pluies ou à la fonte des neiges. Elles se caractérisent par une augmentation significative du niveau d’eau dans les rivières, les lacs ou les réservoirs. Ce phénomène hydrologique joue un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes aquatiques et terrestres, mais peut également présenter des risques pour les populations et les infrastructures situées à proximité des cours d’eau.

Les crues saisonnières se distinguent des crues exceptionnelles par leur caractère prévisible et leur récurrence. Elles font partie intégrante du cycle hydrologique naturel et contribuent à la dynamique des cours d’eau. Cependant, l’urbanisation croissante et les changements climatiques ont modifié la fréquence et l’intensité de ces phénomènes, rendant leur gestion plus complexe pour les collectivités territoriales.

Il est important de noter que les crues ne provoquent pas systématiquement des inondations. Une inondation se produit lorsque le niveau d’eau dépasse les berges et submerge les terres environnantes. Néanmoins, les crues saisonnières importantes peuvent effectivement entraîner des inondations, d’où la nécessité d’une vigilance accrue et d’une gestion préventive efficace.

Comment être vigilants et prévenir les crues saisonnières ?

La prévention des crues des lacs ou des rivières, et par conséquent des inondations potentielles, constitue un enjeu majeur pour les collectivités territoriales. En restant vigilantes à l’égard de ces phénomènes naturels, les autorités locales peuvent anticiper et ainsi minimiser les dégâts éventuels. Plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre pour améliorer la prévention et la gestion des crues saisonnières.

Mettre en place des systèmes de surveillance performants

L’un des piliers de la prévention des crues repose sur la mise en place de systèmes de surveillance et de prévision performants. Ces dispositifs permettent de collecter des données en temps réel et de prédire l’évolution des niveaux d’eau, offrant ainsi un temps précieux pour la mise en place de mesures préventives.

Les stations hydrométriques sont des installations essentielles pour la surveillance des cours d’eau. Elles permettent de mesurer en continu le niveau et le débit des rivières et des fleuves. Ces données sont transmises en temps réel aux autorités concernées, ce qui permet d’anticiper d’éventuelles crues et d’alerter la population en conséquence. Les stations hydrométriques modernes sont équipées de capteurs sophistiqués qui mesurent non seulement le niveau d’eau, mais aussi sa vitesse, sa température et parfois même sa qualité. Ces informations sont cruciales pour comprendre le comportement du cours d’eau et prédire son évolution.

Les radars de précipitations jouent un rôle complémentaire dans la prévision des crues. Ces dispositifs sont capables de mesurer la quantité de pluie tombée sur une zone géographique donnée et de prédire les variations de niveau d’eau qui pourraient en résulter. Ils sont particulièrement utiles dans les zones à risque, où une réaction rapide est nécessaire en cas de fortes précipitations. Un exemple notable de ce type de système est le réseau RADOME, mis en place par Météo France. Ce réseau de radars couvre l’ensemble du territoire français et fournit des données précises sur les précipitations, permettant ainsi une meilleure anticipation des crues potentielles.

Les modèles hydrologiques constituent le troisième pilier des systèmes de surveillance des crues. Ces outils sophistiqués, basés sur des calculs mathématiques et des données historiques, permettent de prédire l’évolution des niveaux d’eau en fonction des conditions météorologiques. Un exemple probant de ce type de modèle est le système SCHAPI (Service Central d’Hydrométéorologie et d’Appui à la Prévision des Inondations) en France. Ce système intègre les données des stations hydrométriques, des radars de précipitations et d’autres sources pour produire des prévisions précises sur l’évolution des niveaux d’eau dans les cours d’eau français.

Installer des bassins de rétention pour une meilleure gestion de l’écoulement des eaux de surface

En complément des systèmes de surveillance, l’installation de bassins de rétention constitue une mesure préventive efficace pour gérer les crues saisonnières. Ces ouvrages permettent de stocker temporairement l’eau et de la libérer lentement, réduisant ainsi les risques d’inondation et les surcharges du système de drainage.

Les bassins de rétention sont particulièrement utiles dans les zones urbaines et péri-urbaines, où l’urbanisation a conduit à une augmentation des surfaces imperméables. Cette imperméabilisation accélère l’écoulement des eaux de surface et augmente le risque d’inondations. Dans les zones rurales, ces bassins peuvent également être utilisés pour gérer l’écoulement des eaux de surface et minimiser l’érosion du sol.

La conception et l’installation d’un bassin de rétention nécessitent une planification minutieuse. Les facteurs à prendre en compte comprennent la taille et la topographie du bassin versant, le type de sol, le climat local, la quantité d’eau à gérer et les réglementations locales en matière d’aménagement du territoire. Le bassin doit être conçu pour contenir l’eau de pluie d’une tempête de conception spécifique et la libérer progressivement afin d’éviter les inondations en aval.

Les bassins de rétention peuvent être intégrés de diverses manières dans le paysage urbain ou rural. Dans les zones urbaines, ils peuvent prendre la forme de parcs ou de terrains de jeux capables d’être inondés en cas de fortes pluies. Cette approche permet une double utilisation de l’espace, offrant des zones de loisirs en temps normal tout en assurant une fonction de gestion des eaux pluviales. Dans les zones péri-urbaines ou rurales, les bassins de rétention peuvent être conçus comme des zones humides artificielles, servant ainsi de zones de conservation de la faune tout en remplissant leur fonction hydraulique.

Informer et sensibiliser ses usagers des risques liés aux crues saisonnières

La protection efficace des usagers face aux crues saisonnières passe inévitablement par l’information et la sensibilisation. Il est vital que la population comprenne les risques liés aux crues et soit préparée à réagir en cas de montée des eaux.

Les collectivités territoriales peuvent organiser des campagnes d’information régulières pour sensibiliser la population aux risques liés aux crues. Ces campagnes peuvent inclure la distribution de brochures explicatives sur les crues saisonnières et leurs impacts potentiels, l’organisation de réunions publiques pour discuter des risques et des mesures de prévention, la mise en place de panneaux d’information dans les zones à risque, ainsi que l’utilisation des médias locaux et des réseaux sociaux pour diffuser des informations sur les crues.

Au-delà de l’information, il est essentiel de former la population aux gestes à adopter en cas de crue. Cette formation peut prendre plusieurs formes, telles que des ateliers pratiques sur la préparation d’un kit d’urgence, des exercices de simulation d’évacuation, ou encore des formations aux premiers secours adaptées aux situations d’inondation.

Un système d’alerte efficace est crucial pour protéger la population en cas de crue imminente. Ce système peut inclure des alertes SMS ou par e-mail, des sirènes d’alerte dans les zones à risque, ainsi qu’une application mobile dédiée fournissant des informations en temps réel sur les niveaux d’eau et les risques d’inondation.

Certaines agglomérations ont établi des plans d’évacuation détaillés et organisent régulièrement des exercices pour s’assurer que les résidents puissent réagir efficacement en cas d’inondation. Ces plans comprennent généralement des itinéraires d’évacuation spécifiques, des points de rassemblement désignés, et des informations sur les actions à entreprendre après une évacuation. L’élaboration et la communication de ces plans d’évacuation sont essentielles pour garantir une réponse rapide et ordonnée en cas de crue majeure.

Le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) est un exemple de dispositif obligatoire pour certaines communes. Il est imposé par la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 pour les communes dotées d’un Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) approuvé ou comprises dans le champ d’application d’un Plan Particulier d’Intervention (PPI). Le PCS doit inclure des mesures d’alerte, d’information et de protection de la population, ce qui peut comprendre des plans d’évacuation.

Parmi les exemples fréquemment cités, nous retenons ceux des villes suivantes :

  1. La ville de Nîmes, dans le Gard, a développé un plan d’évacuation spécifique pour les crues rapides, suite aux inondations catastrophiques de 1988. Ce plan inclut des itinéraires d’évacuation balisés et des zones de refuge identifiées.
  2. La commune de Saintes, en Charente-Maritime, régulièrement touchée par les crues de la Charente, a élaboré un plan d’évacuation détaillé dans le cadre de son PCS. Ce plan prévoit des procédures d’évacuation par quartier et des lieux d’hébergement d’urgence.
  3. La ville de Toulouse a mis en place un plan d’évacuation pour les zones inondables le long de la Garonne, incluant des exercices réguliers de simulation d’évacuation.

Comment faire face à une crue saisonnière ? Quelles sont les solutions d’urgence à déployer en cas d’inondation ?

Malgré toutes les mesures préventives, il peut arriver qu’une crue saisonnière soit particulièrement importante et provoque des inondations. Dans ces situations, les collectivités territoriales doivent être prêtes à déployer rapidement des solutions d’urgence pour protéger la population et limiter les dégâts.

Protéger ses usagers sur les zones à risque ou sur les zones inondées

La protection des résidents dans les zones à risque ou déjà inondées est la priorité absolue lors d’une crue importante. L’évacuation des zones inondées ou menacées d’inondation est une mesure cruciale qui nécessite une coordination efficace entre les différents services d’urgence. Cette coordination implique la mobilisation des forces de l’ordre pour sécuriser les zones d’évacuation, l’intervention des pompiers pour les sauvetages éventuels, la mise à disposition de moyens de transport pour les personnes ne pouvant pas évacuer par leurs propres moyens, ainsi que l’ouverture de centres d’hébergement d’urgence.

Les systèmes d’alerte précoce jouent un rôle crucial dans la protection des populations. Ils peuvent prendre diverses formes, telles que des alertes SMS envoyées directement sur les téléphones mobiles des résidents des zones à risque, des alertes par e-mail diffusant des informations détaillées sur la situation et les mesures à prendre, ou encore le déclenchement de sirènes dans les zones à risque pour avertir rapidement la population.

Des applications mobiles spécifiques, comme “Disaster Alert”, fournissent des informations en temps réel sur les catastrophes en cours, y compris les inondations. D’autres applications, comme “FloodAlerts” au Royaume-Uni, permettent aux utilisateurs de surveiller les niveaux d’eau dans leur région et de recevoir des alertes lorsque les niveaux atteignent un certain seuil. Ce type d’outil permet aux résidents de rester informés en temps réel et de prendre des décisions éclairées quant à leur sécurité.

Mettre en place des aides d’urgence

Lorsqu’une crue provoque des inondations importantes, la mise en place d’une aide d’urgence pour les personnes touchées devient nécessaire. Les collectivités doivent être en mesure de fournir rapidement des abris temporaires aux personnes évacuées. Cela peut impliquer l’ouverture de gymnases ou d’autres bâtiments publics comme centres d’hébergement d’urgence, la mise en place de camps temporaires avec des tentes ou des structures préfabriquées, ainsi que la coordination avec des hôtels locaux pour héberger les personnes déplacées.

L’aide d’urgence comprend également la distribution de nourriture et la fourniture de soins médicaux aux personnes affectées. Cela nécessite la mise en place de points de distribution de nourriture et d’eau potable, le déploiement d’équipes médicales mobiles pour fournir des soins de première nécessité, ainsi que l’établissement de postes médicaux avancés pour traiter les blessures et les maladies liées aux inondations.

Les inondations peuvent perturber l’approvisionnement en eau potable, soit en contaminant les sources d’eau, soit en endommageant les infrastructures de distribution. Dans ces situations, les collectivités doivent assurer un approvisionnement alternatif en eau potable, qui peut inclure le déploiement de camions-citernes pour distribuer de l’eau potable, la distribution de bidons d’eau aux résidents, ou encore l’installation de stations de purification d’eau temporaires.

Comment reconstruire après la crue d’un lac ou d’une rivière ?

Une fois la crue passée et les eaux retirées, commence la phase de reconstruction. Cette étape est cruciale pour le rétablissement de la communauté et nécessite une planification minutieuse ainsi qu’un soutien financier adéquat. Les collectivités territoriales peuvent bénéficier de plusieurs formes d’aide financière après une crue sur leurs territoires. Ces aides sont essentielles pour financer les travaux de reconstruction et de prévention future.

Le Fonds de solidarité pour les catastrophes naturelles est destiné à fournir une aide financière aux collectivités territoriales et à leurs groupements qui ont subi des dommages directs imputables à une catastrophe naturelle reconnue par arrêté interministériel. Il permet de financer la réparation des infrastructures endommagées, le nettoyage et la remise en état des espaces publics, ainsi que les mesures d’urgence prises pendant la crise.

Les subventions du Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM), également appelé “Fonds Barnier”, peuvent aider à financer des actions de prévention, de protection et de restauration après une inondation. Ce fonds peut être utilisé pour l’acquisition de biens exposés à un risque naturel majeur, la réalisation d’études et de travaux de réduction de la vulnérabilité, ainsi que le financement de mesures de prévention des risques naturels.

Les Agences de l’eau peuvent contribuer au financement de projets liés à la restauration des milieux aquatiques et à la prévention des inondations. Ces aides peuvent couvrir la restauration des berges et des zones humides, la mise en place de systèmes de gestion des eaux pluviales, ainsi que l’amélioration de la résilience des infrastructures d’eau et d’assainissement.

Le Fonds de Solidarité de l’Union européenne (FSUE) peut intervenir pour aider à réparer les infrastructures endommagées et à couvrir les coûts de nettoyage après une inondation majeure. Ce fonds est particulièrement utile pour les catastrophes de grande ampleur qui dépassent les capacités nationales de réponse.

Enfin, l’État et les régions peuvent également proposer des aides spécifiques en cas de catastrophe naturelle. Ces aides peuvent prendre diverses formes et sont généralement adaptées aux besoins spécifiques de la région touchée.

Il est important de noter que toutes ces aides sont généralement soumises à des conditions spécifiques et leur attribution n’est pas automatique. Les collectivités doivent souvent constituer des dossiers détaillés pour justifier leurs demandes d’aide.

En conclusion, face aux crues saisonnières, la prévention et la réaction sont deux aspects indissociables de la gestion des risques par les collectivités territoriales. Ces deux aspects nécessitent une planification soigneuse, des investissements appropriés et une communication efficace avec la population. De cette manière, même si le risque ne peut être totalement éliminé, son impact peut être grandement r

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aquagir est un collectif d’acteurs œuvrant dans l’accompagnement de bout-en-bout des projets de gestion des eaux dans les territoires avec une vision globale, collective et écosystémique des enjeux et des solutions.  aquagir regroupe l’ANEB, la Banque des Territoires, le BRGM, le Cercle Français de l’eau, les pôles de compétitivité de la filière eau Aqua-Valley et Aquanova et l’UIE (Union des Industries et Entreprises de l’Eau)

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