Biarritz (64), ville-pilote contre les risques de submersion marine
Long de 40 km, le littoral basque du département des Pyrénées-Atlantiques (64) est particulièrement exposé au phénomène de submersion marine. Les tempêtes se succèdent, rappelant à chaque fois la vulnérabilité du territoire face aux assauts répétés de l’Océan. Les dégâts économiques, environnementaux, voire humains, peuvent être considérables.
C’est pourquoi, accompagnée par la start-up Wave Bumper et le bureau d’études Rivages Pro Tech (Suez), la commune de Biarritz expérimente depuis dix ans différents systèmes de protection innovants, amovibles, évolutifs et adaptés aux caractéristiques de chaque environnement (plage, crique…).





Entretien avec Michel Laborde, Adjoint au Maire de Biarritz, Délégué aux travaux, à la réalisation des projets structurants, à l'aménagement du littoral et des plages, à la voirie.

Ce projet est présenté par :
- Michel Laborde, Adjoint au Maire de Biarritz, Délégué aux travaux, à la réalisation des projets structurants, à l’aménagement du littoral et des plages, à la voirie.
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le projet de digues amovibles s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
L’hiver 2013-2014 a été l’un des plus marquants des dernières décennies.
En janvier, lors du passage de la tempête Hercules, plusieurs vagues ont violemment frappé le littoral biarrot, entraînant des conséquences considérables sur les bâtiments situés en première ligne, dont le local du sauvetage côtier au Port-Vieux et le Casino face à la Grande Plage. Le coût économique s’est chiffré pour la seule commune de Biarritz à plus de 500 000 €. Il fallait faire quelque chose face aux tempêtes, qui ont de surcroît tendance à se succéder de plus en plus fréquemment. Nous avons commencé par ériger des tas de sable sur la plage. Cette première solution s’est montrée plutôt efficace, mais toutefois insuffisante au regard de l’impact des vagues. C’est à ce moment là que nous sommes entrés en contact avec Romain Chapron, un entrepreneur du Pays Basque qui réfléchissait lui aussi à des solutions pour protéger le littoral du risque submersion. Nous lui avons proposé de tester l’un de ses prototypes de digue amovible pour protéger l’Hôtel du Palais. L’expérience a été concluante et la start-up Wave Bumper a été officiellement lancée à Bayonne en 2017, avec Biarritz comme ville-pilote.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous nous sommes engagés dès 2016 à mener avec Wave Bumper un premier test grandeur nature. L’idée était de trouver une solution efficace et facile à mettre en œuvre afin de permettre aux équipes techniques de la Ville d’être réactives. Avec l’aide de l’entreprise de travaux publics de Biarritz ECRD, nous avons ainsi disposé au-dessus de la Grande Plage deux rangées d’une soixantaine de sacs, des »BigBags », lestés chacun d’1,8 tonne de sable, sur près de 30 mètres de linéaire. L’expérience s’est avérée concluante, et nous avons poursuivi en installant des BigBags sur les hauteurs de la plage de la Côte des Basques. Puis en 2021, c’est un autre dispositif qui a été testé pour protéger les locaux techniques du Port-Vieux. Il s’agissait cette fois-ci de fixer directement sur le bâti des sortes de boucliers fabriqués sur-mesure pour protéger les ouvertures. Baptisé »FlatFront », ce dispositif a été depuis déployé par Wave Bumper aux Caraïbes pour affronter les cyclones. Des études sont aujourd’hui en cours pour tester une autre méthode, les »FenceBlades », dans l’esprit des BigBags, mais fixés au sol, plus légers et plus faciles à installer et à démonter.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous n’avons pas réalisé d’étude de faisabilité à proprement parler puisque les dispositifs et les méthodes utilisés évoluent régulièrement au fil des expérimentations. En réalité, chaque test fait l’objet d’études poussées en amont puis en aval. Nous avons signé à cet effet une convention de recherche avec la société Wave Bumper et Rivages Pro Tech, une filiale de Suez. Wave Bumper effectue les préconisations, développe les dispositifs, et Rivages Pro Tech se charge des calculs pour modéliser la force de la houle. Nous bénéficions également des retours d’expérience de Wave Bumper qui commercialise désormais ses dispositifs à travers le monde.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
En l’occurrence, nous nous en sommes remis à Wave Bumper et Rivages Pro Tech. De nombreux agents des services techniques et de police municipale de la Ville ont été formés et interviennent à chaque épisode, tant sur le pilotage et la coordination des différents acteurs, que sur le déploiement des matériels, le contrôle sur place pendant les événements ou encore le nettoyage après chaque épisode. Dès le départ, l’objectif était de permettre à la Ville de devenir autonome. Nous nous appuyons également sur le savoir-faire de l’entreprise de travaux public locale ECRD pour le régalage de la plage et l’installation des dispositifs. Toutes les parties prenantes travaillent main dans la main.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Les habitants sont les premières victimes des tempêtes. Ils connaissent et comprennent très bien les enjeux. Le projet a donc été rapidement accepté par la population. Nous menons en outre un gros travail de communication pour informer les usagers en temps réel. La Ville de Biarritz a, par exemple, mis en place un dispositif d’alerte gradué de 1 à 6, alliant prévention, surveillance et intervention, qui varie en fonction de la combinaison de certains phénomènes météorologiques : tempêtes, marées, précipitations, houle, vent… Cette grille des risques est affichée le long du littoral, sur les panneaux d’affichage de la Ville et dans le magazine municipal. Chaque niveau de risque correspond à une solution différente qui est connue de tous : mise en place d’une ligne continue de sacs de sable en bord de quai au niveau 3, ajout d’une deuxième ligne de sacs de sable liée à la première sur la Grande Plage au niveau 4… Tout est rendu public dans le »Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs », réalisé dans le cadre du plan communal de sauvegarde qui organise l’action des élus et des services municipaux en cas d’alerte.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Nous bénéficions d’aides publiques pour le risque d’érosion et le confortement des falaises, mais pas pour le risque de submersion marine. Tout est donc financé sur fonds propres à hauteur d’un peu plus de 200 000 € hors taxe par an : 64 000 € pour l’assistance à prévision et la gestion des événements ; 80 000 € pour l’entretien et la mise en œuvre des protections, 50 000 € pour le renouvellement du matériel, et 31 000 € pour la recherche & développement et les retours d’expérience. À terme, l’objectif est bien entendu de parvenir à développer de nouvelles solutions tout aussi efficaces, voire plus, mais moins coûteuses. Quoi qu’il en soit, le montant de ces dépenses doit être évalué au regard du coût économique des tempêtes en cas d’absence de protections…
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la Ville de Biarritz dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
La start up Wave Bumper, le bureau d’études Rivages Pro Tech ainsi que l’entreprise de travaux publics ECRD (Entreprise Canalisations Réseaux Divers).
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2014
2016
depuis 2016
depuis 2017
Chiffres clés
500 000
1,8
225 000
À retenir
L'efficacité des protections mises en œuvre qui ont permis d'éviter les dégâts sur les personnes et les biens
L'adhésion des habitants qui ont compris et accepté les solutions proposées
Le temps long lié à la complexité des expérimentations
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
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