Comment la rénovation de la digue de la Biette protège la ville de Bruay-la-Buissière (62) et ses habitants

Pour quelles raisons le renforcement de la digue de la Biette s’est-il imposé à l’agenda de votre territoire ?

La Biette est un affluent de la Lawe, une rivière marquée depuis des décennies par de fréquentes inondations. Ce cours d’eau a été profondément impacté par l’histoire minière de la région, notamment l’exploitation du charbon aux XIXe et XXe siècles, qui a fragilisé le sous-sol. Ces modifications ont entraîné d’importants changements topographiques, incitant autrefois à adapter le tracé de la Lawe par divers aménagements : redéfinition de son parcours, encaissement, endiguement et rehaussements. Malgré cela, des problèmes subsistent, avec des berges en danger d’effondrement et un risque d’inondation élevé, accentué par la topographie vallonnée du territoire. Pour prévenir ces catastrophes, nous avons rénové le vannage d’Hulluch en 2022 afin de réguler les crues. Il s’abaisse dès que la rivière monte dangereusement, permettant ainsi de retenir l’excès d’eau en amont. Afin de maximiser son efficacité, la rive gauche de la Biette a été consolidée par un rideau de palplanches métalliques, tandis que les talus amont et aval ont été stabilisés par une pente douce et un engazonnement. Ces aménagements ont déjà fait leurs preuves : en novembre 2023, lors d’un épisode de fortes pluies, le vannage a permis de ralentir les écoulements.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous sommes ici sur un enjeu de protection des biens et des personnes vis-à-vis du risque d’inondations. Nous nous sommes inspirés de tout ce qui pouvait nous permettre de gérer de façon différenciée les afflux d’eaux afin de limiter leur impact. Comme pour tous nos projets, nous partons du terrain pour pouvoir apporter une solution.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Oui, ce confortement d’ouvrage hydraulique a été réalisé après inscription au PAPI. Il a fait l’objet d’une étude multicritères et d’une analyse coût/bénéfices.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Elles sont multiples mais ici, le projet a demandé beaucoup de technicité notamment pour la mise en place des palplanches métalliques. Il y a également tout un volet paysager. Les berges constituent des zones de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. Nous les avons aménagées pour recréer un écosystème naturel. L’usage d’un mélange de graines spécifiques pour noues et berges composé de fleurs sauvages et de graminées a été semé pour habiller le retalutage des berges. Il sera accompagné ponctuellement de massifs irréguliers rassemblant des végétaux choisis spécialement pour leur évolution en milieu humide et leurs racines fixatrices. Par ailleurs, au niveau de la crête, une piste en mélange terre-pierre a été réalisée sous forme d’aménagement de type « promenade ».

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le dimensionnement de l’opération a été réalisé sur la base d’une étude de modélisation hydraulique (protection des habitations sur des crues de retour 20 ans). Nous avons communiqué avec les riverains pour leur expliquer l’utilité du projet et les prévenir des nuisances qu’ils allaient subir. Nos entreprises partenaires ont enfoncé des palplanches de 7 mètres de long dans le sol, les nuisances sonores n’étaient pas minces ! Aujourd’hui, les habitants sont satisfaits car ils ont déjà pu concrètement expérimenter l’utilité de l’ouvrage et l’aménagement paysager autour de la digue constitue un nouveau coin de nature très agréable.

Comment le projet a-t-il été financé et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le montant des travaux s’élève à 588 483 € HT, financé à hauteur de 194 083 € par l’Agglomération et des subventions de l’Etat (197 200 € au titre des fonds de prévention des risques naturels majeurs et 197 200 € au titre de la dotation de soutien à l’investissement local).

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le Symsagel, EPTB sur le bassin versant de la Lys à l’origine de la réalisation du PAPI. La maîtrise d’œuvre a été assurée par les bureaux d’études ARTELIA Ville et Transport SAS (mandataire), SARL KVDS et SPRETEC. Et bien sûr la commune de Bruay-la-Buissière qui est propriétaire du parcellaire concerné.