Des espaces publics pensés pour l’infiltration des pluies à Moncornet (02)
La commune de Montcornet (02) a souhaité inscrire la gestion intégrée des eaux pluviales dans sa politique d’urbanisme. Après des travaux sur le réseau d’eau potable et la déconnexion avec le réseau d’eaux usées, cette collectivité a refait sa voirie et ses espaces publics en ce sens. Matériaux drainants, mini-bassins de rétention souterrains, plantations… Ce chantier ambitieux situé dans un périmètre de protection des Monuments historiques a coûté 1,6M€. Il a été financé à 40% par la ville et à 60% par des aides et subventions (Agence de l’Eau, Région Hauts-de-France, Département de l’Aisne).
Entretien avec Thomas Hennequin, maire de Montcornet et président du Syndicat des eaux de la Région de Montcornet.
Le projet est porté par :
- Thomas Hennequin est maire de Montcornet, une commune de 1300 habitants, située dans le département de l’Aisne. Il préside le Syndicat des eaux de la Région de Montcornet.
Thomas Hennequin
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet innovant de la gestion intégrée des eaux pluviales s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Nous avions une nécessité, qui était la réfection de l’espace public et avec lui, celle de nos canalisations d’eau potable par notre Syndicat des eaux, le syndicat des eaux de la région de Montcornet. Ces canalisations dataient de l’après-guerre et présentaient de nombreuses fuites. Cela a été l’occasion d’effectuer la déconnexion entre le réseau des eaux pluviales et celui des eaux usées, pour diminuer la quantité d’eau propre qui arrive en station d’épuration.
Ces interventions souterraines et un chantier d’enfouissement des réseaux électriques réalisés en 2022 ont nécessité une réfection de notre voirie. Cela d’autant plus que nos trottoirs présentaient des niveaux différents, nécessitant d’être mis aux normes d’accessibilité. Nous avons souhaité aller plus loin en inscrivant ces chantiers dans une réelle démarche environnementale et durable. Considérant que l’eau serait un bien encore plus précieux dans les années à venir, nous avons prévu une gestion intégrée des eaux pluviales dans notre chantier de réfection de voiries. Nous avions déjà aménagé en ce sens la place de l’hôtel de ville en 2020. Nous avons reconduit ce chantier de juin 2022 à juin 2023 dans un secteur densément peuplé du centre bourg constitué de deux rues et d’une placette. Cela représente un linéaire de 520m.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Notre objectif était de favoriser au maximum l’infiltration des eaux pluviales. Sur les conseils du bureau d’études qui nous a accompagné, nous avons déployé toute une palette de matériaux et de techniques pour y parvenir. Pour faciliter l’infiltration directe et éviter les inondations, une vingtaine de bassins de rétention ont été créés sous la placette et les zones de stationnement. Des pavés drainants ont été posés sur l’ensemble des places de stationnement et la placette. Les zones de stationnement sont matérialisées par des grilles où alternent pavés drainants et zones enherbées.
Nous avons aussi souhaité faire revenir de la végétation dans ce secteur très minéral. Partout où cela était possible, nous avons créé des espaces de verdure qui favorisent l’infiltration et permettent de lutter contre les îlots de chaleur.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Avec le bureau d’études et à la demande de l’Agence de l’Eau Seine Normandie, nous avons effectué une étude de faisabilité portant sur les gains en infiltration du projet. C’est sur la base de cette étude que la subvention de l’Agence de l’Eau a été calculée.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il faut bien sûr connaître le cycle de l’eau, mais c’est assez simple ! Sur les aspects techniques tels que les capacités de drainage d’un bassin, nous nous sommes appuyés sur un bureau d’études extérieur. Selon moi, la compétence majeure d’un élu, c’est la motivation. Car évidemment, la réfection des voiries en simple macadam serait plus simple.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous n’avons rencontré aucune difficulté. Montcornet est situé dans une région très rurale où les habitants ont une forte sensibilité à l’écologie. Nous avons organisé bien en amont une réunion publique pour expliquer en quoi consistait la déconnexion, la plus-value des travaux de voirie et d’espaces publics sur l’environnement, leur impact sur chaque riverain concerné.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le Syndicat des eaux a porté le projet de rénovation du réseau d’eau potable. La commune a porté celui des voiries/espaces publics et de la déconnexion, qui représente 1,6M€ TTC. Il a été subventionné à hauteur de 60% (Agence de l’Eau Seine Normandie: 45% ; Région hauts-de-France : 5% ; département de l’Aisne : 10%). La ville de Montcornet a assuré les 40% de financement restant. Il faut préciser que c’est l’intégration du chantier de déconnexion qui nous a permis d’obtenir la subvention de l’Agence de l’Eau.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la collectivité dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous avons été accompagnés sur la partie technique par le bureau d’études INGESSIA (Vervins). Les travaux ont été confiés à l’entreprise Eiffage. Le chantier de déconnexion entre les eaux usées et les eaux pluviales a été mené, sur le plan technique, en lien avec la Communauté de communes des Portes de la Thiérache. Le chantier étant situé à proximité d’une église fortifiée classée monument historique, nous avons par ailleurs échangé avec l’architecte des Bâtiments de France tout au long du projet.
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Le projet en détails
Dates clés
2020
2021
2022
Juin 2022 - Juin 2023
Chiffres clés
1 600 000
520
60% d'aides et de subventions
Résultats
- Ce chantier concilie la modernité, la qualité paysagère et l'écologie.
À retenir
Réelle amélioration de la qualité de l'espace public.
Réduction de l'empreinte carbone jusque dans nos trottoirs. Ceux-ci ne sont pas constitués de dérivés du pétrole mais d'un enrobé à base de résine de pin, un procédé innovant, qui leur confère par ailleurs un bel aspect.
Contraintes techniques très fortes avec un secteur résidentiel et fortement peuplé, deux rues en sens unique et en pente. Tout l'enjeu a donc été de favoriser l'infiltration sans inonder les caves des habitations.