La nouvelle usine d’eau potable de Saint-Brieuc Armor Agglomération (22) : une réponse innovante aux défis de l’eau potable

Comment la construction d’une nouvelle usine d’eau potable s’est‐elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?

Dès 2013, la question de la nouvelle usine d’eau potable s’est imposée. En effet, la précédente usine, construite en 1964 arrivait en fin de cycle de vie, d’un point de vue génie civil. Il nous fallait réfléchir à la réhabiliter ou à la remplacer tout en préservant la continuité de service, sans aucune rupture d’approvisionnement. Malheureusement, la réhabilitation s’est avérée impossible car il existe peu de réserve foncière auprès de cette ancienne usine, située en zone inondable. C’est ce qui nous a conforté dans le projet de construction d’une nouvelle usine de production, sur un nouveau site de 4,5 hectares à 1,5 km de l’ancienne, au lieu-dit la Croix Cholin sur la commune de Ploufragan, dotée d’une capacité de production journalière supérieure, contribuant également à la solidarité départementale.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Les inspirations ont démarré dès 2013. Nous avons visité d’autres usines de production d’eau potable. Trois usines en Vendée gérées par le syndicat départemental « Vendée Eau ». Une usine à Caen. Et d’autres usines dans le Morbihan. L’occasion d’identifier les points positifs à retenir et les difficultés à lever.

Est‐ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

L’étude de faisabilité réalisée en amont a permis de prendre en compte tous les paramètres indispensables à la construction de cette nouvelle usine. Nous avons choisi un terrain à proximité des infrastructures existantes, anticipant des possibilités d’extension et de renforcement des procédés de traitement durant son cycle de vie. Cet emplacement à la sortie immédiate d’une rocade permet aussi de faciliter les livraisons de réactifs réguliers et de limiter les transports dans des zones habitées. Par ailleurs, nous avons opté pour un projet optimisé d’un point de vue énergétique grâce à son altimétrie permettant d’utiliser toute la pression en provenance du barrage. Cette construction a été créée sur la base d’une insertion paysagère et architecturale discrète et harmonieuse.

L’étude d’impact a ainsi duré de 2017 à 2018.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

L’ensemble du projet a été mené en concertation avec de nombreux groupes de travail, et chaque point d’étape faisait l’objet d’une validation par le Comité Technique puis d’une décision prise par les élus en Comité de Pilotage. Autour de la table, il y avait : l’État avec la DDTM et l’ARS, la Carsat pour l’aménagement des postes de travail, la mairie de Ploufragan, le SDAEP des Côtes d’Armor (Syndicat Départemental d’Alimentation en Eau Potable), les différents services de SBAA et ses élus. Et puis, côté travaux, il s’est monté un groupement d’entreprises pour le marché public : Stereau (groupe SAUR) accompagné d’Angevin et Pinto pour la partie génie civil et leur architecte LAAB. Ainsi, concernant les compétences nécessaires, nous avons réuni des expertises sur le traitement de l’eau, le génie civil, le pompage, l’énergie, l’hydraulique, la qualité de l’eau, l’ergonomie, la veille réglementaire, la communication, l’assistance juridique…

Aujourd’hui, ce sont 5 personnes qui travaillent sur le site.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a‐t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le projet – dossier d’utilité publique – a été soumis à enquête publique, sur plusieurs volets : PLU, foncier, environnemental.
Il a fait l’objet d’une présentation en réunion publique. Des permanences ont été assurées pour recenser l’avis des citoyens et répondre aux différentes questions posées.

SBAA a été accompagnée d’un maître d’œuvre (SAFEGE) pour l’élaboration des études réglementaires, de conception et de dimensionnement.

Ce projet de construction de nouvelle usine, d’intérêt général, nous a incité aussi à nous questionner sur les besoins actuels et futurs afin de bien dimensionner la nouvelle usine, pour les 50 prochaines années. Justement, le Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable à l’échelle départementale venait de projeter des besoins futurs supérieurs à la production actuelle, positionnant la nouvelle usine également au secours d’autres territoires en cas de sécheresse des cours d’eau.

A cela s’ajoute la projection d’un développement dynamique du territoire avec un accroissement de la population au sein de Saint-Brieuc Armor Agglomération.

Comment Saint-Brieuc Armor Agglomération a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le budget alloué à cette nouvelle construction était de 34,6 M€, dont un montant de travaux à 27 M€ (sans révisions), une maîtrise d’œuvre à 1,5 M€ et des frais annexes (achat terrain, études géotechniques, essais de garanties…).

Le projet a été financé par le SDAEP à hauteur de 4 M€, l’État via le fonds DSIL à hauteur de 400 000 € et par des prêts contractés par Saint-Brieuc Armor Agglomération auprès de la Banque des Territoires.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Saint-Brieuc Agglomération dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le groupement SAFEGE, ingénieur conseil à Rennes, a réalisé la maîtrise d’œuvre du projet, avec une mission complète réalisée en BIM (Building Information Modeling), nous permettant de projeter l’usine grâce à une maquette numérique en 3D. Cet outil a renforcé la collaboration de l’ensemble des acteurs tout au long du projet, a donné une bonne vision de l’ergonomie des postes de travail et permet d’inter opérer avec l’outil de maintenance des équipements.

L’architecte Atelier Michel Château a mené l’ensemble du projet.

Sont également intervenus : l’APAVE, le contrôleur technique du projet, AG Coordination, le coordinateur sécurité et protection de la santé, et Ginger, le bureau d’études géotechniques