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Protection des ressources en eau potable à Saffré (44) : une charte pour s’engager ensemble

Le syndicat d’eau atlantic’eau approvisionne 148 communes en eau potable principalement en Loire-Atlantique, à partir de 14 sites de captages. Parmi eux, la nappe souterraine de Saffré alimente 45 000 habitants.

La vulnérabilité de la nappe aux pollutions a conduit sept collectivités (syndicats, intercommunalité et communes) et deux représentants du monde agricole à signer en 2021 la charte « Bassin de Saffré 2040, tous innEAUv’acteurs ».

Cette charte, animée par atlantic’eau, décline un programme de lutte contre les pollutions d’origine agricole et non-agricole, afin d’atteindre le « zéro phyto » sur toute l’aire d’alimentation de captage de Saffré (8 360 hectares).

Entretien avec Jean-François Ricard, Nathalie Keravec, Eric Noury et Hélène Bouille

Parole de collectivité
Jean-François Ricard, adjoint au maire de Blain, vice-président du Syndicat Chère Don Isac, membre du comité syndical d’atlantic’eau - Crédits photo : atlantic’eau
Production de l’eau

Ce projet est présenté par :

  • Jean-François Ricard, adjoint au maire de Blain, vice-président du Syndicat Chère Don Isac, membre du conseil syndical d’atlantic’eau
  • Nathalie Keravec, responsable du service gestion de la ressource en eau, atlantic’eau
  • Eric Noury, animateur de la Charte, atlantic’eau
  • Hélène Bouille, chargée d’accompagnement des collectivités, Syndicat Mixte Chère Don Isac
Cette logique de charte et d’approche globale permet à la fois l’adhésion et la mobilisation d’un panel d’accompagnements. Cela donne du sens à l’action auprès des agriculteurs. C’est une vraie force sur le territoire.
Eric Noury

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment l’élaboration d’une charte s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?

Jean-François Ricard : Dès 2015, face aux enjeux de pollutions et suite à la définition d’une stratégie pour le bassin d’alimentation du captage de Saffré, les élus ont voté à l’unanimité pour un objectif « zéro phyto ». Ce choix politique ambitieux était d’autant plus important que l’eau de surface s’infiltre très rapidement dans la nappe de Saffré.

Nathalie Keravec : En particulier, la présence de l’ESA-métolachlore, métabolite du S-métolachlore, a été détectée en 2016. Le syndicat d’eau accompagnait depuis 2004 les agriculteurs pour le désherbage mécanique, principalement sur les cultures de maïs, afin d’éviter l’emploi de pesticides. Le S-métolachlore étant un herbicide du maïs, cette action a été renforcée. Aujourd’hui la démarche vise un objectif de « zéro micropolluant », incluant la lutte contre les pollutions d’origine non-agricole. L’AMPA par exemple est une molécule dérivée du glyphosate employé en agriculture, mais peut également provenir de phosphonates présents dans la plupart des lessives.

Hélène Bouille : La charte est inscrite dans le programme d’actions multi-thématique du contrat territorial eau, que coordonne le syndicat de bassin versant Chère Don Isac (SCDI). Le SCDI a accompagné atlantic’eau pour obtenir des financements de l’agence de l’eau Loire Bretagne et de la région Pays de la Loire.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nathalie Keravec : Outre le travail prospectif lors de l’élaboration de la charte, les échanges avec la profession agricole et les communes ont constitué une source importante d’inspirations. Pour les communes, cela s’inscrivait dans le sens d’une démarche engagée depuis plusieurs années sur les pollutions d’origine non agricole : Saffré a été une des premières communes du département à faire évoluer ses pratiques d’entretien des espaces verts, en s’engageant dans une démarche zéro phyto dès 2002.

Sur le volet agricole, nous nous sommes inspirés de diverses expériences comme celle d’Agrobio35, qui accompagnait les agriculteurs d’Ille-et-Vilaine pour développer le désherbage mécanique : nous avons sollicité le GAB44 (groupement des agriculteurs biologiques de Loire-Atlantique) pour une intervention similaire. L’objectif était d’éviter le remplacement du S-Métolachlore par un autre pesticide.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Eric Noury : Il n’y a pas eu d’étude d’impact de la charte. Si l’objectif « zéro phyto » sur l’aire d’alimentation de captage est atteint, l’impact sera une amélioration de la qualité de l’eau. Concernant la faisabilité, la démarche est itérative et repose sur un panel de solutions : accompagnement technique, dispositifs financiers incitatifs, communication.

Le désherbage mécanique constitue l’un des moyens mobilisés dans le cadre de la charte pour limiter l’usage des herbicides. Une étude menée avec l’Union des CUMA (Coopérative d’utilisation des matériels agricoles) est programmée afin de lever certains freins au développement du désherbage mécanique : au-delà de freins individuels au changement de pratiques, des difficultés organisationnelles apparaissent, en raison de la forte saisonnalité des activités.

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Eric Noury : Atlantic’eau possède une expertise sur la production et la distribution d’eau potable sur le territoire. Nous renforçons notre capacité d’intervention sur le volet agricole grâce à l’accompagnement de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Le poste spécifiquement créé pour la mise en œuvre de la charte constitue également un atout majeur : animation du réseau de conseils et développement agricole, mise en place des dispositifs d’aides aux agriculteurs, liens avec les acteurs institutionnels, animation à destination du grand public, etc.

Nathalie Keravec : Ce pilotage d’actions en direct par le syndicat d’eau favorise les relations de confiance et une meilleure connaissance du territoire, ce qui permet d’adapter les actions. Par ailleurs, le soutien politique s’est beaucoup renforcé depuis 20 ans : en réunion, ce sont désormais les élus qui portent les messages, ce qui leur donne davantage de poids.

Jean-François Ricard : C’est notre rôle d’élu de promouvoir cette dynamique, avec l’appui des agents. Plusieurs élus siègent à la fois au syndicat de bassin versant et au syndicat d’eau.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment atlantic’eau a-t-il assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Eric Noury : L’adhésion des agriculteurs repose sur la diversité des solutions proposées, une information régulière sur les actions mises en place et un accompagnement pour les mobiliser. C’est notamment le cas du désherbage mécanique avec l’appui du GAB44. L’agriculteur s’engage en principe durant la campagne entière ; mais si le risque de perte de rendement devient trop élevé, il peut revenir à un système conventionnel. L’objectif est d’inclure un maximum d’agriculteurs, qui puissent conduire toute une campagne sans produit chimique. En 2024, 52 exploitations sur 96 étaient engagées sur l’un des dispositifs proposés. L’intégration d’actions non-agricoles a également facilité l’acceptabilité de la charte par les agriculteurs.

Nathalie Keravec : En effet en 2020, l’association d’agriculteurs Agri Eau Saffré a fait réaliser des analyses à la sortie de la station d’épuration de Saffré. Elles ont révélé un taux important d’AMPA, que l’on pensait auparavant uniquement lié aux pratiques agricoles. Atlantic’eau a alors étendu le suivi de la molécule, avec de nouveaux points de prélèvement. Les mesures ont confirmé les liens avec les eaux domestiques et l’usage de détergents ; elles ont conduit atlantic’eau à engager des actions vers le grand public : interventions scolaires, lettre distribuée aux 10000 habitants du bassin, fresque de l’alimentation…

Comment avez-vous financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

La charte, l’animation collective agricole, l’étude de développement de la filière bio et les diagnostics agricoles sur l’AAC prioritaire de Saffré sont inscrits au contrat territorial Eau Chère Don Isac, ce qui permet de bénéficier de financements de l’agence de l’eau Loire-Bretagne et de la région Pays de la Loire.

Sur le CT Eau 2023-2025 :

  • Financement Région Pays de la Loire : 37 332 €
  • Agence de l’Eau : 185 520 €
  • Atlantic’eau : 106 548 €

Les changements de pratiques agricoles sont également accompagnés financièrement, dans le cadre :

  • de paiements pour services environnementaux (PSE), sur un financement de l’agence de l’eau Loire Bretagne et d’atlantic’eau ;
  • de mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC), sur un financement État, fonds européens et animées par atlantic’eau ;
  • d’aides au désherbage mécanique financées par atlantic’eau.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné atlantic’eau dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

  • Signataires de la Charte :
    • Atlantic’eau
    • Syndicat Mixte Chère Don Isac
    • Communauté de Communes de Nozay
    • Communes : Saffré, Puceul, Nozay, Abbaretz
    • Agri Eau Saffré
    • Chambre d’Agriculture Pays de la Loire
  • Partenaires des actions :
    • Groupement d’agriculture Biologique 44
    • CUMA de l’Avenir (Puceul) et CUMA de l’Arche (Abbaretz)
    • Chambre d’Agriculture Pays de la Loire
    • INRAe
  • Contribution à l’élaboration de la démarche et de la charte :
    • Bureaux d’études : Épices (analyse prospective préalable), Aasivik et Idea (accompagnement à la co-construction de la Charte)
    • Plusieurs associations et acteurs économiques locaux rencontrés en phase de co-construction de la charte.
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Le projet en détails

Dates clés

2016

Mise à l'agenda du projet

2016 - 2018

Inspiration

2018 - 2021

Diagnostic et planification

Depuis 2021

Réalisation (signature de la charte le 22 mars 2021)

Chiffres clés

8 360

ha, la surface de l’aire d’alimentation de captage de Saffré dont environ 5 900 ha à usages agricoles

96

exploitations ayant au moins une parcelle sur l’aire d’alimentation du captage de Saffré

55

% des exploitations sont engagées dans l’un des dispositifs proposés (MAEC, PSE, autres)

Résultats

  • Les échanges réguliers entre le syndicat de bassin versant et Atlantic’Eau (élus et agents) favorisent la coordination, la complémentarité et la lisibilité auprès des acteurs du territoire.

À retenir

L’approche globale de la charte donne du sens à l’action

L’implication d’une association locale d’agriculteurs (Agri Eau Saffré) encourage l’engagement et l’adhésion des professionnels aux différents dispositifs proposés

La mobilisation du grand public reste un défi. Cela requiert de consacrer davantage de moyens à des actions dédiées mais aussi de réfléchir à des approches qui permettraient de toucher au-delà d’un public déjà convaincu

Ressources

Atlantic eau - InnEAUv’Infos : la lettre d'infos du bassin de Saffré

La nappe souterraine du bassin de Saffré (8 360 hectares) alimente 45 000 habitants en eau potable. Ses captages sont classés prioritaires au titre du Grenelle de l’Environnement au vu de son importance stratégique et de sa vulnérabilité aux produits phytosanitaires.

Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Loire-Bretagne

Agence de l'eau Loire Bretagne

Région Pays de la Loire logo

Région Pays de la Loire

logo_Chambre d'agriculture Pays-de-la-Loire

Chambre d’Agriculture Pays de la Loire

INRAE

INRAE

RS-Visuel-non-disponible-150x150

Groupement d’agriculture Biologique 44

RS-Visuel-non-disponible-150x150

CUMA de l’Avenir (Puceul)

RS-Visuel-non-disponible-150x150

CUMA de l’Arche (Abbaretz)

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

IDEA Territoires

En savoir plus sur atlantic'eau

communes desservies en eau potable

148

agents

43

Données de contact

L'eau sur mon territoire

logo aquarepère

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