Une nouvelle usine de traitement d’eau potable résout le problème de turbidité à Baulme-la-Roche (21)
Le village de Baulme-la-Roche est alimenté en eau potable par la source de la Dhuys. Cette eau étant d’origine karstique, elle présente une turbidité importante, c’est-à-dire un niveau élevé de matières en suspension, notamment en cas de pluie.
À la suite de mises en demeure de l’ARS, la Communauté de Communes Ouche et Montagne, qui a repris la compétence eau en 2021, a investi dans la construction d’une nouvelle usine de traitement de l’eau potable par filtre à sable.
L’installation permet d’offrir une eau de qualité satisfaisante à la centaine d’habitants avec une turbidité inférieure au seuil réglementaire de 1 NTU.






Entretien avec Benoit Caritey, Directeur des Services Techniques
Ce projet est présenté par :
- Benoit Caritey, Directeur des Services Techniques à la Communauté de Communes Ouche et Montagne
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la construction d’une nouvelle usine de traitement de l’eau potable s’est-elle imposée à l’agenda de la Communauté de Communes Ouche et Montagne ?
La source de la Dhuys étant en milieu karstique, les pics de turbidité supérieurs au seuil réglementaire étaient fréquents dans les 24 à 48 heures suivant des épisodes de pluie. Historiquement, ce problème était contourné en alimentant temporairement les habitants avec l’eau du réservoir tampon, dont la capacité était d’environ 2 semaines. Mais cette solution n’était pas satisfaisante. D’une part l’eau stagnante dans le réservoir pouvait entraîner des pollutions ou le développement de microorganismes. D’autre part, par deux fois au cours des dernières années, la limite de capacité du réservoir a risqué d’être atteinte pendant des périodes de pluies prolongées.
En 2019, l’ARS a mis en demeure la commune de Baulme-la-Roche, qui gérait l’eau de manière autonome, de mettre en œuvre un traitement de la turbidité sous 3 ans. Cette demande de l’ARS a été renouvelée à la Communauté de Communes Ouche et Montagne en 2021, après avoir repris la compétence eau en 2020. Un projet de construction d’une nouvelle usine de traitement de l’eau potable a alors été engagé afin de résoudre ce problème. L’enjeu était de trouver une filière technique simple et bien dimensionnée à la taille de la commune et à la capacité de financement de la collectivité.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous n’avons pas puisé dans des sources d’inspiration particulières : nous avons suivi les conseils du cabinet MERLIN, en charge de la maîtrise d’œuvre du projet, et nous nous sommes orientés sur un système basique de filtre à sable, hyperfonctionnel répondant à nos besoins.
Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ? Avez-vous obtenu l’adhésion des citoyens et/ou coconstruit avec eux ?
Des compétences de base propres à une régie eau sont nécessaires, sachant que les équipes sont épaulées par un bureau d’études spécialisé. Des compétences en électromécanique, télégestion et réseau sont également requises pour gérer le fonctionnement de l’usine de traitement de l’eau.
Pour la construction du bâtiment, des compétences en génie civil ont été requises. L’installation étant située sur un site classé, nous nous sommes appuyés sur les experts des Bâtiments de France pour choisir les matériaux permettant d’intégrer au mieux l’usine de traitement dans son environnement : le local a bénéficié d’un bardage en mélèze et pierres naturelles, le toit a été couvert de tuiles de Bourgogne identiques à celles du lavoir voisin dans lequel se situait l’ancien équipement de traitement de l’eau.
Les habitants ont naturellement adhéré à ce projet, la construction de cette nouvelle usine venant solutionner un problème de turbidité récurrent. De plus, la commune de Baulme-la-Roche, qui avait géré l’approvisionnement en eau potable du village jusqu’au transfert de la compétence eau à la Communauté de Communes Ouche et Montagne, était très attachée à la gestion de cette source et à la distribution de l’eau. Elle a donc été très impliquée dans toute la durée des travaux. Les habitants ont été invités à assister à des visites guidées de la nouvelle usine en octobre 2024 afin de découvrir l’installation et d’en comprendre le fonctionnement.
Avez-vous mené une étude en amont du projet pour définir sa faisabilité et/ou son impact ? Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement de l’usine de traitement ?
Notre objectif était de bien dimensionner le projet à la taille de la source d’eau potable et à celle de la commune desservie – une cinquantaine d’abonnés, pour environ 6 700 m3 d’eau distribués par an. Nous avons aussi eu le souci d’ajuster le montant des dépenses au retour sur investissement escompté. Nous sommes une petite Communauté de Communes et nous n’avions pas les moyens d’investir dans une filière technique complexe disproportionnée par rapport aux besoins du territoire.
Pour cela, nous avons mené une étude d’analyse de la turbidité et un retour historique des données de turbidité. Les résultats nous ont permis d’opter pour un système simple de filtre à sable. Notre nouvelle usine de traitement de l’eau potable permet :
- de traiter l’eau dans 99 % des cas lorsque le niveau de turbidité est compris entre 1 et 20 NTU (Nephelometric Turbidity Unit) ;
- d’utiliser l’eau stockée dans le réservoir tampon dans les 1 % des cas restants, lorsque le niveau de turbidité dépasse le seuil de 20 NTU. Ces situations arrivent au maximum 5 jours dans l’année, et rarement plusieurs jours d’affilée.
L’ARS a validé le choix de cette solution s’appuyant sur deux systèmes en parallèle, qui offre aux habitants l’assurance d’une eau de qualité en toutes circonstances, tout en étant économiquement supportable à l’échelle de la Communauté de communes.
Comment la Communauté de Communes Ouche et Montagne a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?
Le montant des dépenses pour la construction de la nouvelle usine de traitement d’eau potable s’est élevé à près de 265 966 € TTC.
Les travaux ont été financés par la Communauté de Communes, avec l’aide de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse à hauteur de 40 % et du Département de Côte d’Or à hauteur de 16 %.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
- Maîtrise d’œuvre : cabinet MERLIN (agence de Dijon – 21)
- Étude de sol : GEOTEC (agence de Quetigny – 21)
- Levé topographique : CARTOLIA (Chenove – 21)
- Contrôle Technique et SPS (Sécurité et protection de la santé) : SOCOTEC (agence de Dijon – 21)
- Réalisation des travaux = AECI (Crottet – 01)
Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?
Ce qui me semble essentiel, c’est de bien étudier ses objectifs pour aboutir sur un projet cohérent, trouver la solution en adéquation avec son problème, et éviter de la surdimensionner.
Dans notre cas, on aurait pu investir 1 M€ et traiter 100 % du problème de turbidité de la commune. Mais cela aurait été disproportionné par rapport à notre capacité de financement et n’aurait pas fondamentalement amélioré le résultat final. Nous avons choisi d’investir bien moins tout en traitant 99 % du problème, et en offrant une solution de qualité au 1 % restant. Je pense que cette logique fait appel au bon sens et est applicable à nombre de projets portés par les collectivités.
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Le projet en détails
Dates clés
2019
2020
Juin 2023
Mars 2024
Chiffres clés
6 700
265 966
20
À retenir
Distribution d’une eau potable de qualité aux habitants du village, sans turbidité, même en cas d’épisode de fortes pluies grâce à la coexistence de la nouvelle usine de traitement de l’eau et du réservoir tampon
Pas de coupure d’alimentation en eau potable lors de la mise en fonctionnement de la nouvelle usine, celle-ci ayant été construite à proximité et indépendamment de l’ancien équipement existant, dont certains éléments comme le turbidimètre ont pu être récupérés
Des délais longs entre les études, le choix de la filière technique et le montage financier, et un surcoût dû à l’achat de matériaux nobles afin d’insérer harmonieusement le bâtiment dans un site classé
Ressources
La commune s’équipe d’une usine de traitement de la turbidité de l’eau
Le Bien Public
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse

Département de Côte d'Or
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet
En savoir plus sur Baulme-la-Roche
habitants
Données de contact
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