Une régie transversale et intégrée de l’eau à l’échelle de 26 communes (29)
Morlaix Communauté a choisi de se doter d’une régie indépendante et autonome, An Dour, à l’échelle de ses 26 communes, 68 000 habitants et 780 km2 pour gérer l’eau de façon transversale (eau potable, eaux usées, eaux pluviales et gestion des milieux).
Avec ses 120 agents, An Dour supervise 12 unités de production d’eau potable, 3,2 millions de m3 d’eau potable distribués par an, 21 stations de traitement des eaux usées.
L’eau est appréhendée de façon globale sur le territoire, qualité et quantité de la ressource, production, distribution, traitement et rejet.





Entretien avec Guy Pennec, président d’An Dour

Ce projet est présenté par
- Guy Pennec, président d’An Dour
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la création de la régie An Dour s’est-elle imposée à l’agenda de Morlaix Communauté ?
En 2016, dans le sillage des lois MAPTAM et NOTRe, Morlaix Communauté a choisi de prendre les compétences eau et assainissement, sachant qu’elle administrait déjà le Spanc. À ce moment, l’eau était gérée sur le territoire de l’agglomération, soit en régie soit en délégation de service public.
Début 2017 toutes ces gestions de l’eau ont été regroupées au sein de Morlaix Communauté, initialement dans une régie communautaire, préfigurant la future régie avec une personnalité morale et autonomie financière. Car l’objectif était bien de créer une régie publique avec sa propre personnalité morale, administrée par un conseil d’administration. C’était une volonté politique, décidée à l’unanimité.
La création de cette régie indépendante, An Dour, s’est faite en quelques années, de 2017 à 2024.
Durant ce laps de temps, l’agglomération a pris les compétences obligatoires des eaux pluviales (1er janvier 2020), la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI), ainsi que l’accompagnement agricole qui inclut bocages, plan de lutte contre les algues vertes, submersion marine, qualité des masses d’eaux brutes et lutte contre les espèces invasives et rongeurs aquatiques, précédemment gérés par les syndicats de bassin versant.
Depuis sa création en janvier 2024, An Dour, fédère toutes ces compétences. La régie est liée pour 4 ans à Morlaix Communauté par une convention d’orientation stratégique.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Ce qui nous a inspiré c’est l’ensemble des démarches menées en France sur le sujet de l’eau à travers les schémas directeurs que sont les SDAGE et SAGE, en particulier les réflexions du SDAGE Loire Bretagne et du SAGE Léon Trégor. Ils ont mis en évidence la pertinence d’une gestion intégrée du petit et du grand cycle de l’eau. On ne peut pas sectoriser le transport et la production d’eau potable sans se préoccuper de la qualité et de la disponibilité de la ressource. De même pour les eaux usées : puisqu’elles sont rejetées dans le milieu, nous devons être vertueux avec des rejets qui n’impactent pas les eaux douces ni le littoral.
Sur notre territoire, l’ensemble des bassins versants concernés se situent dans les limites administratives de la communauté d’agglomération. Ce qui est facilitant.
Cette gestion du petit et du grand cycle de l’eau dépasse les EPCI ; elle doit être abordée à l’échelle de pays et du département.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, à chaque étape de l’évolution de la régie, des états des lieux ont été réalisés et des comités de préfiguration regroupant élus, techniciens et bureaux d’études ont élaboré des schémas directeurs ainsi que la prospective financière et tarifaire.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Avant tout, il faut la volonté politique d’une véritable gouvernance de l’eau. Ce qui était le cas à Morlaix Communauté. Ensuite, se poser la question des moyens à se donner pour atteindre les objectifs de gestion qualitative et quantitative de la ressource. Se donner les moyens humains c’est recruter des personnes compétentes et s’appuyer sur l’expérience des élus locaux qui géraient depuis des décennies les services eau et assainissement.
Cela demande également de la confiance, de la coopération et de dépasser la vision communale ou intercommunale pour œuvrer à une échelle bien plus large.
Enfin, dans le contexte de changement climatique, une vision prospective sur les plans d’actions et les investissements s’impose.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Le périmètre d’actions de la régie est déterminé par les compétences de l’agglomération dans le petit et le grand cycle de l’eau.
À partir de l’état des lieux réalisé, nous avons défini la composition des services nécessaires pour proposer une offre technique supérieure sinon équivalente aux prestations des délégataires tout en garantissant un ratio coût bénéfice acceptable pour l’usager. Un comité de préfiguration technique composé de services supports de Morlaix Communauté et des services de l’eau de la régie communautaire initiale a œuvré au projet pendant un an.
Ce passage en régie a été annoncé dans le projet d’agglomération élaboré après les élections de 2020, explicité dans une brochure dédiée distribuée aux habitants et largement relayé par la presse locale.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Morlaix Communauté avait bénéficié des transferts d’excédents financiers provenant des communes et syndicats préexistants. Elle a créé la régie An Dour sur des avances de fonds propres et mis à disposition ses services support.
La régie fonctionne aujourd’hui avec ses propres recettes de tarification, des subventions de l’Agence de l’eau, de la Région et du Département, le reversement de la taxe GEMAPI par Morlaix Communauté, un soutien financier de Morlaix Communauté pour des actions liées au grand cycle de l’eau et des emprunts pour les investissements. En effet, la régie investit, environ 20 à 22 millions d’euros par an, dans la remise à niveau des infrastructures réseau et des installations qui datent des années 60 et 70. Il est urgent de limiter drastiquement les fuites d’eau dans les réseaux, les eaux parasites dans les stations de traitement et d’améliorer la gestion des eaux pluviales.
Pour autant, la tarification de l’eau doit être acceptable et supportable par les abonnés. Aussi, nous avons fait le choix d’une convergence tarifaire douce, étalée sur 12 années, pour mettre en place une harmonisation et une convergence des services et arriver à un prix unique du m3 sur le territoire, selon les tranches de consommation.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Morlaix Communauté dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Un comité de pilotage a réuni plusieurs acteurs : toutes les communes, les services préfectoraux de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), les services de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP), les services du Conseil départemental, le cabinet juridique Landot et un bureau d’étude national NALDEO, qui avait déjà assisté la mise en place des régies de Saint-Malo, Nice, Montpellier et Bordeaux. Un cabinet d’expertise financière, Ressources Consultant finances, nous a accompagnés sur la prospective financière et tarifaire.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
Janvier 2017
2019-2020
Janvier 2024
Chiffres clés
80
68 000
120
Résultats
Ce qui a fondamentalement changé, c’est d’aborder le sujet de l’eau de façon globale et transversale dans l’aménagement du territoire.
À retenir
Au quotidien, je vois et je vis l’intérêt et la confiance des salariés de la régie pour le projet global. Nous avons réussi avec des élus communautaires et communaux à travailler sur la base de la confiance et d’un objectif partagé. C’est cela qui nous passionne tous !
Un autre point positif conséquent est de pouvoir disposer de moyens financiers permettant des mises aux normes que beaucoup de communes n’auraient pas pu réaliser. La régie dispose d’une capacité à agir supérieure à l’ensemble des précédentes petites régies et délégations de service public.
Il n’y a pas de point négatif à proprement parler. Le sujet d’attention serait le dimensionnement des services, que ce soit la gestion de la relation clients, le bureau d’études techniques, la comptabilité finance, la commande publique, l’informatique ou la communication. Nous avons expérimenté que des logiciels performants, une téléphonie fiable et de bons équipements de fonctionnement sont essentiels. Disposer de locaux est un plus.
Ressources
Le Télégrammme - Six choses à savoir sur « An Dour », la régie eau de Morlaix communauté
Le « service public de l’eau - An Dour », entreprise publique de gestion de l’eau, est né, ce lundi 26 juin 2023. Avec cette régie autonome, Morlaix communauté veut rendre plus efficace son action dans ce domaine. Et rappelle encore son avance sur le sujet
Les partenaires de ce projet

DDTM

DGFIP
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

Bureau d’étude national NALDEO

Cabinet juridique Landot
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