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Création d’une mare pour assurer la défense incendie d’un hameau (14)

Installé au hameau La Gerberie de Noues de Sienne (14) depuis 2020, un groupe d’habitants en habitat collectif a formé l’association La Détourbe, avec pour objectif de contribuer à la vie locale autour des valeurs d’autonomie, d’entraide et d’écologie.

C’est pour restaurer une ancienne bâtisse dans les normes, que les habitants et membres de l’association ont ainsi choisi de mener un projet de création d’une mare pour répondre aux exigences du PLU concernant les risques incendies, avec le double objectif de créer un espace pour la biodiversité au sein du hameau.

En écoutant les retours des habitants, en concertation et dialogue avec le Conservatoire des espaces naturels, la commune et le Sdis, l’association a investi ses fonds propres pour parvenir à créer une mare à la convergence des enjeux écologiques et de lutte contre les incendies.

Entretien avec Margot Lefranc, membre de l’association La Gerberie commune

Parole de collectivité
Crédits photo : aquagir
Défense extérieure contre l’incendie

Ce projet est présenté par :

  • Margot Lefranc, membre active de l’association La Gerberie commune, propriétaire du corps de ferme.
Créer une mare nous a permis de transformer la contrainte de sécurité incendie en une opportunité pour la biodiversité
Margot Lefranc

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment ce projet s’est-il imposé à l’agenda de l’association La Gerberie commune ?

Nous avons acheté le corps de ferme du hameau La Gerberie en décembre 2020, dans l’objectif de rénover les bâtiments afin d’en faire un lieu de vie collectif et solidaire pour les habitants, aussi membres de l’association La Détourbe. Nous souhaitions rénover une ancienne étable pour en faire un lieu d’habitation à disposition des six habitants du corps de ferme. Pour cela, il nous a fallu déposer le permis de construire, et convertir un bâtiment agricole en habitation, ce qui augmentait le risque incendie sur le hameau, selon les normes. Dans ce cas de figure, lorsqu’un porteur de projet est à l’origine d’une augmentation du risque incendie, c’est lui-même qui se doit de prendre en charge la sécurité incendie, selon les exigences du Plan Local d’Urbanisme (PLU) de notre commune. Nous avons donc pris la décision de construire une mare dans une démarche permaculturelle, avec l’idée de répondre à cette exigence tout en ajoutant un élément paysager, favorable à la biodiversité qui aurait aussi un intérêt écologique, dans une perspective de bénéfice pour le jardin et le hameau.

Nous avons échangé au téléphone avec le SDIS, puis lors d’un rendez-vous avec la mairie fin 2021, pour observer la compatibilité entre l’enjeu de sécurité et celui écologique. Il y a des préconisations à suivre dans le cas où le point d’eau incendie se fait avec de l’eau libre, concernant la végétation, les pentes possibles…  Nous avons donc validé avec le Sdis la forme de la mare, les plantations, pour s’assurer que le dispositif soit opérationnel. Son emplacement a été choisi pour son accessibilité : dans notre cas, la mare devait être à la fois proche des maisons pour assurer la sécurité incendie et pas trop pour ne pas devenir une nuisance sonore (batraciens) pour les habitants.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

En faisant nos recherches, nous avons eu des difficultés à trouver des ressources qui croisent ces deux enjeux de défense incendie et de création de biodiversité au travers de la création de mares. Dans le cas de la défense incendie, les collectivités suggèrent généralement d’ajouter une « citerne souple », une grande poche en plastique qui fait office de réservoir artificiel. Cela a été le cas pour notre mairie, qui nous a suggéré d’adopter cette solution. Mais nous souhaitions un projet avec un apport pour la biodiversité. Nous avons donc cherché et avons eu une première inspiration grâce au Parc naturel régional Opale (PNR), qui avait communiqué sur l’un de ses projets en titrant : « Une mare incendie plutôt qu’une citerne ». Nous avons également eu deux rencontres structurantes avec le Conservatoire d’espaces naturels (CEN), et grâce au retour d’expérience du PNR, qui nous ont permis de lancer ce projet début 2021.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Nous avons fait nous-même un dossier technique, soumis au Service départemental et de secours (SDIS) du Calvados, car nous voulions nous assurer que le projet fonctionne, et ne surtout pas être pris au dépourvu pendant la phase de test qui se fait directement sur place avec les pompiers. Nous avons dessiné le dispositif d’aspiration, nous avons fait les plans masse et des coupes, la présentation du projet sur site, et des devis auprès d’entreprises qui fournissent de la VRD (voirie et réseaux divers). Nous avons aussi fait valider le devis, car le Sdis regarde les matériaux utilisés pour ce type d’ouvrage. Nous avons pu mettre à profit les compétences de chacun au sein de notre association, qui comprend des ingénieurs en énergies renouvelables, deux urbanistes…

Nous avons pris collectivement en charge la conception du projet, les commandes, l’assemblage, l’installation des dispositifs d’aspiration et d’imperméabilisation. Cela nous a pris un an et demi entre le lancement et la livraison.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un projet ?

Le dialogue avec le Sdis et la bonne prise en compte de leur règlement ont été essentiels. Nous avons aussi pu bénéficier de recommandations techniques sur la conception de la mare pour favoriser l’accueil de la biodiversité, grâce au CEN et son programme de restauration de mares (PRAM), qui nous ont accompagnés avec la visite d’un technicien. Il ne faut pas aussi sous-estimer l’accueil des autres riverains vis-à-vis de ce genre de projet. Dans notre cas, ce projet de création de mare porté par notre association au sein du hameau qui compte une dizaine d’autres personnes a été l’objet de beaucoup de craintes de nuisances potentielles de la part de nos voisins. Il faut pouvoir être serein et apporter des réponses à leurs questions, surtout sur les à priori. Par exemple, une mare bien gérée, avec une belle biodiversité, n’a pas de raison d’avoir des moustiques. La biodiversité se régule bien si la mare est bien entretenue. Avoir un imaginaire positif vis-à-vis d’une mare ouverte et bien plantée, montrer des photos du projet tel qu’il pourrait être, donner des idées paysagères peut permettre de créer de l’adhésion et pouvoir à terme en faire un enjeu de curiosité plus que de conflit.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Nous avons commencé avec du porte à porte auprès des habitants du hameau pour les informer du projet, en discuter. Nos voisins étaient assez réticents. Parmi les craintes, notre voisin  agriculteur s’inquiétait de voir son bétail tomber dans la mare. D’autres voisins pensaient aussi à de potentielles chutes d’enfants. Pour répondre à leurs inquiétudes, nous avons fermé la mare par une clôture, une barrière en noisetier que nous avons tressée nous même avec les arbres du terrain.

Le CEN et son PRAM nous ont permis de communiquer sur le projet à posteriori, avec la réalisation d’une petite vidéo de retour d’expérience, disponible sur leur site. Des porteurs de projets nous ont contactés depuis sur ces questions autour de la défense incendie et création d’une mare pour la biodiversité, nous avons pu partager nos documents, nos documents techniques. Pour le dimensionnement du projet, un technicien du PRAM, Pierre Robin, est venu deux fois et nous a notamment permis de corriger le profil de la mare. Il est aussi revenu un an après pour observer l’état de vitalité de la faune et de la flore de la mare et pour nous donner aussi des conseils pour améliorer la situation.

Comment l’association a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

L’association a entièrement pris à sa charge sur ses fonds propres cet investissement qui a été de 2 870 euros TTC (570 euros pour le dispositif d’aspiration, 1 800 euros pour la bâche EPDM, 500 euros pour le terrassement).  Il est difficile de chiffrer le nombre d’heures passées dans ce dossier, entre les temps de conceptions et de concertation. Le modèle associatif s’y prêtait, c’est un projet collectif, dans lequel nous avons pu mettre beaucoup de nos compétences individuelles.  La validation de la VRD installé nous même, un peu de maçonnerie, le tressage de la clôture, l’installation de la bâche…  Pour le remplissage nous avons pu compter sur la météo.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Dans l’ensemble, le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN), le Service de Défense extérieure contre les incendies (DECI), le Service départemental d’Incendie et de Secours (Sdis) du Calvados

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Le projet en détails

Dates clés

2020

Achat du corps de ferme

Décembre 2021

Lancement du projet

Fin 2021

Livraison de la mare

Chiffres clés

30

m3 de bassin d'incendie

8 sur 7,5

mètres de bassin

À retenir

Créer une mare nous a permis de transformer la contrainte de sécurité incendie en une opportunité pour la biodiversité. Certains de nos voisins ont été surpris de s’apercevoir, après un premier été caniculaire, que de nombreux oiseaux venaient sur la mare, alors que les moustiques en étaient absents. On a eu des retours positifs, certaines personnes du village se réjouissent de ce nouvel élément paysager, qui se situe sur un chemin de promenade autour de Noues de Siennes.

Nous sommes aussi ravis de la coopération avec le CEN et le PRAM qui ont eu des retours super positifs, des conseils pour que la biodiversité s’implante. Nous avons par exemple rajouté de la végétation sur notre mare, trouvée sur le territoire cet été. Et également, c’est un succès d’efficacité, puisque la mare comme dispositif de sécurité incendie fonctionne, comme validé par les pompiers sur place.

La mare se situe au cœur du hameau, auprès de trois maisons. Cela était l’occasion d’en faire un projet de voisinage, qu’on aurait aimé participatif. Mais il y a eu des désaccords avec les voisins, il a fallu gérer le conflit de voisinage. Mais maintenant nous avons de bonnes relations, bien que les questions d’écologies peuvent être un sujet de tension.

Les partenaires de ce projet

CEN LOGO

Conservatoire des Espaces Naturels (CEN)

RS-Visuel-non-disponible-150x150

Service de défense extérieure contre les incendies

RS-Visuel-non-disponible-150x150

Service départemental d’Incendie et de Secours du Calvados

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habitants

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