Comment le sujet de la réhabilitation du réseau d’eaux usées s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Depuis déjà plusieurs années Amiens Métropole a fait de la gestion des eaux, potables comme usées, l’une de ses actions prioritaires. En 2023, nous consacrons 11M€ aux réseaux d’eau potable et d’assainissement, dont la moitié pour ce dernier.
Ce réseau d’assainissement est long de 650 km et achemine les eaux usées vers les stations d’épuration pour traitement avant rejet dans le milieu naturel. Le réseau est ancien : son âge moyen peut être estimé à 70 ans, avec des ouvrages qui dépassent les 100 ans. Il est souvent constitué de canalisations en grès et en amiante ciment et n’a pas été régulièrement renouvelé dans le passé. Il y a donc des fuites et des risques de pollution du milieu naturel.
Parallèlement au renforcement des postes de refoulement et de pompage (agrandissement, création), nous avons donc entrepris des travaux pour sécuriser et augmenter la durée de vie de nos canalisations. Avant, nous faisions beaucoup d’interventions curatives, nous essayons désormais de favoriser les actions préventives.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Les entreprises françaises ont de vraies compétences d’ingénierie sur ces sujets. Quand le collecteur ne fait pas l’objet d’affaissement ou de cassure, il est possible de le réhabiliter par l’intérieur et sans terrassement. La méthode consiste à appliquer via un robot une membrane polymérisée sur les parois existantes, afin d’en rétablir l’étanchéité. Cela évite d’ouvrir des tranchées pour la canalisation principale ! Les travaux sont complétés par du terrassement au niveau des branchements pour les renouveler s’ils sont en mauvais état et par l’ajout d’accès aux branchements des habitations (boîtes de raccordement) sur les trottoirs.
L’alimentation en eau potable est maintenue pendant les travaux. Il est toutefois demandé de limiter les rejets d’eaux usées au moment de l’intervention. C’est un chantier au long cours : lancé en 2021, il se poursuit encore dans d’autres rues.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Les canalisations ont été inspectées par des caméras. Ce travail a permis de diagnostiquer l’état des collecteurs et de définir les éventuels travaux de réhabilitation.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance de son réseau : son fonctionnement, son emplacement, ses matériaux, son diamètre. Nos réseaux ne sont pas facilement accessibles, il fait parfois “mener l’enquête” en veillant à ne pas déranger les habitants.
Il y a aussi un travail de veille à réaliser. On est dans un domaine où il y a beaucoup d’ingénierie, avec des entreprises qui développent des solutions innovantes. Il faut trouver la bonne.
Lors des phases de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Une réunion d’information s’est tenue à la mairie d’Amiens. Nous avons ensuite déployé les moyens de communication classiques : information sur les supports de communication d’Amiens Métropole et des communes concernées, identification de relais tels que les comités de quartier et enfin, panneaux d’information sur site. Pour les riverains, la méthode utilisée a un gros avantage : il n’y a pas de terrassement sur les canalisations elles-mêmes et souvent nous avons pu maintenir une circulation partielle.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le chantier de gainage 2021 a coûté 1,65M€ HT. Il a été financé par Amiens Métropole et par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, dans le cadre du 11e programme 2019-2024, qui a participé aux travaux à hauteur de 20% du montant.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Amiens Métropole dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous avons sollicité l’entreprise Sater (Saint-Omer, 62) pour le diagnostic des canalisations par inspection vidéo. Nous avons fait appel à la société Barriquand (Compiègne, 60) spécialisée en réhabilitation sans tranchées.