Le réseau d’assainissement se met au gainage à Amiens (80)
Amiens Métropole (80) a engagé depuis 2021 de gros travaux pour améliorer les 650 kilomètres de son réseau d’assainissement. Parallèlement au renforcement des postes de refoulement et de pompage, la collectivité met en œuvre le gainage de ses canalisations les plus fragiles. Un robot rétablit l’étanchéité de leurs parois en y appliquant une membrane polymérisée. Cette solution technique limite les travaux et la gêne des riverains tout en augmentant la durée de vie du réseau.
Entretien avec les porteurs de projets d'assainissement du réseau d'Amiens
Le projet est présenté par :
- Eric Maquet (en photo) est vice-président d’Amiens Métropole, chargé de la protection de la ressource en eau. Amiens métropole compte 39 communes et 180 000 habitants sur un territoire de 350 km2.
- Julien Lazlo est directeur des services à l’Environnement d’Amiens Métropole.
Eric Maquet
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la réhabilitation du réseau d’eaux usées s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Depuis déjà plusieurs années Amiens Métropole a fait de la gestion des eaux, potables comme usées, l’une de ses actions prioritaires. En 2023, nous consacrons 11M€ aux réseaux d’eau potable et d’assainissement, dont la moitié pour ce dernier.
Ce réseau d’assainissement est long de 650 km et achemine les eaux usées vers les stations d’épuration pour traitement avant rejet dans le milieu naturel. Le réseau est ancien : son âge moyen peut être estimé à 70 ans, avec des ouvrages qui dépassent les 100 ans. Il est souvent constitué de canalisations en grès et en amiante ciment et n’a pas été régulièrement renouvelé dans le passé. Il y a donc des fuites et des risques de pollution du milieu naturel.
Parallèlement au renforcement des postes de refoulement et de pompage (agrandissement, création), nous avons donc entrepris des travaux pour sécuriser et augmenter la durée de vie de nos canalisations. Avant, nous faisions beaucoup d’interventions curatives, nous essayons désormais de favoriser les actions préventives.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Les entreprises françaises ont de vraies compétences d’ingénierie sur ces sujets. Quand le collecteur ne fait pas l’objet d’affaissement ou de cassure, il est possible de le réhabiliter par l’intérieur et sans terrassement. La méthode consiste à appliquer via un robot une membrane polymérisée sur les parois existantes, afin d’en rétablir l’étanchéité. Cela évite d’ouvrir des tranchées pour la canalisation principale ! Les travaux sont complétés par du terrassement au niveau des branchements pour les renouveler s’ils sont en mauvais état et par l’ajout d’accès aux branchements des habitations (boîtes de raccordement) sur les trottoirs.
L’alimentation en eau potable est maintenue pendant les travaux. Il est toutefois demandé de limiter les rejets d’eaux usées au moment de l’intervention. C’est un chantier au long cours : lancé en 2021, il se poursuit encore dans d’autres rues.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Les canalisations ont été inspectées par des caméras. Ce travail a permis de diagnostiquer l’état des collecteurs et de définir les éventuels travaux de réhabilitation.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il est nécessaire d’avoir une bonne connaissance de son réseau : son fonctionnement, son emplacement, ses matériaux, son diamètre. Nos réseaux ne sont pas facilement accessibles, il fait parfois « mener l’enquête » en veillant à ne pas déranger les habitants.
Il y a aussi un travail de veille à réaliser. On est dans un domaine où il y a beaucoup d’ingénierie, avec des entreprises qui développent des solutions innovantes. Il faut trouver la bonne.
Lors des phases de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Une réunion d’information s’est tenue à la mairie d’Amiens. Nous avons ensuite déployé les moyens de communication classiques : information sur les supports de communication d’Amiens Métropole et des communes concernées, identification de relais tels que les comités de quartier et enfin, panneaux d’information sur site. Pour les riverains, la méthode utilisée a un gros avantage : il n’y a pas de terrassement sur les canalisations elles-mêmes et souvent nous avons pu maintenir une circulation partielle.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le chantier de gainage 2021 a coûté 1,65M€ HT. Il a été financé par Amiens Métropole et par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, dans le cadre du 11e programme 2019-2024, qui a participé aux travaux à hauteur de 20% du montant.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Amiens Métropole dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Nous avons sollicité l’entreprise Sater (Saint-Omer, 62) pour le diagnostic des canalisations par inspection vidéo. Nous avons fait appel à la société Barriquand (Compiègne, 60) spécialisée en réhabilitation sans tranchées.
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Le projet en détails
Dates clés
2020
2021
2021
2022
Chiffres clés
8
1 500 000
2 000
Résultats
- Les fuites du réseau d'assainissement sont évitées
- La durée de vie du réseau d'assainissement est augmentée
À retenir
La technique de gainage utilisée minimise la gêne pour les riverains
Le coût des travaux est minimisé
Moins de visibilité sur le réseau qu'une tranchée ouverte. L'opération a occasionné une légère réduction du diamètre des canalisations. Et bien sûr, ce gainage est moins pérenne que la pose d'un réseau neuf.
Ressources
À Amiens, des travaux sur le réseau d’assainissement perturbent la circulation dans le secteur de la gare
Courrier Picard