Le renouveau des châteaux d’eau à la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin (62)
Deux nouveaux châteaux d’eau ont été mis en service en 2021 à Lens et Bully-les-Mines (62). Un chantier mené par la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin pour sécuriser l’approvisionnement en augmentant les capacités de stockage. Ces ouvrages contribuent aussi à une gestion dynamique de la ressource, l’eau provenant à la fois de nappes souterraines et de la rivière la Lys. Véritables totems dans le paysage, ces châteaux d’eau figurent parmi les projets “eau” majeurs de la CALL. Le chantier de plus de 12,7M€HT a été financé à 78% par la Communauté d’agglomération et à 22% par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie.
Entretien avec Pierre Sénéchal, vice-président en charge de l'Eau et de l'assainissement à la Communauté d'agglomération de Lens-Liévin et Gaëtan Boyer, directeur Eaux et réseaux à la CALL
Le projet est présenté par :
- Pierre Sénéchal est vice-président en charge de l’Eau et de l’assainissement à la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin (62). La CALL regroupe 36 communes et 250 000 habitants.
- Gaëtan Boyer est directeur Eaux et réseaux à la CALL.
Pierre Sénéchal
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet de la construction de deux nouveaux châteaux d’eau s’est-il imposé à l’agenda de la Collectivité d’agglomération de Lens-Liévin (CALL) ?
La CALL (62) a fait de la protection et de la gestion de l’eau l’un de ses sujets prioritaires. Nous ne manquons pas d’eau car nous avons plusieurs champs captants mais pour autant nous veillons à préparer l’avenir. L’eau située sous nos nappes de craie est une ressource fragile et qui a été polluée par les activités humaines et industrielles. Cette volonté de préserver l’eau nous a conduits à réaliser des investissements conséquents, pour protéger la ressource, pour l’économiser, pour améliorer le réseau d’eau potable.
La construction de deux châteaux d’eau livrés en 2021 s’inscrit dans ce contexte. Elle est la conséquence de notre volonté de sécuriser l’approvisionnement en eau. En effet, si nous avons engagé la réfection complète de nos châteaux d’eau, cela n’augmentait pas nos capacités de stockage. Le territoire manquait de réservoirs pour répondre à une consommation croissante. Les nouveaux châteaux d’eau de Lens et de Bully-les-Mines augmentent de 9 000m3 nos capacités et donc notre autonomie.
Ces capacités de stockage accrues permettent aussi de soulager, selon la saison, nos deux sources majeures d’approvisionnement que sont les nappes souterraines et la rivière la Lys. En puisant et en stockant l’eau de cette dernière en hiver, nous faisons moins de prélèvements dans les nappes souterraines en période estivale. Ces deux ouvrages nous permettent finalement de mettre en œuvre une gestion dynamique de la ressource en eau, ajustée à l’état des ressources comme aux besoins du territoire.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée du projet de construction des châteaux d’eau ?
L’eau peut être stockée en hauteur ou dans des réservoirs semi-enterrés. Nous avons fait le choix du château d’eau car il est d’un fonctionnement plus sécurisé : l’eau descend par principe de gravité. Les réservoirs semi-enterrés nécessitent des raccords électriques et des pompes, ce qui peut poser problème en cas de délestage électrique.
Les deux nouveaux châteaux d’eau alimentent un secteur qui compte environ 120 000 habitants. Techniquement, ce sont des ouvrages assez classiques, disposant chacun de deux cuves. Celui de Bully-les-Mines, d’une capacité de 4 000m3, culmine à 40m. Il est posé sur des pieux hauts de 9m à 13m, bâti avec 300t d’armatures et 2 800m3 de béton. L’ouvrage de Lens est haut de27 mètres. Il a nécessité 600t d’étaiement et il est constitué de 4100m3 de béton pour 657t d’armatures.
Nous avons souhaité en faire des marqueurs, de véritables totems du territoire. C’était un élément fort du concours de maîtrise d’œuvre lancé en 2015. D’ailleurs, les châteaux d’eau rénovés ont eux aussi une identité assez forte. Cela est cohérent avec l’important travail de sensibilisation autour de l’eau mené auprès des habitants et des publics scolaires.
Est-ce qu’une étude de faisabilité ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Des demandes d’examen cas par cas préalable à la réalisation d’une étude d’impact relatives aux constructions des réservoirs d’eau potable ont été transmis à la DREAL. Comme les projets n’avaient pas d’incidences notables sur l’environnement, une dispense d’étude d’impact nous a été notifiée par les services de l’Etat.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
L’urbanisme, la réglementation, le dimensionnement hydraulique, la conduite d’opérations et la programmation technique.
Lors des phases de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous avons fait une communication régulière auprès des habitants : le projet a été compris et n’a guère suscité d’opposition. Nous avons aussi communiqué sur le volet “insertion” des chantiers : plus de 5300 heures d’insertion ont été réalisées. Par ailleurs, la forte identité architecturale des projets a séduit : sur les réseaux sociaux notamment, nous avons eu des retours très positifs.
Après les travaux, nous avons proposé une visite des ouvrages aux élus des deux communes concernées.
Comment la CALL a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût total de la construction des deux châteaux d’eau est de 12 704 682€ HT, dont 2 785 755€ (soit environ 22%) ont été financés par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie. Le reste est de l’autofinancement.
Si l’on y ajoute l’aménagement du réseau partant de ces deux ouvrages, le coût global avoisine les 14 millions d’euros HT.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la CALL dans la préparation et la réalisation de ces projets ?
Pour le réservoir de Lens, Les travaux de génie civil ont été menés par Balestra (Avesnes-le-Comte, 62), la réalisation des équipements hydrauliques par le groupement CIEMA (Rouvroy, 62) /SET (Haubourdin, 59). Le lot voirie, réseau et aménagement des espaces verts a été confié au groupement Sogéa Nord Hydraulique (Roubaix).
Pour le réservoir de Bully les Mines, Les travaux de génie civil ont été menés par Eiffage Génie Civil (Nantes, 44), la réalisation des équipements hydrauliques par le groupement CIEMA (Rouvroy, 62) /SET (Haubourdin, 59). Le lot voirie et aménagement des espaces verts a été confié à ID Verde (62) et la partie adduction eau potable à l’entreprise Ramery TP.
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Le projet en détails
Dates clés
2010-2013
2015
2017
2018-2020
Chiffres clés
12 704 682
120 000
19
Résultats
- L'objectif d'en faire des bâtiments totem semble atteint
- Sécurisation de l'approvisionnement, les capacités de stockage ont été augmentées
À retenir
Ces châteaux d'eau permettent de sécuriser la ressource sur une portion accrue de notre territoire
Optimisation de la desserte en eau permise par ces ouvrages
Chantier coûteux et long à concrétiser
Ressources
Liévin : le château d’eau, « totem du territoire », s’offre un grand coup de jeune
Le nouveau château de Lens pour sécuriser la ressource en eau
Le Mag de l'Agglomération de Lens-Liévin - 14/04/2021