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Quinze jours sans eau potable à Samer (62) : l’importance d’une bonne communication

En novembre 2023, quelques jours après la tempête Ciaran, le Syndicat des eaux de Samer et environs (62) a dû couper pendant 15 jours l’alimentation en eau potable suite à une hausse de la turbidité. Une concertation efficace entre élus, techniciens et délégataire a permis d’organiser la distribution d’eau et la communication auprès des abonnés. L’installation d’une unité mobile de traitement de l’eau a permis de rétablir l’alimentation en eau potable avant de lancer des travaux d’interconnexion pour sécuriser l’approvisionnement et éviter la réitération d’un tel épisode de crise.

Entretien avec Luc Van Roekeghem et Philippe Botte

Parole de collectivité
Luc Van Roekeghem, présidant du Syndicat des eaux de Samer et environs avec Philippe Botte, secrétaire du syndicat. Crédit photo : Elodie De Vreyer
Distribution de l’eau

Le projet est présenté par :

  • Luc Van Roekeghem, présidant du Syndicat des eaux de Samer et environs.
  • Philippe Botte, secrétaire du syndicat.

 

Créé en 2009, le Syndicat des eaux de Samer regroupe les communes de Carly, Questrecques, Samer, Tingry, Verlinthun et Wierre-au-Bois et dessert 2 900 abonnés pour 6 800 habitants.

Il faut préparer ses messages très précisément : donner des informations précises sans être anxiogène, indiquer des perspectives de sortie de crise que l’on maîtrise.
Luc Van Roekeghem

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment cette urgence, la coupure d’eau potable, s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?

Le Boulonnais où nous sommes situés a connu de graves intempéries avec la tempête Ciaran entre le 28 octobre et le 4 novembre 2023. Cela avait occasionné des coupures d’électricité mais les pluies torrentielles n’avaient pas dévasté autant nos six communes que d’autres voisines. Le 7 novembre, il pleuvait de nouveau beaucoup quand j’ai reçu chez moi un appel de Véolia, délégataire de notre syndicat des eaux. La société m’informait qu’elle était contrainte d’arrêter l’alimentation en eau potable car l’usine de traitement n’était plus en état de traiter l’eau dont la turbidité (présence de matières minérales et organiques) avait explosé. L’usine était en capacité de traiter un maximum de 50 NTU (unités de turbidité) et nous étions passés à 150, avec des pics à 350 NTU !
Il faut savoir que notre syndicat d’eau potable est approvisionné par trois captages distincts appartenant à la Communauté d’agglomération du Boulonnais : Tingry, Nesles et le Molinet. Ce dernier est le plus important et son eau étant chargée en pesticides, elle passe par l’usine de traitement déjà évoquée. C’est donc la majorité des foyers rattachés au syndicat des eaux qui s’est retrouvée sans eau potable. Cela a duré 15 jours ! L’alimentation en eau potable a été rétablie le 23 novembre, après que nous ayons fait venir une unité mobile de traitement de l’eau.

Quelles sont les premières et les principales décisions que vous avez prises pour faire face à cette urgence ?

Nous nous sommes réunis dans la soirée avec les maires, le délégataire, le responsable des services techniques et celle qui gère la communication à Samer, qui est la plus grosse des six communes. Le délégataire avait des stocks de bouteilles d’eau et vers 23h, nous les avons déchargés aux ateliers municipaux de Samer pour les distribuer dès le lendemain matin. Dans le contrat de DSP de Veolia figure l’obligation de fournir de l’eau mais ce cas de figure n’existait pas, nous avons négocié avec Veolia.
Selon les recommandations de l’Agence régionale de santé qui a émis aussitôt un arrêté d’interdiction d’usage de l’eau à des fins alimentaires, il y avait trois litres d’eau par personne et par jour. Dans un bel élan de solidarité, élus, agents et bénévoles se sont relayés, du 8 au 23 novembre, pour distribuer l’eau chaque jour, de 8h à 18h. Les industriels et commerçants du secteur en revanche, qui avaient des besoins plus importants, ont dû s’approvisionner par leurs propres moyens.
A partir du 13 novembre, à notre demande, le prestataire a rétabli l’eau pour que les habitants puissent se laver, faire tourner leurs machines, mais en insistant bien sûr sur le fait qu’elle n’était pas potable. Avant cela, du 8 au 13 novembre, nous avions été contraints de fermer les écoles et le collège faute d’eau pour alimenter les toilettes.
A un moment, la possibilité d’alimenter le château d’eau avec des camions citernes a été envisagée. Mais remplir un tel bâtiment de 450m3 avec des camions de 30m3, c’était remplir un seau à la petite cuillère… Si elle est très certainement liée aux fortes pluies, on ne connaît toujours pas la cause exacte de cette explosion de turbidité. Le prestataire a lancé l’exploration de la galerie où l’eau était puisée, mais c’est techniquement compliqué.

Comment la collectivité a-t-elle communiqué auprès de ses administrés ?

Nous avons organisé une coordination avec le délégataire et le service communication de la ville de Samer. Dès que nous avons eu connaissance de la coupure, nous avons envoyé le soir même un sms et laissé un message téléphonique aux administrés dont nous avions le contact. Un message a également été déposé dans toutes les boîtes à lettres et une publication faite sur la page Facebook.
Un accueil physique et téléphonique en mairie a également été organisé. Pendant la crise, Veolia a tenu les habitants régulièrement informés par sms et nous avons fait de même sur la page Facebook de la ville de Samer.
Il est terrible et inenvisageable de ne pas avoir d’eau au robinet durant un temps aussi long. Mais nous n’avons jamais ressenti aucune agressivité de la part de nos concitoyens et je pense que la régularité et la sincérité de notre communication y a largement contribué.

La collectivité a-t-elle sollicité des aides pour faire face à cette urgence ? Et si oui, quelles sont celles obtenues et auprès de qui ?

Non nous n’avons pas eu d’aides financières spécifiques pour la crise elle-même. Nous avons bénéficié de l’unité mobile de traitement de la turbidité commandée à Veolia par la Communauté d’agglomération du Boulonnais. Toutes les adaptations mécaniques ont été faites pour qu’elle soit plus rapidement opérationnelle (48 heures) en cas de nouvel épisode.
Pour sécuriser l’approvisionnement, notre syndicat des eaux a décidé suite à cette crise de réaliser une interconnexion entre notre captage de Tingry et celui du Molinet. Ces travaux d’un coût de 450 000€ sont financés à hauteur de 270 000€ par l’Agence de l’Eau. Nous finançons le reste grâce à notre trésorerie et à un emprunt, sans augmenter le prix de l’eau.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans l’urgence ?

Nous avons travaillé étroitement avec l’Agence régionale de santé qui surveillait l’évolution de la qualité de l’eau.

Quels conseils donneriez-vous à un élu qui serait confronté à la même urgence ?

Communiquer de façon régulière et transparente. Il faut préparer ses messages très précisément : donner des informations précises sans être anxiogène, indiquer des perspectives de sortie de crise que l’on maîtrise.
Il faut également s’organiser pour se concerter avec tous les acteurs. Nous faisions tous les jours le bilan de la distribution d’eau et de l’évolution de la turbidité pour en faire un compte-rendu aux maires chaque soir. Ces échanges nous ont permis de nous sentir vraiment soutenus tant par les élus des communes et de la Communauté d’agglomération du Boulonnais que par le délégataire Veolia.

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Le projet en détails

Dates clés

7 novembre 2023 au soir

Arrêt de la distribution d’eau potable

13 novembre

Arrêté de l’ARS autorisant à nouveau la distribution d’eau mais pour des usages non alimentaires

23 novembre

Arrêté rétablissant la distribution normale de l’eau

Chiffres clés

90 000

bouteilles d’eau distribuées à 3 000 usagers

16

jours de coupure d’eau potable

3

jours sans école ni collège du mercredi 8 au vendredi 10 novembre

À retenir

La coordination entre acteurs locaux : la mobilisation rapide et concertée des élus, techniciens, délégataire et agents municipaux a permis une réponse efficace à la crise.

Une communication transparente et multicanal : la collectivité a su informer les habitants avec régularité et clarté. Cette stratégie a permis de maintenir la confiance des citoyens malgré la gravité de la situation.

Ressources

La distribution d’eau se poursuit pour les habitants du secteur de Samer

La Voix du Nord

Les partenaires de ce projet

logo-agglo-boulonnais-aquagir

Communauté d’agglomération du Boulonnais

veolia

Veolia

Les-agences-regionales-de-sante-ARS_

Agence régionale de santé

En savoir plus sur le Syndicat des eaux de Samer et environs

abonnés

2 900

habitants

6 800

communes

6

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