A l’heure où le changement climatique oblige les acteurs bretons à questionner les nouvelles modalités d’une gestion intégrée de l’eau et collective de la ressource, le Creseb propose à ses partenaires de venir échanger avec une diversité d’experts le 16 janvier 2024, autour de quelques fondements : que comprenons nous du terme “ressource en eau” ? Comment s’est construite la gouvernance de l’eau ? Quelles sont les différentes valeurs attachées à cette ressource ? Comment concilier sobriété des usages de l’eau et développement ? Quelles évolutions faut-il enclencher pour une gouvernance de l’eau plus efficace ? Inscrivez-vous !
L’ambition de cette journée d’échanges est d’ouvrir très largement le champ de la réflexion pour d’une part, aborder les pistes d’amélioration de la gouvernance actuelle de la ressource et d’autre part, dégager des clés pour porter les débats du partage de la ressource dans les SAGE.
Cette journée est organisée par le Creseb dans le cadre de l’Axe 6 “Poursuivre le partage de connaissance” du Plan breton de résilience sur l’eau. Elle se déroulera en présentiel à l’Hotel de Rennes Métropole.
Programme provisoire
Matinée
9h | Accueil
9h30 – 11h00 | Exposés introductifs
Prise de parole
Intervenant.e.s :
- Delphine Alexandre, vice-présidente Santé, eau et biodiversité à la Région Bretagne
- Michel Demolder, président de la Commission Locale de l’eau du SAGE Vilaine, co-président du Creseb
Exposé | Ressources en eau : de quoi parle-t-on ?
Intervenant : David Blanchon, géographe, professeur des Universités, Paris Nanterre (CNRS)
L’eau est renouvelable, variable, et en perpétuel mouvement dans l’espace et dans le temps. Le changement climatique bouleverse cette circulation et augmente les tensions territoriales autour de cette ressource vitale. Bien que l’on atteigne les limites planétaires du cycle de l’eau douce, notre dépendance à l’eau ne cesse d’augmenter, et les questions de disponibilité, de renouvelabilité et d’accessibilité à l’eau sont prégnantes. Elles mettent le doigt sur la nécessité d’adapter nos structures économiques, nos politiques et nos usages à la ressource disponible. Aussi, du local au global, la gestion de l’eau peut être source de conflits questionnant l’ordre économique et social, mais aussi source de coopération autour des valeurs symboliques que véhiculent ce bien commun.
Exposé | Analyse rétrospective et enjeux de la gouvernance de l’eau en France
Intervenante : Sophie Richard, ingénieure des Ponts, des Eaux et des Forêts, spécialisée dans l’action publique de l’eau. AgroParisTech Montpellier, UMR G-EAU
Depuis 60 ans, en France, la gouvernance de l’eau s’est construite, entre européanisation et décentralisation, par changements incrémentaux issus de controverses, de négociations et de compromis. Aujourd’hui, les bouleversements globaux sans précédent questionnent les systèmes de gouvernance en place et interpellent l’Etat et les décideurs publics sur leurs capacités à intégrer le changement et à agir pour assurer la sécurité des populations. Cette intervention introductive apporte un éclairage sociopolitique sur la trajectoire de la gouvernance de l’eau en France en mettant en perspective certains enjeux et pistes de réflexion. Elle met en avant qu’il n’existe pas de solution unique aux défis de l’eau, mais plutôt une grande diversité de situations. La gouvernance étant fortement dépendante du contexte, il est essentiel d’adapter les politiques de l’eau aux territoires et aux problèmes rencontrés.
Temps d’échanges
11h00 – 12h15 | Table ronde | Ressources en eau : quelles valeurs pour un bien commun ?
- Animation : Nadia Dupont, géographe, Université de Rennes 2 – UMR Espaces et SOciétés (ESO) et membre du bureau du Creseb
- Intervenant.e.s :
- Kevin Caillaud, sociologue, UR ETTIS – INRAE Bordeaux
- Nathalie Hervé-Fournereau, juriste, UMR IODE, CNRS- Université de Rennes
- Jamie Linton, géographe, UMR GEOLAB, Université de Limoges
- Adélie Pomade, juriste, UMR AMURE, Université de Bretagne occidentale
L’eau est un bien commun, une ressource qu’il convient de gérer collectivement. Cette vision est au cœur de notre rapport actuel à l’eau qui se voit confronté à de nombreux défis : pollution, raréfaction, changement climatique etc… Cette vision de l’eau comme simple ressource est pourtant critiquée, certains acteurs la jugeant même trop restrictive pour faire face à ces défis. Dès lors, est-il possible de renouveler notre vision de l’eau, notre rapport à l’eau ? Et si oui, quelles pistes s’offrent à nous, avec quelles perspectives en termes de gestion ? Cette première table ronde propose de donner à voir trois approches qui renouvellent la vision de l’eau. Tout d’abord, à la croisée de la géographie, de la philosophie et de l’anthropologie, Jamie Linton met en évidence la multiplicité de nos rapports à l’eau et nous invite à penser les “eaux” au pluriel, et à reconsidérer notre attention à l’eau. Par ailleurs, le droit de l’environnement est porteur de nombreuses initiatives innovantes sur nos manières de considérer les cours d’eau. Nathalie Hervé-Fournereau et Adélie Pomade nous éclairent et portent un regard critique sur les deux principaux courants qui co-existent actuellement : le droit de la nature et les communs naturels. Enfin, Kevin Caillaud mobilise la sociologie pour analyser les registres d’interdépendance au sein des services publics d’eau potable. Il souligne ainsi que le petit cycle de l’eau gagne également à être appréhendé de manière globale, dans une vision qui dépasse largement celle de la gestion technique d’une ressource.
12h15 – 14h00 | Pause déjeuner
Après-midi
14h00 – 15h15 | Table ronde | Comment concilier sobriété des usages de l’eau et développement ?
- Animation : Gérard Gruau, directeur de recherche au CNRS (Géosciences Rennes) et co-président du Creseb
- Intervenant.e.s :
- Thierry Ménissier, professeur de philosophie «sciences humaines et innovation», Grenoble-IAE, Université Grenoble Alpes
- Barbara Nicoloso, Directrice de l’association Virage Energie
- Marie Pettenati, Hydrogéologue et géochimiste, BRGM
Sans eau, pas de développement territorial possible. Or, la question de la disponibilité et de la renouvelabilité de l’eau est devenue un enjeu crucial. En effet, les ressources en eau sont non seulement soumises à des pressions liées au dérèglement climatique mais aussi aux activités humaines, qui nécessitent d’être interrogées dans une approche plus systémique et intégrée, associant les enjeux de quantité et de qualité. Les territoires doivent désormais résoudre une équation complexe : se développer dans un contexte de ressources finies et en raréfaction.
L’arrivée du concept de “sobriété” dans le discours et les politiques publiques, est très récente et très rapide. Central dans la transition écologique, ce concept demeure pourtant mal appréhendé, parfois caricaturé, et les freins à sa mise en œuvre sont encore nombreux.
Parallèlement, la mobilisation et l’optimisation des (nouvelles) ressources reste un enjeu majeur. L’injonction à l’innovation est alors omniprésente et apparaît souvent comme la solution d’adaptation aux défis environnementaux. Mais là encore, cette notion est complexe, diversifiée et demande à ce qu’on s’interroge sur sa portée sociale et environnementale.
Loin d’être une simple démarche volontariste, tendre vers un modèle de développement durable du point de vue de la ressource en eau relève d’une démarche éminemment politique, et oblige à des changements profonds de nos organisations économiques, politiques et sociales.
15h15 – 16h30 | Table ronde | Quelles évolutions pour une gouvernance de l’eau plus efficace ?
- Animation : Bruno Ricard, président de la CLE du SAGE Rance Frémur Baie de Beaussais, membre du bureau du Creseb
- Intervenant.e.s :
- Magalie Bourblanc, chercheure en sciences politiques, CIRAD Montpellier, UMR Gestion de l’eau, acteurs, usages (G-EAU)
- Hervé Gillé, sénateur de la Gironde, rapporteur de la mission d’information du Sénat sur la gestion durable de l’eau (juillet 2023)
- Véronique Van Tilbeurgh, sociologue, Université Rennes 2, UMR Espaces et SOciétés (ESO)
Ces dernières décennies, l’évolution progressive du cadre institutionnel a instauré une gestion plus décentralisée et territorialisée de la ressource en eau, caractérisée notamment par l’implication de différentes parties prenantes dans la définition de l’action publique. Les impacts du changement climatique et de la croissance démographique sur la ressource en eau questionnent les conditions actuelles de gouvernance pour répondre efficacement aux enjeux de disponibilité et de qualité de la ressource, de conflits potentiels entre les usages, d’anticipation et d’adaptation dans un contexte de mise en tension.
L’organisation institutionnelle, la multiplicité des dispositifs mobilisés par les politiques publiques et la répartition des compétences multi-niveaux et multi-acteurs posent des questions d’articulation et de transversalité entre les différents niveaux de responsabilité et de gestion. D’autre part, la gestion territorialisée s’est accompagnée d’un renforcement des espaces de concertation aux différents échelons de décision. La reconnaissance de la diversité d’acteurs, et donc de perceptions et de points de vue, est essentielle pour aboutir à une vision partagée de la gestion de l’eau sur le territoire considéré et rendre légitimes les mesures prises pour atteindre des objectifs définis en commun.
Croiser les analyses et regards portés sur ce contexte et les modalités de gouvernance permettra d’éclairer et d’échanger sur les possibilités (besoins) d’innovations pour favoriser une action publique cohérente et concertée, adaptée aux nouveaux besoins (enjeux) et aux caractéristiques locales, et permettant une gestion écologiquement durable et socio-économiquement équitable de l’eau et des milieux.