À l’école des Écureuils de Vimartin-sur-Orthe (53), l’infiltration, c’est la solution !

Comment la gestion intégrée des eaux pluviales pour la nouvelle école s’est-elle imposée à l’agenda de la commune ?

Xavier Seigneuret : Notre commune nouvelle a été créée en 2021 par fusion de trois communes, afin de se donner une taille suffisante pour porter des projets structurants. Nous avions plusieurs écoles sur le territoire, en mauvais état et énergivores, qu’il n’était pas possible de réhabiliter et d’agrandir pour en faire une seule. Nous avons donc pris la décision de construire. Nous voulions un aménagement qui ait le moins d’impact sur l’environnement. Nous avons d’abord candidaté à l’appel à manifestation d’intérêt du département « Mayenne engagée pour le climat », qui a retenu notre projet de construction bas carbone, avec le plus possible de matériaux naturels biosourcés, une isolation efficace, des panneaux photovoltaïques. Lorsque nous avons pris connaissance de l’appel à projet Infiltr’eau du département, nous avons revu le projet architectural pour intégrer l’infiltration des eaux pluviales sur la parcelle.

Alexis Robert : Le département de la Mayenne porte le programme Infiltr’eau depuis 2018, dans un objectif de protection de la ressource en eau et d’adaptation au changement climatique. L’idée est de ralentir l’écoulement de l’eau en retrouvant un cycle naturel. C’est l’envers de tout ce qui était fait jusqu’à présent, qui consistait à imperméabiliser les surfaces, canaliser et évacuer l’eau vers un réseau. Il est difficile de déconstruire les habitudes. C’est pour cela que nous avons besoin de preuves par l’exemple. Nous avons lancé un premier appel à projet en 2022, dans l’idée d’accompagner deux projets pilotes, que nous imaginions plutôt en voirie. Finalement, nous en avons retenu quatre et ce sont tous des projets d’écoles.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Xavier Seigneuret : En 2021, nous avons fait beaucoup de visites d’écoles pour trouver des sources d’inspiration. Nous avons vu des aménagements souhaitables et d’autres non ! Les représentants de l’Éducation nationale dans le comité de pilotage nous ont aussi amené les principes des écoles oasis : de l’eau et du végétal dans la cour pour créer des îlots de fraîcheur, des espaces variés pour les jeux ou des temps de classe en extérieur.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Xavier Seigneuret : Quand nous avons été lauréats de l’appel à projet Infiltr’eau, nous avions déjà réalisé les études architecturales. Le département nous a mis en relation avec le bureau d’études du programme et l’architecte a refait ses plans pour intégrer les noues, les chaînes et les chemins de pluie, etc. Des sondages de terrain ont été réalisés avant les travaux. La perméabilité étant bonne, l’infiltration à la parcelle via des noues était la solution la plus simple. Malgré nos souhaits d’écoresponsabilité dans la construction, cela ne faisait pas partie de la programmation initiale. En réalité, je ne pensais pas que l’infiltration des eaux pluviales pouvait se faire si simplement !

Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Xavier Seigneuret : Il faut d’abord faire confiance aux techniciens et aux ingénieurs, et savoir faire appel à eux au bon moment. Par exemple, nous n’étions pas capables de répondre nous-mêmes à l’appel à manifestation d’intérêt du département sur le volet bas carbone. Nous avons rallongé le budget de l’architecte pour qu’il prépare la réponse technique. Il faut aussi aller chercher l’information auprès de tous les partenaires potentiels (département, région, Agence de l’eau, etc. ) pour connaître leurs programmes d’accompagnement de projets. Et enfin, il faut communiquer. Dans le trimestriel de la commune, le projet de nouvelle école a fait l’objet d’un article à chaque numéro pendant deux ans.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Alexis Robert : Le projet est dimensionné pour infiltrer 35 mm de pluie par jour. Mais une fois que la végétation aura bien pris, le terrain pourra sans doute absorber plus. Le temps de vidange des noues est de quelques heures à une demi-journée. C’est un point sur lequel il a fallu rassurer : les noues ne restent pas pleines.

Xavier Seigneuret : Des représentants de parents d’élèves faisaient partie du comité de pilotage de la nouvelle école. Je n’ai pas eu connaissance de réserves particulières. Mais avant les citoyens, ce sont d’abord les 33 élus du conseil municipal qu’il fallait convaincre. Tous ne voyaient pas l’intérêt ou la faisabilité de la gestion intégrée des eaux pluviales, surtout sur cet ancien terrain de foot qui était connu comme humide et entièrement drainé. L’économie de réalisation d’un réseau de collecte des eaux pluviales a été déterminante. Nous avons organisé plusieurs visites pour les élus : au moment des tests de perméabilité du sol, lors du chantier, après la pose de l’enrobé drainant avec un essai au tuyau d’arrosage pour vérifier l’infiltration… Nous avons aussi proposé une visite de chantier aux habitants, mais il n’y a eu personne. Par contre lors des portes ouvertes de l’école, 80 % des parents sont venus. Nous souhaitions également organiser des visites de chantier avec les élèves mais cela n’a jamais été possible pour des questions de sécurité.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

L’équipement comprend quatre classes de maternelle et d’élémentaire (81 élèves), une bibliothèque et un accueil de loisirs sans hébergement, pour un montant total de 2 042 100 €. Le reste à charge pour la commune est de 477 625 €, financé en partie par un prêt de la Banque des Territoires. Le projet a bénéficié de 78 % d’aides publiques, comprenant des dotations classiques pour un équipement structurant (État, département, communauté de communes…) ainsi que des fonds liés à des appels à projets spécifiques. 

• Communauté de Communes des Coëvrons : 79 000 €
• État : dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) 255 619 €, dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) 152 647 €
• Région : 50 000 €
• FEDER : appel à projets « investissement structurant en territoire rural » 620 694 €
• Département de la Mayenne : contrat de territoire 23 472 €, AMI « Mayenne engagée pour le climat » 170 000 €
• CAF : 213 000 € pour la partie accueil de loisirs

La gestion intégrée des eaux pluviales a fait l’objet d’un accompagnement technique sans financement via le programme Infiltr’eau du département.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Vimartin-sur-Orthe dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le programme Infiltr’eau rassemble l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, les départements 53 et 49 et l’association Adopta, dont une personne est salariée à mi-temps sur le programme. L’Agence de l’eau n’a pas accompagné la commune car elle réserve ses interventions sur les projets de réhabilitation. Les autres acteurs qui ont accompagné le projet sont :

• Bureau d’architecte : cabinet Magma
• Bureau d’études du programme Infiltr’eau : Iaosenn