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Le marais de Tasdon, un nouvel écrin de nature (17)

Délimité par les quartiers rochelais de Villeneuve-les-Salines, de Tasdon et la commune d’Aytré, le marais de Tasdon s’étire sur 124 hectares, dont 84 en Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF).  Ancien marais salant exploité jusqu’en 1935, il a été progressivement asséché et remodelé au fil des années.

S’il est aujourd’hui un précieux écrin de nature où cohabitent de nombreuses espèces d’oiseaux, de plantes et de batraciens, c’est grâce au projet d’envergure de renaturation mené par la Ville de La Rochelle afin d’optimiser, de préserver sa biodiversité et d’en faire un des puits de carbone bleu du territoire (captation de CO2 par les phytoplanctons). Grâce aux solutions fondées sur la Nature, la reconquête du marais par la faune et la flore a été rapide

Entretien avec Chantal Vetter, adjointe au maire de La Rochelle

Parole de collectivité
Chantal Vetter - Crédits photo : Banque des Territoires
Gestion des milieux aquatiques

Le projet est porté par :

  • Chantal Vetter est adjointe au maire de La Rochelle ; elle est en charge de la nature en ville, la végétalisation, la biodiversité, du littoral et de la protection des côtes.

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet de la réhabilitation du marais de Tasdon s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Tout d’abord, ce projet s’est réalisé sur deux mandats. La réflexion a été initiée dès 2017 et je n’étais pas encore dans l’équipe municipale.

Tout est parti d’un constat, celui de la prolifération d’espèces horticoles aux dépends des espèces locales, ainsi que l’assèchement des milieux dans cette zone classée naturelle depuis les années 80. Les oiseaux s’arrêtaient en halte migratoire au mois de février, ils se nourrissaient, s’accouplaient et s’envolaient début juillet. Mais ces espèces ont besoin d’eau et l’assèchement du marais a modifié la migration de ces oiseaux qui ne nichaient plus sur le site. Il fallait agir et réaliser quelque chose d’ambitieux, à la hauteur des enjeux écologiques.

 

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Dans ces 84 hectares de marais, il y a une véritable mosaïque d’habitats naturels, ce qui en fait sa richesse. Nous n’avons pas pu nous inspirer d’autres sites tant le marais de Tasdon est singulier. Nous avons avant tout, chercher à comprendre comment il fonctionnait.

 

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Il y a eu trois ans d’études qui ont été faites en amont. Le projet était soumis à une Autorisation environnementale au titre des espèces protégées et de la Loi sur l’eau. Nous nous sommes appuyés sur les compétences du bureau d’étude l’Atelier Cepage qui avait des références en génie écologique et Hydratec pour le volet hydraulique. En effet, ils avaient mené un projet de restauration de zones humides dans le Var.

Il nous fallait comprendre le fonctionnement hydraulique du marais pour redonner une fonctionnalité au marais de Tasdon et au cours d’eau de la Moulinette.

En parallèle, il a fallu réaliser un inventaire 4 saisons des espèces (faune/flore), monter un dossier d’autorisation environnementale auprès de la DREAL (pour les espèces protégées) et de la DDTM (pour le volet la loi sur l’eau). Puis passer par la phase d’enquête publique, d’avis du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) et la recherche de financeurs.

 

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Il faut avant tout une maitrise de la démarche de projets et de conduite d’opération.

Le chantier a consisté à évacuer 170 000m3 de remblais pour créer deux zones humides Tasdon Ouest pour un total d’environ 9 hectares. Le premier recevant exclusivement des eaux pluviales et alimentant par surverse le second connecté à l’océan. Ces bassins se remplissent de respectivement 30 et 20 cm d’eau et sont parsemés d’ilots afin de devenir des milieux particulièrement attractifs pour les oiseaux limicoles des zones de marais rétro-littorales en périodes de nidification (avocette élégante, échasse blanche, petit gravelot…). Ils sont également intéressants en toutes saisons pour la faune locale ou de passage.

Des sentiers et passerelles sont aménagés pour permettre la promenade tout en préservant des zones de quiétude pour la faune. Une partie des matériaux évacués a servi à recréer le lit de la Moulinette qui faisait de 8 à 80 m de large alors que son débit de plein de bord correspond à un lit de 1.5 à 2m de large. Il a également été recréé des annexes hydrauliques en lieu et place des élargissements les plus conséquents (zones humides alimentées par des bras morts d’environ 1ha) et à diversifier les berges des lacs du quartier de Villeneuve-les-Salines, contigus, afin de les rendre plus accueillants pour la biodiversité.

Des ouvrages hydrauliques ont été installés afin de dévier une partie du débit printanier de la Moulinette et assurer le remplissage du cœur du marais dans sa partie amont « douce », particulièrement intéressante pour les amphibiens. D’autres ouvrages ont été installés en partie aval pour permettre une réalimentation de la partie saumâtre du marais en eau de mer via l’océan, l’assèchement de plus en plus régulier de ces bassins ne permettait que très rarement aux oiseaux limicoles (avocettes, échasses) de se reproduire sur le site alors qu’il est très actif (jusqu’à une trentaine de jeunes avocettes naissent les années particulièrement humides).

Les compétences sont vraiment multiples.

Dans un premier temps, il faut maîtriser le foncier et savoir à qui appartient le terrain. Dans le cas de figure du marais de Tasdon, 98% du foncier était public : Ville de La Rochelle, Agglomération rochelaise, Ville d’Aytré). Une seule parcelle était privée, mais rien n’a pu être fait car aucun terrain d’entente n’a été trouvé.

Ensuite, je dirais qu’il faut que le projet soit porté politiquement et qu’il faut avoir des partenaires financiers solides pour le mener à bien.

Enfin, les compétences techniques par le biais des différents bureaux d’études spécialisés dans la gestion de milieux naturels.

 

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Le projet de renaturation a consisté à recréer la connexion naturelle entre le marais et la mer, notamment en redonnant au cours d’eau de la Moulinette sa physionomie de ruisseau. Une zone humide de 9 hectares a été créée. De nouveaux bassins ont été dotés de berges en pente douce propices au développement de la biodiversité. Des îlots, plus accueillants pour les oiseaux, ont également été reconstitués. De nouveaux ouvrages hydrauliques ont été installés pour réguler le niveau d’eau.

Nous, nous étions convaincus du bien-fondé de ce projet. Mais concrètement, nous avons fait du génie écologique au tractopelle alors il y a effectivement de quoi effrayer les citoyens. Il a donc fallu faire beaucoup de pédagogie auprès de la population. Une fois par mois, nous étions dans le quartier de Villeneuve-les-Salines pour expliquer le projet. En amont, on organisait des ateliers thématiques, des tables rondes et des ateliers avec les pêcheurs.

Nos points d’entrée pour déployer cette pédagogie ont été les différents comités de quartiers de Tasdon-Bongraine et de Villeneuve-les-Salines. Nous sommes également intervenus lors du conseil municipal d’Aytré.

Un effort particulier de communication a été porté par les services municipaux. Une charte graphique a été créé en interne : panneaux sur site, journal mensuel de travaux, affiches, dépliants, visites de site

 

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

La renaturation du marais de Tasdon a coûté 4,8 millions d’euros HT. Elle a bénéficié de 1,9 million d’euros de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, de 500.000 € de la région Nouvelle-Aquitaine, 440.000 € de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle, 100.000 € de l’Europe (FEDER) et 96.000 € de la Ville d’Aytré, en partie concernée par le projet. Le solde à charge de la ville de La Rochelle, 1,8 million d’euros, est financé par la Banque des Territoires via le Prêt au Secteur Public Local pour vous accompagner dans la transformation écologique et énergétique de votre territoire.

 

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné La Rochelle dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

  • Partenaires institutionnels et locaux:  OFB (Office Français de la Biodiversité), Communauté d’agglomération de La Rochelle, service pluvial, agence de l’eau, Fédération de pêche, LPO, Nature Environnement 17, associations de quartiers, usagers, Conseil citoyen, Comité de quartier…
  • Différentes entreprises titulaires des marchés publics :
  • Bureau d’étude AMO : Atelier CEPAGE (93)
  • Bureau D’étude hydraulique : Hydratech Seta
  • Entreprises de terrassement : Charier TP
  • Création et pose de Mobiliers urbains et passerelles : Bois Loisirs Création
  • Entreprise Espaces Verts : ID Verde
  • Pose des ouvrages hydrauliques : BUESA

Le projet en détails

Dates clés

2019

Mise à l'agenda

2017 - 2019

Diagnostic

2017 - 2019

Planification

2020 - 2021

Réalisation

Chiffres clés

5,3 M€
Coût global du projet
10 hectares
Superficie des zones humides créées
170 000m3
Quantité de remblais retirés

Résultats

  • 350 espèces végétales et 29 espaces faunistiques remarquables ont étés créés
  • La réappropriation du marais de Tasdon en entrée de ville par les riverains. Il est très emprunté pour le trajet domicile-travail. Il s'agit d'un lieu de vie agréable pour se balader avec 10km de chemins rendus praticables de tous y compris les PMR.

À retenir

Grâce aux solutions fondées sur la Nature, la reconquête du marais par la faune et la flore a été rapide

Grace à la gestion hydraulique du marais la présence d’eau a attiré les oiseaux, batraciens et mammifères qui nichent sur site

C’est un projet tentaculaire d’un point de vue administratif et technique. L’acceptation du changement par les usagers a été difficile. Il a fallu déployer beaucoup d’énergie pour être écouté, compris et expliquer les enjeux du chantier à l’ensemble du public.

Ressources

En savoir plus sur la ville de la Rochelle

Nombre d'habitants

75 404

Données de contact

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