Lille (59) renature ses berges avec les habitants

Gestion des milieux aquatiques
Depuis 2015, Lille renature les berges de sa rivière la Deûle. Un chantier de longue haleine pour restaurer la...
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Délimité par les quartiers rochelais de Villeneuve-les-Salines, de Tasdon et la commune d’Aytré, le marais de Tasdon s’étire sur 124 hectares, dont 84 en Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Ancien marais salant exploité jusqu’en 1935, il a été progressivement asséché et remodelé au fil des années.
S’il est aujourd’hui un précieux écrin de nature où cohabitent de nombreuses espèces d’oiseaux, de plantes et de batraciens, c’est grâce au projet d’envergure de renaturation mené par la Ville de La Rochelle afin d’optimiser, de préserver sa biodiversité et d’en faire un des puits de carbone bleu du territoire (captation de CO2 par les phytoplanctons).
Le projet est porté par :
Tout d’abord, ce projet s’est réalisé sur deux mandats. La réflexion a été initiée dès 2017 et je n’étais pas encore dans l’équipe municipale.
Tout est parti d’un constat, celui de la prolifération d’espèces horticoles aux dépends des espèces locales, ainsi que l’assèchement des milieux dans cette zone classée naturelle depuis les années 80. Les oiseaux s’arrêtaient en halte migratoire au mois de février, ils se nourrissaient, s’accouplaient et s’envolaient début juillet. Mais ces espèces ont besoin d’eau et l’assèchement du marais a modifié la migration de ces oiseaux qui ne nichaient plus sur le site. Il fallait agir et réaliser quelque chose d’ambitieux, à la hauteur des enjeux écologiques.
Dans ces 84 hectares de marais, il y a une véritable mosaïque d’habitats naturels, ce qui en fait sa richesse. Nous n’avons pas pu nous inspirer d’autres sites tant le marais de Tasdon est singulier. Nous avons avant tout, chercher à comprendre comment il fonctionnait.
Il y a eu trois ans d’études qui ont été faites en amont. Le projet était soumis à une Autorisation environnementale au titre des espèces protégées et de la Loi sur l’eau. Nous nous sommes appuyés sur les compétences du bureau d’étude l’Atelier Cepage qui avait des références en génie écologique et Hydratec pour le volet hydraulique. En effet, ils avaient mené un projet de restauration de zones humides dans le Var.
Il nous fallait comprendre le fonctionnement hydraulique du marais pour redonner une fonctionnalité au marais de Tasdon et au cours d’eau de la Moulinette.
En parallèle, il a fallu réaliser un inventaire 4 saisons des espèces (faune/flore), monter un dossier d’autorisation environnementale auprès de la DREAL (pour les espèces protégées) et de la DDTM (pour le volet la loi sur l’eau). Puis passer par la phase d’enquête publique, d’avis du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) et la recherche de financeurs.
Il faut avant tout une maitrise de la démarche de projets et de conduite d’opération.
Le chantier a consisté à évacuer 170 000m3 de remblais pour créer deux zones humides Tasdon Ouest pour un total d’environ 9 hectares. Le premier recevant exclusivement des eaux pluviales et alimentant par surverse le second connecté à l’océan. Ces bassins se remplissent de respectivement 30 et 20 cm d’eau et sont parsemés d’ilots afin de devenir des milieux particulièrement attractifs pour les oiseaux limicoles des zones de marais rétro-littorales en périodes de nidification (avocette élégante, échasse blanche, petit gravelot…). Ils sont également intéressants en toutes saisons pour la faune locale ou de passage.
Des sentiers et passerelles sont aménagés pour permettre la promenade tout en préservant des zones de quiétude pour la faune. Une partie des matériaux évacués a servi à recréer le lit de la Moulinette qui faisait de 8 à 80 m de large alors que son débit de plein de bord correspond à un lit de 1.5 à 2m de large. Il a également été recréé des annexes hydrauliques en lieu et place des élargissements les plus conséquents (zones humides alimentées par des bras morts d’environ 1ha) et à diversifier les berges des lacs du quartier de Villeneuve-les-Salines, contigus, afin de les rendre plus accueillants pour la biodiversité.
Des ouvrages hydrauliques ont été installés afin de dévier une partie du débit printanier de la Moulinette et assurer le remplissage du cœur du marais dans sa partie amont « douce », particulièrement intéressante pour les amphibiens. D’autres ouvrages ont été installés en partie aval pour permettre une réalimentation de la partie saumâtre du marais en eau de mer via l’océan, l’assèchement de plus en plus régulier de ces bassins ne permettait que très rarement aux oiseaux limicoles (avocettes, échasses) de se reproduire sur le site alors qu’il est très actif (jusqu’à une trentaine de jeunes avocettes naissent les années particulièrement humides).
Les compétences sont vraiment multiples.
Dans un premier temps, il faut maîtriser le foncier et savoir à qui appartient le terrain. Dans le cas de figure du marais de Tasdon, 98% du foncier était public : Ville de La Rochelle, Agglomération rochelaise, Ville d’Aytré). Une seule parcelle était privée, mais rien n’a pu être fait car aucun terrain d’entente n’a été trouvé.
Ensuite, je dirais qu’il faut que le projet soit porté politiquement et qu’il faut avoir des partenaires financiers solides pour le mener à bien.
Enfin, les compétences techniques par le biais des différents bureaux d’études spécialisés dans la gestion de milieux naturels.
Le projet de renaturation a consisté à recréer la connexion naturelle entre le marais et la mer, notamment en redonnant au cours d’eau de la Moulinette sa physionomie de ruisseau. Une zone humide de 9 hectares a été créée. De nouveaux bassins ont été dotés de berges en pente douce propices au développement de la biodiversité. Des îlots, plus accueillants pour les oiseaux, ont également été reconstitués. De nouveaux ouvrages hydrauliques ont été installés pour réguler le niveau d’eau.
Nous, nous étions convaincus du bien-fondé de ce projet. Mais concrètement, nous avons fait du génie écologique au tractopelle alors il y a effectivement de quoi effrayer les citoyens. Il a donc fallu faire beaucoup de pédagogie auprès de la population. Une fois par mois, nous étions dans le quartier de Villeneuve-les-Salines pour expliquer le projet. En amont, on organisait des ateliers thématiques, des tables rondes et des ateliers avec les pêcheurs.
Nos points d’entrée pour déployer cette pédagogie ont été les différents comités de quartiers de Tasdon-Bongraine et de Villeneuve-les-Salines. Nous sommes également intervenus lors du conseil municipal d’Aytré.
Un effort particulier de communication a été porté par les services municipaux. Une charte graphique a été créé en interne : panneaux sur site, journal mensuel de travaux, affiches, dépliants, visites de site
La renaturation du marais de Tasdon a coûté 4,8 millions d’euros HT. Elle a bénéficié de 1,9 million d’euros de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, de 500.000 € de la région Nouvelle-Aquitaine, 440.000 € de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle, 100.000 € de l’Europe (FEDER) et 96.000 € de la Ville d’Aytré, en partie concernée par le projet. Le solde à charge de la ville de La Rochelle, 1,8 million d’euros, est financé par la Banque des Territoires via le Prêt au Secteur Public Local pour vous accompagner dans la transformation écologique et énergétique de votre territoire.
Mise à l'agenda
Diagnostic
Planification
Réalisation
Grace aux solutions fondées sur la Nature, la reconquête du marais par la faune et la flore a été rapide
Grace à la gestion hydraulique du marais la présence d’eau a attiré les oiseaux, batraciens et mammifères qui nichent sur site
C’est un projet tentaculaire d’un point de vue administratif et technique. L’acceptation du changement par les usagers a été difficile. Il a fallu déployer beaucoup d’énergie pour être écouté, compris et expliquer les enjeux du chantier à l’ensemble du public.
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