A Beinheim (67), une roselière de 15 hectares renaturée et reconnectée au Rhin
Terminés en septembre 2023, les travaux visant à alimenter la roselière renaturée de Benheim (Bas-Rhin) vont permettre de restaurer faune et flore d’origine. La zone, de nouveau alimentée par le Rhin, se rapproche d’un état naturel propice aux habitats sauvages : poissons, amphibiens, oiseaux, plantes semi-aquatiques.
Entretien avec Bernard Hentsch, maire de Beinheim et président de la Communauté de Communes de la Plaine du Rhin
Ce projet est porté par :
- Bernard Hentsch, maire de Beinheim et président de la Communauté de Communes de la Plaine du Rhin
Bernard Hentsch
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la création de la roselière s’est-elle imposée à l’agenda de votre collectivité ?
L’Agende de l’Eau Rhin-Meuse et l’Etat ont lancé fin 2019 le projet « Rhin Vivant », qui vise à reconnecter le fleuve à des gravières ou d’anciens bras pour en restaurer ses fonctionnalités écologiques.
2 jours après que le document de présentation me parvienne, j’ai réuni le Conseil Municipal de Beinheim pour en parler et nous avons rapidement été encouragés par la Préfecture, l’Agence de l’Eau et la CEA à déterminer les conditions de réalisation du projet : nous étions les premiers acteurs à souhaiter intervenir dans le cadre du Rhin Vivant.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Ce secteur de Beinheim était mon terrain de jeu d’enfance dans les années 1970 : l’ouverture sur le Rhin qui existait jusqu’alors a été comblée par des remblais lors de la construction du barrage hydroélectrique d’Iffezheim en 1978. Les acteurs du projet – le SDEA, l’Agence de l’Eau et notre bureau d’étude Artelia – ont alors proposé la création d’une roselière de 15 hectares avec une entrée modifiée, des courbures sinueuses et un débit prévu de 7m2 par secondes. Nous avons accepté et pu nous projeter très rapidement en invitant de nombreux partenaires : la DREAL, la DDT, les VNF, pour participer à toutes les réunions.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Oui, nous avons réalisé une étude d’impact et de biodiversité, réalisée par le SDEA à travers la compétence GEMAPI.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
L’aspect politique d’abord, pour pouvoir convaincre au niveau local : mes adjoints, le Conseil Municipal. Mais comme le financement était assuré par l’Agence de l’Eau et la Communauté de Communes à 90%, il fut simple d’associer la municipalité.
Côté écologique et technique, c’est notre bureau d’études Artelia et nos interlocuteurs du SDEA (Maïna Le Bagousse et Vincent Moitrier), qui ont pu amener leurs compétences techniques et leur écoute. Nous nous sommes mis rapidement d’accord sur les modalités de réalisation des travaux.
Lors des phases de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Nous avons d’abord souhaité avancer vite et organiser des réunions opérationnelles efficaces, durant lesquelles nous prenions les décisions avec les organismes présents. Cela a assuré un dimensionnement cohérent, en terme de finances et de calendrier.
Etant maire depuis 29 ans, les habitants de Beinheim connaissent mon intérêt pour la nature et la biodiversité : lorsque l’Etat nous a annoncé ce projet, le mot est rapidement passé dans le village et nous avons ensuite communiqué via notre revue annuelle et notre bulletin municipal hebdomadaire.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le financement du projet a été pris en charge à 80% par l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, et à respectivement 10 et 10% par la Communauté de Communes de la Plaine du Rhin et la commune de Beinheim. Nous n’avons pas sollicité d’aides puisque les 80% de financement pris en charge par l’Agence de l’Eau étaient légalement le maximum que nous pouvions obtenir.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné la commune de Benheim dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
En plus des acteurs institutionnels et de notre bureau d’étude, deux organismes de travaux publics nous ont remarquablement accompagné, GTP TP, qui a réalisé trois ouvrages hydrauliques permettant de gérer les débits d’eau, et Hermann TP pour l’ensemble des terrassements.
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Le projet en détails
Dates clés
2020
2020-2022
2021-2022
2022
Chiffres clés
35 000
15
1 350 000
À retenir
15 jours après la fin des travaux, une réapparition de cormorans, d'aigrettes et de nombreux poissons à été constatée
Il faut en moyenne 6 ans pour la réalisation de ce type de projet : nous avons pu baptiser la roselière au bout de 2 ans et demi
5 ans d'attente pour observer les effets définitifs
Ressources
Dernières nouvelles d'Alsace - Plan Rhin vivant : la roselière prend vie à côté de la gravière Gravidal
Dans le cadre du plan Rhin vivant, la partie sud de la gravière Gravidal, située entre l’entreprise Roquettes Frères et le Rhin à Beinheim, vient d’être reconnectée au Rhin après un an de travaux. Ce samedi 9 septembre, personnalités politiques et acteurs du projet se sont réunis pour inaugurer la roselière fraîchement alimentée.