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Découverture de la Chiers à Longwy (54) au niveau du Parc des Récollets

Pour permettre l’expansion sidérurgique, la Chiers, un affluent de la Meuse avait été enterré sous huit ouvrages hydrauliques répartis entre Longlaville et Réhon.

Le Grand Longwy (54) et la ville de Longwy (54) avec le soutien de l’agence de l’eau Rhin-Meuse, de la Région Grand Est, du Fond Feder, du Fond Barnier, du Conseil Départemental ainsi que d’autres fonds de soutien de l’Etat ont lancé des travaux de découverture du cours d’eau au niveau du parc des Récollets. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du Programme d’Actions et de Prévention des Inondations (PAPI) Meuse et concernent la découverture et la renaturation de la Chiers sur une longueur de 164 m.

Amorcé en 2018 avec la découverture de la Place Leclerc, ce projet assura la sécurité de la population, remise en cause par la dégradation des ouvrages, et offrira un abaissement de près de 40 cm de la ligne d’eau pour la crue centennale avec la troisième phase de découverture « Gare – Parking du tramway ».

 

Entretien avec Guillain LECLERCQ, Eléonore MUIA et Florian LACROIX

Parole de collectivité
De gauche à droite, Eléonore Muia, Responsable GEMAPI, Florian Lacroix, Chargé de mission GEMAPI et Guillain Leclercq, Responsable Pôle Ingénierie Territoriale & Cycles de l’Eau – Crédits photo : Banque des Territoires
Gestion des milieux aquatiques

Ce projet est présenté par :

  • Guillain Leclercq, Responsable Pôle Ingénierie Territoriale & Cycles de l’Eau du Grand Longwy
  • Eléonore Muia, Responsable GEMAPI du Grand Longwy
  • Florian Lacroix, Chargé de mission, GEMAPI du Grand Longwy

 

C'est vraiment très motivant de pouvoir suivre ce genre de réalisation. Nous y avons laissé beaucoup d'énergie, mais le résultat en vaut la peine.

Guillain Leclercq

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Les premières discussions ont commencé en 2008 avec le SIAC, le Syndicat intercommunal d’aménagement de la Chiers qui opérait sur le territoire. Dès 2015, les projets de découverture ont été inscrits dans le Programme d’action de prévention des inondations (PAPI) porté par l’EPAMA (Établissement public d’aménagement de la Meuse et de ses affluents) auquel nous adhérons. Depuis la prise de la compétence GEMAPI en 2018, le Grand Longwy a fait le choix de se retirer du syndicat pour exercer en propre la compétence intégralement.

La première étape concrète de ce projet est la découverture de la place Leclerc qui a débuté en 2018, en pleine transition de la compétence GEMAPI, endossée à l’époque par la Ville de Longwy. Suite aux premiers diagnostics réalisés sur les ouvrages, il a été établi dans le PAPI de 2015-2020 que toute la place devait être découverte. Entre-temps, suite aux changements de mandats, il n’y a que la partie vraiment critique, structurelle qui  a été découverte et des négociations ont été menées pour remettre à l’air libre deux autres tronçons, le parc des Récollets (en cours) et le secteur de la gare-parking du tramway (à venir) afin d’arriver au linéaire validé dans le cadre du PAPI.

La zone de couverture du parc des Récollets était occupée par un parking. La Chiers était canalisée en souterrain et plusieurs diagnostics ont mis en évidence des avaries sur la construction, un double cadre en béton armé avec un pied central qui représentait une hauteur de 4m40, 14 m de largeur et dalle de couverture d’une épaisseur de 1m20. L’ouvrage a été déconstruit sur 164 m linéaires et le lit de la rivière a été provisoirement dévié pour permettre aux entreprises, en l’occurrence Berthold, de réaliser un mur de soutènement en rive gauche.

À terme, la découverture des 3 tronçons de l’ouvrage et la reconstruction du lit naturel de la Chiers permettront d’abaisser à peu près la ligne d’eau de 40 centimètres vers l’amont en cas de crue centennale (Q100). Ce qui n’est pas négligeable et évitera les débordements.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Le projet était inscrit dans le PAPI de 2015-2020 quand nous sommes arrivés, nous avons dû poursuivre ce qui était engagé. Cela fait 2 ans qu’on essaye d’avoir vraiment une politique GEMAPI plus élargie. Nous avons commencé par des actions très coûteuses avec énormément de contraintes pour les habitants.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Avant les travaux, un diagnostic écologique a été réalisé en se basant sur les bases de données existantes. La seule espèce qui aurait pu poser problème, ce sont les chiroptères (chauves-souris). Un inventaire terrain a été effectué spécifiquement pour cette espèce. Sur ce chantier, nous n’avons pas eu de mesures ERC (éviter, réduire, compenser) spécifiques mis à part un protocole pour abattre des arbres identifiés en tant que gîtes potentiels pour les chauves-souris. .

Tout projet doit respecter la loi sur l’eau. Une rubrique, mise en place par l’État pour simplifier les démarches, nous a permis de passer en déclaration ce qui est plus léger qu’un dossier d’autorisation. Et la troisième étape a été la dépose d’un dossier d’examen au cas par cas auprès de l’autorité environnementale, dans notre cas il s’agit de la DREAL, qui a conclu que nous n’étions pas obligés de produire une évaluation environnementale.

À côté du volet réglementaire, il y avait le volet urbanisme. Le projet étant dans le périmètre des monuments historiques, nous avons dû déposer un permis d’aménager très conséquent.  Dans la continuité de ces travaux, depuis l’année dernière, nous avons engagé des diagnostics structurels de tous les ouvrages de la Chiers, financés par l’État.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Je pense qu’il n’y a pas d’école qui forme à la GEMAPI, c’est vraiment un mélange entre des compétences techniques, mais aussi des connaissances sociales et administratives. C’est un métier de terrain très polyvalent qui ne touche pas que l’aspect cours d’eau. Nous avons trois profils assez différents et complémentaires. J’ai fait une école d’ingénieur en hydraulique. Florian a un master “gestion de l’environnement” spécialisé dans la gestion des milieux aquatiques, avec un volet renforcé sur la biodiversité, Alex a fait un DUT en génie biologique et Guillain qui chapeaute le pôle a en plus des compétences en aménagement urbain et génie civil. Sur des projets comme celui-là, chacun amène sa pierre à l’édifice. Par contre, ce sont des projets menés en concertation avec les services de l’État, et les partenaires tels que l’Agence de l’Eau, avant d’aboutir aux travaux.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Dans le cadre d’une étude, portée initialement par la Ville de Longwy en 2018, des ateliers à destination des habitants et des balades urbaines explicatives avaient été proposés. La période 2018- 2019 s’est déroulée durant la transition de la GEMAPI entre la ville de Longwy et le Grand Longwy. Les résultats de cette étude ont mis en avant le fait que les objectifs de découverture du cours d’eau avaient évolué, il n’était plus question de découvrir toute la place comme prévu initialement au PAPI Meuse.

À l’issue de la prise de compétence GEMAPI par le Grand Longwy, et à l’évolution du projet inscrit au PAPI Meuse, une mission de maîtrise d’œuvre conception a été confiée à INGEROP en 2020. Lorsque nous sommes arrivés à la fin de la conception, notre premier contact avec la population a eu lieu lors d’une réunion publique destinée à présenter la deuxième phase du projet de découverture de la Chiers.  Je pense qu’en matière de communication, on peut toujours s’améliorer, mais que c’est un métier à part entière.

Nous sommes en co-maîtrise d’ouvrage avec la ville de Longwy qui nous a délégué sa compétence « aménagement urbain » afin de faciliter la gestion du chantier dans son ensemble, ce qui était plus simple. À notre niveau de maître d’ouvrage, nous faisons un suivi régulier du chantier, avec des articles sur l’avancement technique des travaux. Lors des fermetures et ouvertures de voiries, nous avons rédigé des courriers d’information distribués par la Ville. Des articles de presse ont été publiés, une vidéo a été réalisée par l’Agence de l’Eau. Mais comme tout chantier, plus ça dure, plus c’est compliqué pour les habitants, pour le maître d’ouvrage et les entreprises, quels que soient les modes de communication utilisés. 

Comment la CAE a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Le financement se fait en plusieurs lots, le lot 1 concerne les entreprises qui travaillent sur le génie civil, le terrassement, la démolition et les fondations profondes. Le lot 2 touche le réaménagement de surface, les plantations et la renaturation du parc.

Le coût total initial  est de 10 072 747 € TTC dont 6 180 000 € de GEMAPI subventionnés à 80 %.

Le projet est financé dans le cadre du PAPI 2015-2020 par le fonds Barnier, l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, le fonds DETR, le fonds FEDER, la région Grand Est, le département de Meurthe-et-Moselle, le Grand Longwy et la ville de Longwy.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Pour monter un projet comme celui-ci, il faut une équipe pluridisciplinaire.

Le bureau d’études Ingerop (Strasbourg) est le maître d’œuvre en cotraitance avec JDM paysagiste (Dijon). Il y a eu un gros volet géotechnique, avec des études hydrogéologiques réalisées par Ginger, ce dernier est également notre contrôleur extérieur. Deux écologues de la société Ingerop sont intervenus sur la partie faune. Concernant les travaux, pour le lot 1, les entreprises Berthold, Eurovia, et Durmeyer ont réalisé dans les grandes lignes, la démolition de l’ouvrage, la construction du mur de soutènement, la reconstruction de lit de la Chiers et l’aménagement des gradines dans le Parc. Pour le lot 2, l’entreprise Colas s’est occupée du réaménagement de surface et A.Keip des plantations. Afin de réaliser ces travaux dans des conditions de sécurité optimales, la collectivité a fait appel à la société Qualiconsult qui a une mission de coordination sécurité et protection de la santé. Les entreprises mandataires ont également fait appel à de nombreux sous-traitants sur des parties spécifiques, par exemple, pour la mise en place des palplanches permettant la déviation temporaire de la Chiers. Le Grand Longwy a également passé un contrat avec des pilotes de drones pour le suivi en photo du chantier.

En interne, nous travaillons avec le service assainissement, avec le service eau potable et ainsi que le service juridique pour les marchés publics, le développement économique avec le manager de centre-ville qui nous accompagne au niveau des commerçants, le service communication … Tous les services du Grand Longwy sont sollicités.

Sur les programmes phares de la GEMAPI, j’essaie d’impulser le travail en gestion de projet, car tout est transversal, c’est autant le projet d’autres collègues que celui de la GEMAPI, tous sont aussi concernés que le service qui pilote.

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Le projet en détails

Dates clés

2018

Prise de la compétence GEMAPI

2019

Modification du programme de découverte de la Chiers dans le PAPI Meuse

2020 - 2024

Découverte du Parc des Récollets

2027

Découverture du quartier de la gare

Chiffres clés

10 072 747

Coût en euros TTC des travaux de découvrement de la Chiers au Parc des Récollet

164

mètres de linéaire de découverture du parc des Récollets

3000

m3 de terrassement pour le mur de soutènement et le chenal de dérivation

Résultats

  • Je trouve que c'est valorisant, nous avons cette chance d’être sur le terrain et de participer à un projet extraordinaire. Nous luttons contre les inondations et en même temps, on améliore le cadre de vie en aménageant le cadre de vie des habitants de Longwy. Demain, ils pourront se réapproprier le parc des Récollets, qui redeviendra un lieu fréquentable.

À retenir

C'est une formidable aventure humaine, ingénieurs, conducteurs, chauffeurs, ouvriers, nous sommes tous sur le même bateau et ramons dans le même sens pour que cela fonctionne.

La GEMAPI, ce n’est pas juste découvrir un cours d'eau ou replanter des arbres. L'idée, c'est de participer pleinement au développement du territoire. Nous sommes en pleine reconversion postsidérurgie. Il y a encore tout à faire.

Une des difficultés découle du point positif : pour faire bien avancer un chantier comme celui-là, il faut un bon équilibre humain sur le chantier. C’est le défi principal, si on a des gens très compétents, mais qui ne s'entendent pas, ça ne marche pas. Entre les services de l'État, les entreprises, la GEMAPI, les monuments de France, tout le monde n'a pas la même vision.

Ressources

La découverture de la Chiers près du parc des Récollets prend forme

Les partenaires de ce projet

Logo_Rhin-Meuse

Agence de l'eau Rhin Meuse

LOGO_Region grand est

Région Grand-Est

département meurthe et moselle

Département Meurthe et Moselle

logo_FEDER

FEDER

Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

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Nombre d'habitants

15 191

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