Des plantations de haies pour reconstituer un bocage protecteur de l’eau sur le bassin de l’Authion (49)
Le Syndicat Mixte du Bassin de l’Authion et de ses Affluents (SMBAA) a initié un projet de plantation de haies pour restaurer les éléments du paysage, notamment le maillage bocager.
Les haies sont un atout pour la qualité des milieux aquatiques, la ressource en eau et la biodiversité.
De 2020 à 2024, le SMBAA et 125 planteurs ont recréé 57 km de haies bocagères.




Entretien avec Patrice Pégé et Anastasia Sellier

Le projet est présenté par :
- Patrice Pégé, président du SMBAA
- Anastasia Sellier, animatrice de la reconquête de la ressource en eau, pôle SAGE Authion, SMBAA
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment la plantation de haies s’est-elle imposée à l’agenda du Syndicat Mixte du Bassin de l’Authion et de ses Affluents ?
En 2017-2018, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire a réalisé un diagnostic agricole de territoire, en préparation du volet de gestion quantitative et qualitative des ressources en eau du Contrat territorial Eau. Ce diagnostic a mis en évidence une faible densité de haies du fait de la mécanisation de l’agriculture et du remembrement mené dans les années 90. Dans certaines zones, le réseau de haies était épars voire inexistant. Les haies jouent un rôle dans la limitation du transfert de pollution diffuse, la diminution du ruissellement et l’érosion des sols, la régulation des écoulements, la prévention des inondations, la recharge des nappes et la gestion de la ressource hydrique. Les haies sont d’autant plus importantes sur notre territoire pentu. Le renforcement du maillage bocager produit également un effet « puits de carbone », tout en offrant nourriture et abri pour la faune.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous nous sommes inspirés des dynamiques mises en place sur d’autres territoires (Syndicat Layon Aubance Louets, Syndicat du Bassin de l’Oudon…) et du réseau ARBRE qui s’appuie sur la Fédération départementale des chasseurs, la Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Anjou. Celui-ci fédère des agriculteurs intégrant la biodiversité dans le fonctionnement de leur exploitation agricole. Les besoins et les demandes des acteurs locaux (collectivités, grand public, exploitants agricoles…) ont contribué à l’idée de lancer une opération de plantation de haies à l’échelle du bassin versant de l’Authion.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Si le diagnostic agricole de territoire réalisé en 2018 est considéré comme une étude, alors oui. Cet état des lieux a permis d’évaluer l’ampleur des besoins en matière de restauration du bocage. Le bénéfice des haies a été prouvé ces dernières années.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il faut d’abord connaître les avantages de la haie sur le plan agricole et environnemental mais aussi sur le plan hydraulique. Une connaissance des zones de pollutions diffuses et de ruissellement agricole sur le territoire permet de mieux cibler les actions. Une réflexion est en cours sur notre territoire pour mieux les identifier. Il faut aussi maîtriser les conditions d’éligibilité pour la plantation de haies. Cela inclut notamment le linéaire minimum de 100 m par porteur de projet, le minimum de 50% de végétaux d’origine locale, l’implantation de la haie en zone rurale (en plein champ ou en bordure de voie, zones agglomérées et pourtour de bâtiment exclus)… Une réflexion doit être menée sur l’emplacement de la haie, les essences d’arbres à planter et la densité de plantation. La haie doit idéalement être plantée en rupture de pente pour limiter les risques de ruissellement et à proximité de cours d’eau afin de limiter les écoulements et réduire les transferts de polluants.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
L’objectif annuel de plantation prévu dans le Contrat Territorial Eau (CTEau) 2020-2022 a été rapidement réévalué de 4 km à 25 km en raison d’une forte demande des porteurs de projets depuis 2020. Nous avons cherché à impliquer tant les exploitants agricoles que les communes et collectivités à travers une dynamique locale. Le projet a été ouvert à tout planteur en zone rurale souhaitant participer à la restauration des espaces naturels. Lors de la dernière campagne en 2024, seulement 9,7 km de haies ont été présentés en projet sur les 25 km prévus, en partie à cause de contraintes budgétaires nationales et d’une communication tardive sur les modalités de financement.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le financement de la plantation de haies intervient dans le cadre du Contrat Territorial Eau 2020-2025 à hauteur de 80% d’un plafond jusqu’en 2023 financé par le Département du Maine-et-Loire et l’Agence de l’Eau Loire Bretagne dans la dernière année. Dans le cadre du Pacte en faveur de la haie, un financement à 100 % pour les haies avait été présenté mais a été ramené à 80 % avec la participation de la Région Pays de la Loire en surfaces non agricoles (Pays de la Loire Bocage) et de l’État en surfaces agricoles (Pacte en faveur de la haie). Le reste à charge est de 20 % pour les planteurs.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le SMBAA dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Différentes structures se sont présentées pour jouer un rôle de conseil technique auprès des planteurs, notamment l’association EDEN 49 et la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Le SMBAA a édité des documents de communication (flyers, réseaux sociaux, rencontres directes sur le terrain…). La Chambre d’agriculture et EDEN 49 ont mobilisé leurs réseaux à travers d’autres actions du contrat territorial, notamment par des visites, de l’écoute et du conseil, en collaboration avec d’autres organismes agricoles. Les agriculteurs qui s’étaient montrés intéressés par la plantation ont été recontactés. Des actions de démonstrations et de sensibilisation à la taille des haies et à l’entretien des têtards sont organisées annuellement avec l’intervention de la SCIC Maine-et-Loire Bois Énergie, ce qui contribue à l’engagement à long terme des planteurs.
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2017 - 2018
2020 - 2022
2024 - 2025
Chiffres clés
57
30
105 000
À retenir
Un engagement réel des planteurs. 125 planteurs se sont impliqués dans la préparation du sol et en assurant l'entretien au fil des années.
Le renforcement de la biodiversité. Les haies sont des réservoirs de biodiversité, offrant des zones nourricières, de reproduction et de refuge.
Les contraintes météorologiques ont parfois empêché la réalisation des plantations prévues certaines années. L’augmentation du nombre de démarches administratives peut décourager certains porteurs de projet.
Ressources
Flyer Plantation de haies bocagères et restauration de mares
Plantations de haies bocagères et restauration de mares 2023-2025 - on vous accompagne
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Loire Bretagne

Région Pays de Loire

Association EDEN 49

Chambre d'agriculture des Pays de la Loire

SCIC Maine-et-Loire Bois Énergie
En savoir plus sur le SMBAA
km² de superficie du bassin versant de l'Authion
habitants sur le versant
communes
Données de contact
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