Le Grand Autunois Morvan (71) restaure la continuité écologique sur l’Arroux et le Ternin

Comment le sujet de la restauration de la continuité écologique sur l’Arroux et le Ternin s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Érigés sur des cours d’eau classés en liste 1 et 2 au titre de l’article L214-17 du Code de l’Environnement, les barrages de Saint-Andoche, sur l’Arroux, et du Camping de la Porte d’Arroux, sur son affluent, le Ternin, ont été identifiés comme devant être aménagés dans le cadre du contrat de plan interrégional Loire. L’objectif :  rétablir la continuité écologique pour une libre circulation des poissons et sédiments. La commune d’Autun (71) a engagé des réflexions dès les années 2000. Différents scénarios ont été étudiés à partir de 2009 avant de retenir un scénario final en 2017.

Sur l’Arroux, le barrage a été arasé. Les travaux ont consisté à supprimer les clapets, la passe à poissons centrale, les structures béton latérales du barrage, à créer une échancrure dans le radier béton, rehausser le radier à l’aval, aménager des terrasses et bancs exondés à l’amont immédiat, restaurer les berges et la végétation, dévier les réseaux gaz, électricité, assainissement et eau potable.

Sur le Ternin, l’ouvrage a été supprimé et un lit naturel de la rivière a été réaménagé.

En 2018, la maîtrise d’ouvrage a été transférée à la Communauté de communes du Grand Autunois Morvan, désormais dotée de la compétence GEMAPI. 

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous avons suivi les conseils de l’entreprise Champalbert Expertises, qui s’est vu confier la maîtrise d’œuvre des travaux dès 2016 et s’est fortement impliquée tout au long du projet. De 2009 à 2019, nous avons pris le temps de consulter toutes les parties prenantes de ce projet en y associant l’ensemble des partenaires. Cela nous a permis de prendre en considération toutes les composantes, tant écologiques, paysagères, techniques que sociales.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Des études de faisabilité ont porté sur différents scénarios, et des études d’impact environnemental faune et flore ont été menées. Nous avons également réalisé un inventaire des espèces afin de garantir la préservation de la biodiversité.

Une attention particulière a été portée en conditions d’étiage, notamment en période de canicule, les travaux pouvant se révéler rapidement impactant pour le milieux aquatique (surveillance MES, PH, etc.). 

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Ce type de projet fait appel à de multiples compétences car il touche à de nombreux domaines complémentaires : écologie, paysagisme, modélisation hydraulique, génie civil, voirie et réseaux, mais aussi relations sociales avec les usagers et les riverains. 

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?

Dès 2010, une première étude a été présentée à tous les acteurs concernés par le projet : le club de club canoé kayak, les pécheurs, les randonneurs, les associations environnementales, l’Office français de la biodiversité (OFB), la Directions régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), la Direction départementale des territoires (DDT), les syndicats agricoles, le Syndicat d’aménagement de l’Arroux…

Des réunions ont été organisées avec les agriculteurs riverains et des conventions signées pour pouvoir passer par leurs propriétés, exploiter les bois, aménager des points d’abreuvement pour le bétail et remettre les clôtures en place à l’issue des travaux. De même, les usagers des jardins potagers situés sur la berge de l’Arroux ont été consultés et de nouvelles clôtures ont été installées pour protéger leurs plantations. Tout au long du projet, des communications ont été réalisées dans la presse locale et directement par la Communauté de communes. 

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Concernant les travaux sur l’Arroux, le budget total s’élève à 990 449 € HT, dont 58 % (570 811 €) ont été financés par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et 20 % (197 528 €) par le Feder Loire.

Les travaux sur le Ternin ont atteint 250 969 € HT, financés à 75 % par l’Agende de l’Eau Loire Bretagne.

Au total, le Grand Autunois Morvan a supporté 25 % du financement des travaux.

En plus de son soutien financier, l’Agence de l’Eau Loire Bretagne a salué la qualité de ce projet en lui décernant en 2023 le Trophée de l’Eau Loire-Bretagne, catégorie « restaurer les cours d’eau, les zones humides et leur biodiversité ».

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le Grand Autunois Morvan dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le maître d’œuvre Champalbert Expertises a été mandaté pour chapeauter un groupement constitué de :

• Hydroexpertise, pour la modélisation hydraulique,
• Fikira Paysage, pour l’intégration paysagère du projet,
• Infrapolis, chargée des infrastructures et ouvrages.

Le groupement Geco Ingénierie (mandataire, entreprise spécialisée dans le génie végétal) et Vinci Terrassement ont réalisé les travaux, avec l‘aide de sous-traitants locaux : KLS (impression pour la communication), SNTPAM (démolition des ouvrages), Réolon Travaux publics (réseaux et bétons désactivés), Entreprise Barbosa (gardes corps) et Entreprise Alleyrat (murs de soutènement). À noter : ce chantier a généré 950 heures d’intérim, dont 900 pour un public en parcours d’insertion professionnelle.