Protection du milieu naturel : restauration d’une cinquantaine de mares en forêt de Compiègne (60)

Pour quelles raisons ce projet s’est-il imposé à l’agenda de votre commune ?

La commune, dans son agglomération, est entrée dans ce projet car nous sommes attachés à la protection du milieu naturel et particulièrement des zones humides. Au cours des XIX et XXe siècles, les zones humides ont subi d’importantes dégradations ou destructions. Elles remplissent pourtant de multiples fonctions indispensables à l’équilibre des territoires, telles que la régulation des crues, l’atténuation du changement climatique, le stockage et la purification de l’eau. Les enjeux liés à la protection de ces zones sont aussi ceux de la biodiversité particulièrement riche qu’elles abritent. C’étaient une évidence pour la commune et l’agglomération de s’engager aux côtés de l’ONF.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Je me suis engagée personnellement, j’ai participé aux réunions, lu, questionné, fait des ponts avec les approches naturelles avec une seule ambition : comprendre et transmettre aux habitants. La gestion de la Forêt du Domaine de Chantilly nous inspire. Elle subit les mêmes problématiques que la forêt de Compiègne, toutes les 2 souffrent notamment d’un important  dessèchement. Une gestion douce, globale de la flore et la faune y est pratiquée. Ça nous inspire et concrètement nous tentons à notre niveau de dupliquer ces bonnes pratiques sur notre territoire.

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Oui, cette compétence est totalement déléguée à l’ONF avec son plan de gestion des mares.  Un partenariat avec le réseau Natura 2000 permet d’optimiser les approches dédiées à la protection des milieux naturels et de faire le pont avec les communes. En tant qu’élus, nous ne sommes pas tous experts sur ces sujets pointus et assez techniques.

Quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans un tel projet ?

La chose commune, la nature commune, il faut avoir la volonté que ça avance. Les compétences nous ne les avons pas, nous les acquérons au fur et à mesure. Très vite, nous nous sommes aperçus que l’on avait plein de bonne volonté, on voulait que ça se passe au niveau de l’intercommunalité mais comment prendre sa part concrètement ?  Nos approches et connaissances sont très limitées. Nous étions 2 élues participantes, on avait besoin d’un conseiller pour avancer car on se retrouvait dans des situations très inconfortables, très clairement on ne savait pas de quoi on parlait. La chargée de mission Natura 2000 – Patrimoine Naturel de l’ARC a permis de faire la jonction. Nous nous sommes placés dans une disposition d’écoute, de disponibilité pour apprendre et prendre part aux différentes réunions d’avant projet.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement et l’adhésion des citoyens ?

On ne peut pas réellement parler de dimensionnement ou de nombre de mares. C’est une approche globale et les différents aménagements ont permis de recréer de nouveaux plans d’eau dans certains secteurs. Le ru de Berne allait tout droit, son lit avait été modifié au 19è siècle. Sous l’impulsion du Syndicat Mixte Oise-Aronde des aménagements ont permis de le replacer dans ses méandres historiques et spontanément d’anciennes mares sont réapparues. Il y a donc deux approches complémentaires : l’entretien et la restauration des mares existantes et la remise en eau des anciennes mares disparues. À partir de ce vécu, si des habitants souhaitent créer de nouvelles mares, nous les encourageons et partageons nos retours d’expérience et les bénéfices des aménagements. Nous organisons aussi des ateliers avec l’ONF pour installer les échanges.

Comment le projet a-t-il été financé ?

Les communes ne sont pas sollicitées financièrement. L’Agence de l’Eau Seine-Normandie finance à 80% les projets de restauration de zones humides (dont mares forestières). Au total, ils ont financé plus de 35 000€ en 6 ans sur les mares forestières du plan de gestion, les différents travaux et le suivi d’espèces. L’ONF et le Conseil Départemental de l’Oise cofinancent le reste à charge (plusieurs dizaines de milliers d’euros) avec l’appui de certains mécènes privés.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagné dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Ils sont nombreux, nous pouvons citer l’Agence de l’Eau Seine-Normandie et le Conseil Départemental de l’Oise, l’Office National des Forêts, le réseau Natura 2000, le Syndicat Mixte Oise-Aronde et l’Agglomération de la Région de Compiègne. Sans oublier tous les partenaires naturalistes qui travaillent avec l’ONF : Conservatoire Botanique Naturel de Bailleul, Conservatoire d’Espaces Naturels des Hauts-de-France et l’Association Picardie Nature pour la faune.