Restauration écologique en tête de bassin versant sur le Gué Tesnon à Jupilles (72)
En 2021, un diagnostic mettait en évidence des dégradations significatives des cours d’eau et des bassins versants du Loir et de la Braye.
Le Syndicat Mixte des Bassins du Loir et de la Braye, composé de 4 communautés de communes, a fléché son intervention en tête de bassin versant sur le Gué Tesnon, un affluent du Dinan, pour le faire rapidement basculer vers le bon état écologique.
Le cours d’eau était dégradé par le piétinement du bétail, le remembrement qui a vu la taille des parcelles augmenter et les interventions humaines qui ont conduit au déplacement du cours d’eau de son lit.





Entretien avec Dominique Peter et Guillaume Chapin

Ce projet est présenté par :
- Dominique Peter, Président du syndicat mixte et Vice-président à l’environnement, la GEMAPI et à l’économie de la communauté de communes Loir Lucé Bercé
- Guillaume Chapin, Responsable GEMAPI du Syndicat mixte des bassins du Loir et de la Braye
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre syndicat ?
Dominique Peter : En prenant la compétence de Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI) en 2018, nos quatre communautés de communes (Loir-Lucé-Bercé / Vallée de la Braye et de l’Anille / Pays de l’Huisne Sarthoise / Gesnois Bilurien) ont décidé de travailler en commun. Cette coopération a permis de mener une étude diagnostic des masses d’eau sur le territoire, avant même la création du Syndicat mixte des Bassins du Loir et de la Braye (SMBLB) en janvier 2023.
Le diagnostic rendu en 2021 a mis en évidence des dégradations significatives des cours d’eau, avec un impact sur la biodiversité mais aussi la capacité du territoire à s’adapter aux aléas climatiques, notamment lors d’orages courts mais intenses. Nos capacités financières ne nous permettent pas d’agir sur l’ensemble du linéaire, nous avons ciblé des travaux en tête de bassin versant, au plus près de la source.
Cela nous permettait de faire basculer rapidement les masses d’eau vers le bon état écologique, et à moindre coût. Nous avions une obligation d’exemplarité, pour maintenir la dynamique et s’appuyer sur une réalisation concrète. La qualité de l’eau et la protection contre les inondations ont été deux motivations à la réalisation de ces travaux.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Dominique Peter : Initialement, le territoire était orphelin de la compétence GEMAPI. Pour notre galop d’essai, nous nous sommes inspirés de la méthodologie de nos voisins, la communauté de communes Touraine Nord-Ouest et la communauté de communes Pays de Racan. Leurs travaux ont démarré dès 2012. Nous rencontrions des difficultés de dialogue avec les propriétaires et les exploitants agricoles.
Ce retour d’expérience nous a évité des embûches. Nous avons aussi capitalisé sur l’expérience de certains élus qui, auparavant, faisaient partie du Syndicat du bassin versant de l’Huisne Sarthe.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Dominique Peter : Le diagnostic initial a été complété par une étude d’impact faune/flore, notamment en zone Natura 2000, pour évaluer les effets des travaux (rétablissement de la continuité écologique, restauration morphologique pour ralentir les écoulements…) sur la biodiversité. Cette étude a permis de prendre des décisions éclairées comme la conservation de certains tronçons de cours d’eau et la limitation de la coupe des arbres afin de minimiser les impacts négatifs sur l’environnement. Des indicateurs de performance ont été définis.
Des études avant et après les travaux sont réalisées pour évaluer l’impact du projet et ajuster les actions en conséquence. Par exemple, notre retour d’expérience d’abreuvement (pompe à nez) n’était pas très concluant. Nous avons fait le choix de laisser un accès au cours d’eau en sécurisant le passage du bétail. De même, l’effacement d’un étang nécessitait de couper une centaine d’arbres, ce qui a été jugé incohérent avec le projet et peu efficace au regard des objectifs. Nous avons adapté le projet sans suivre toutes les préconisations du bureau d’études. Pour chaque action, nous avons analysé le coût et le gain.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Dominique Peter : En se regroupant, les quatre communautés de communes se sont données les moyens d’agir ensemble sur un périmètre cohérent au regard des enjeux de l’eau, en privilégiant une gestion de proximité. Nous avons pu créer un poste d’animation GEMAPI. Ce sont les techniciens et agents locaux du syndicat mixte qui assurent le travail de terrain, mais également forment et assistent les élus. Le conseil syndical est composé de 20 élus, tous convaincus et très impliqués sur le terrain.
Guillaume Chapin : Nous transmettons aux élus des notions en hydrologie, géomorphologie, écologie aquatique et en ingénierie environnementale. Ces compétences sont essentielles pour comprendre les dynamiques des cours d’eau et les impacts des interventions. Il faut aussi connaître les lois et règlements sur la gestion de l’eau, ainsi que les directives environnementales comme Natura 2000.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment le syndicat a-t-il assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Guillaume Chapin : Un cabinet conseil a été impliqué pour déterminer les situations dégradées et classer les cours d’eau nécessitant des travaux, tandis que l’agence de l’eau a fourni un soutien technique pour le dimensionnement du projet. Nous sommes allés sur le terrain très en amont de ces projets pour discuter avec les propriétaires et les riverains et leur montrer ce que l’on proposait. Nous avons expliqué les contraintes mais aussi les bénéfices. 12 exploitations ont été mobilisées. Cette phase est longue, il faut prendre le temps d’expliquer, de convaincre. La présence des élus sur le terrain a renforcé la communication et la confiance avec les habitants.
Dominique Peter : C’est un projet de territoire qui se fait avec et pour les habitants. Des réunions de concertation ont été organisées avec les propriétaires riverains, les exploitants agricoles et les élus pour recueillir leurs avis et préoccupations. Au démarrage du projet, certains étaient réticents et ne voyaient pas l’intérêt des travaux. Il a fallu un effort considérable de communication et de sensibilisation pour les convaincre des bénéfices des travaux, et pour obtenir leur adhésion. Nous avons pris en compte tous les usages, notamment agricoles. Le cours d’eau a été remis en fond de vallée, ce qui fait que les parcelles sont désormais praticables sur toute l’année. Pour l’exploitant, c’est une opération bénéfique. Les passerelles limitent aussi les risques de chute ou de maladie (mammites…) pour le bétail.
Comment la syndicat a-t-il financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Dominique Peter : Le projet de renaturation a été financé grâce à une combinaison de subventions de l’agence de l’eau (50 %) dans le cadre du Contrat Territorial de l’Eau (CTeau) Loir aval, de la Région Pays de la Loire (30%), d’autofinancement (20%) par la taxe GEMAPI. Cette taxe, liée aux travaux de renaturation, a représenté une masse importante sur 6 ans, nécessitant un appel de fonds significatif pour les collectivités locales.
Le reste à charge pour les communes a été en moyenne de 4 € par foyer, entre 4 et 8 € sur le foncier bâti et non bâti. Cette contribution modérée est essentielle pour assurer l’acceptation sociale du projet.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le syndicat dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
- Bureau d’études : Hardy Environnement
- Réalisation des travaux : Trudelle SAS
- Assistance technique et réglementaire : Direction départementale des territoires de la Sarthe et Office français de la biodiversité
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.

Le projet en détails
Dates clés
2021
2021-2022
2023
2023
Chiffres clés
1200
120 000
4
Résultats
La régénération des écosystèmes : un an après les travaux, l'indice de biodiversité a montré des résultats très positifs.
À retenir
Une meilleure résilience face aux événements climatiques extrêmes, par le ralentissement des écoulements et des zones de crues.
La concertation et la présence sur le terrain ont permis de trouver des compromis acceptables pour tous.
La décision de conserver certains plans d'eau et de limiter la coupe des arbres a posé des défis techniques et logistiques. Il faut également prévoir un temps de concertation long dans le projet.
Ressources
Le Mans ma ville - Jupilles : Des travaux sur le Gué Tesnon
Ces travaux ont permis d'améliorer la qualité et la quantité d'eau présente sur site, ainsi que la renaturalisation des milieux dégradés
Les partenaires de ce projet

Agence de l'eau Loire Bretagne

Région Pays de la Loire

OFB

DDT de la Sarthe
Les acteurs de la filière eau impliqués dans ce projet

Bureau d’études Hardy Environnement

Trudelle SAS
En savoir plus sur le Syndicat mixte des bassins du Loir et de la Braye
communautés de communes membres
Données de contact
- Syndicat Mixte des Bassins du Loir et de la Braye, 18, Rue du Pineau d'Aunis, 72340 La Chartre-sur-le-Loir
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