Comment le projet de restauration du Briançon s’est-il imposé à l’agenda de l’EPTB Gardons ?
Il faut d’abord rappeler que nous sommes dans une région fréquemment sujette à des épisodes Cévenoles et à de forts orages avec des inondations restées célèbres : Alès en 1958, Nîmes en 1988, Vaison la Romaine en 1992 et plus récemment en 2002 avec l’ensemble du département du Gard. A cette occasion, le Gardon a atteint un débit spectaculaire de 7000 m3/s. A titre de comparaison, lors de la crue de 1910, la Seine avait connu un débit de 2400 m3/s.
Le risque d’inondations dans la région est donc un problème de longues dates qui fait que les élus sont très actifs sur le sujet.
En ce qui concerne le Briançon, il avait déjà fait l’objet de travaux dans les années 70 selon les techniques de l’époque. Des matériaux avaient été prélevés dans la rivière pour l’agrandir et des digues avaient été ensuite construites avec ces matériaux, de part et d’autre du cours d’eau élargi pour se prémunir contre les crues. Ces aménagements historiques n’ont pas été protégés des érosions et de la surverse. Ainsi, ils se sont dégradés progressivement au gré des crues du Briançon et ont connu la formation de brèche pour les événements les plus importants.
Par la suite, de nombreux travaux ont été entrepris par le syndicat en charge de la gestion du Briançon avec notamment la construction d’un barrage en amont à Théziers mais qui n’a pas résolu le problème des digues qui cassaient et des inondations des parcelles agricoles qui en résultaient. Ce n’est qu’en 2011 que le dossier a été repris par l’EPTB Gardons pour traiter le problème local des digues qui ne fonctionnaient plus et également traiter la problématique de la restauration du bon état écologique du cours d’eau. Le projet avait donc deux ambitions : réduire le risque d’inondation en supprimant le problème des ruptures de digues (tout en maintenant le débit d’évacuation des crues) et restaurer le bon état écologique du cours d’eau.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
En ce qui concerne la restauration écologique du cours d’eau, nous nous sommes inspirés de ce que faisait l’EPTB Vistre qui porte ces opérations de renaturation depuis très longtemps sur le territoire gardois et qui avait déjà travaillé sur des sites pilotes mais tout en l’adaptant aux spécificités du Briançon. Nous avons ainsi enlevé ces digues et maintenu le cours d’eau dans son lit actuel mais sans reméandrer ce qui permet de réduire les impacts sur le lit mouillé.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Différentes études se sont succédées depuis 2005 concernant l’effacement des digues, la renaturation du cours d’eau, l’identification des propriétaires des parcelles concernées, la quantification des enjeux écologiques, les zones de dépôts des déblais, des analyses faunes flores y compris sur les zones de remblais, les impacts sur les inondations… L’étude d’impact a donc porté sur différents volets y compris sur la circulation des camions employés pour la réalisation des travaux et le transport des 120 000 m3 de déblais.
Concernant les compétences, quelles sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
De multiples compétences sont nécessaires pour mener à bien ce type de projet au premier rang desquelles la gestion de projets. Il faut également disposer d’une ouverture d’esprit car les thématiques concernées sont nombreuses : géotechnique, environnement, procédures, foncier, expropriation, aspects règlementaires, imposition des terrains achetés, suivi des dépenses, ingénierie financière. Il est également nécessaire de disposer d’une bonne capacité à s’adapter.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
L’adhésion du territoire et des acteurs est essentielle sur ce type de projet. Sur la commune de Théziers, différents comités de pilotage ainsi que des réunions régulières se sont succédées pour informer les élus du territoire et notamment le maire.
Plusieurs rendez-vous ont également été organisés avec les citoyens pour poser le débat, présenter les résultats des études et présenter le projet.
La phase d’acquisition des terrains a été l’occasion de rendez-vous individuels avec les propriétaires concernés.
Comment l’EPTB a-t-il financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le coût du projet s’élève à 4 M€. L’opération a été subventionnée à 80% dont l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse 50%, le FEDER 20%, et le département du Gard 10%.
Les 20% restant ont été autofinancés via une mutualisation sur tous les adhérents de l’EPTB car il s’agit d’une opération d’intérêt de bassin.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné l’EPTB dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
- Bureau d’études pour la MOE : Riparia
- Bureaux d’études en environnement : Naturalia, Gard Nature, CIAE
- Réalisation du dossier ICPE : Antéa
- Entreprises Perrier TP et DIAZ pour les terrassements, le génie Civil et la végétalisation
- Entreprise Philip Frères : libération des emprises
- Setis : Gestion du foncier
- GEOFIT : géomètre en charge des questions foncières
- BTP Consultant : CSPS
- FCA – Avocat BROEL : procédure d’expropriation
- eRDF, BRL, Orange : dévoiement des réseaux
- JFM, DERESO : localisation des réseaux
- Hydrogéotechnique : reconnaissance des sols
- ASE30 : recherche produit amianté
- Destras-Julien : huissier
- Me CARLOTI : notaire
- Esqualis : conception, impression de panneaux
- DEHAPIOT : travaux de réalisation de microgites écologiques