Rétablissement de la continuité écologique sur la rivière Nouère (72)
Afin de favoriser la circulation des poissons et le transport des sédiments, le Syndicat du Bassin des Rivières de l’Angoumois (SyBRA) a engagé des travaux de rétablissement de la continuité écologique sur 4 moulins situés sur l’aval de la Nouère (Charente). Ces travaux ont pu être mis en œuvre dans le cadre de mesures compensatoires liées aux travaux de doublement de la RN141 et aux travaux de la LGV SEA.
Entretien avec Jean-Charles Doby et Maxime Jouhannaud
Le projet est porté par :
- Jean-Charles Doby (à droite), président du Syndicat du Bassin des Rivières de l’Angoumois (SyBRA)
- Maxime Jouhannaud (à gauche), responsable milieux aquatiques et bassins versants
Jean-Charles Doby
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets de gestion de l’eau sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
La Directive Cadre Européenne sur l’eau fixe a fixé un objectif de bon état des masses d’eau pour 2015. La continuité écologique (transport sédimentaire et franchissement piscicole) fait partie des critères d’évaluation de ce bon état.
La Nouère, cours d’eau de première catégorie est l’une des rivières dont dépendent de forts enjeux migratoires sur le département de la Charente (16). Déjà impactée fortement par la création de la ligne LGV SEA sur sa partie aval, la Nouère se trouve confrontée au déploiement de la 2×2 voies de la RN 141 qui tr averse son lit majeur perpendiculairement au niveau d’un lieu-dit « La Vigerie », commune de Saint-Saturnin.
Sur le secteur considéré, allant du moulin du Maine Brun (en amont) jusqu’au moulin de Chevanon (en aval) classés en liste 2 au titre du L214-17 du code de l’environnement, il existe quatre site de moulins présentant tous des typologies similaires, à savoir « moulins en dérivation ». Ces dérivations sont situées en parallèle du cours mère, soit en rive droite ou en rive gauche de plaine alluviale.
Sous l’impulsion de la DDT16, une étude globale a fixé le cadre d’une réflexion menée sur la continuité écologique, visant au retour à un fonctionnement hydromorphologique optimal du bassin. C’est dans ce cadre que l’étude a été menée en amont et en aval de la RN 141 en lien avec le projet de 2×2 voies qui prévoit la création de plusieurs ouvrages hydrauliques (ouvrages routiers de franchissement).
Conscients qu’une telle démarche permet de faciliter et d’accélérer les actions vers l’objectif de bon état des eaux 2015, les élus du SIAH de Nouère et par la suite ceux du SyBRA ont décidé d’être maîtres d’ouvrage de l’étude. Cette dernière visait à proposer différents aménagements pour la restauration de la continuité écologique du cours d’eau et assurer aussi la prévention du risque d’inondations sur le secteur. Tout cela, à partir du fonctionnement hydraulique actuel.
L’étude a fourni des scénarios permettant la reconquête de la continuité longitudinale de l’eau, des sédiments, ainsi que la circulation des organismes aquatiques.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Elles viennent surtout des nombreux échanges que l’on a eus avec les propriétaires de moulins. L’objectif était de construire le projet ensemble en fonction de l’usage qu’ils avaient de leur moulin et de l’obligation règlementaire qui leur incombe.
C’était le premier projet de renaturation de continuité écologique que l’on a fait. C’est plutôt lui qui est venu ensuite nourrir les autres projets.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
L’étude a été lancée en 2015 et a abouti en 2017. Elle a fait l’objet d’une validation par la DREAL, la DDT et les différents partenaires techniques associées dans le cadre du comité de pilotage. Ces projets s’inscrivent dans le cadre de mesures compensatoires.
Concernant les compétences, quels-sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans le projet ?
Il est important de bien connaître la situation actuelle. Quel est l’état du cours d’eau ? Quelle-est la répartition des eaux ? Quel est l’objectif du site ? Quels usages avons-nous autour du site ? Il faut anticiper les différents scénarii pour favoriser un meilleur fonctionnement du cours d’eau et des usages.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Le dimensionnement a été réalisé à l’aide de modélisations hydrauliques et topographiques afin d’évaluer les niveaux d’eau et les futurs débits dans chaque bras. L’objectif était de dimensionner au mieux en fonction des choix réalisés.
De nombreuses réunions locales ont eu lieu avec les habitants pour leur expliquer la démarche entamée. Huit réunions pendant la phase étude, puis des rendez-vous individualisés avec les propriétaires et des réunions locales ont lieu pour communiquer au mieux sur les projets.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
- COSEA 40%
- DREAL 100% (sur le site de la Vigerie)
- Agence de l’eau Adour-Garonne (45%) sur le volet hydromorphologique
Profitez d’une offre de financement des projets en faveur de l’environnement : gestion de l’eau, etc.
Le projet en détails
Dates clés
2015
2016 - 2017
2018 - 2019
2020 - 2022
Chiffres clés
7
17
5 796
Résultats
- Aucune gestion des ouvrages, le cours d’eau a repris un fonctionnement naturel
- Acceptation locale d’avoir un fonctionnement plus naturel du cours d’eau
À retenir
Meilleure répartition entre le cours d’eau et les biefs
Amélioration de la fonctionnalité du cours d’eau
Conditions climatiques compliquées avec la sécheresse et COVID
Ressources
Travaux hydromorphologiques 2023
Dans le cadre de la mise en place des compétences gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI), le SyBRA met en œuvre des plans pluriannuels de gestion (PPG) validés règlementairement par déclaration d’intérêt général (DIG).